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Sotchi, futur gouffre financier pour la Russie?

Sotchi [Ignat Kozlov]
Les festivités de Sotchi devraient être belles, mais devraient avoir de grosses conséquences pour la Russie. - [Ignat Kozlov]
Mauvaise gestion administrative, corruption, risques de faillites d'entreprises ou encore délais non tenus dans la construction des infrastructures, telle est la situation à Sotchi à l'heure actuelle. A un peu moins d'une année des Jeux olympiques 2014, la manifestation qui aura lieu sur le territoire russe pose pour l'instant plus de problèmes qu'elle ne réjouit.

Depuis l'attribution des Jeux en 2007 à la Russie, une opération de prestige national élevée au rang de priorité par le président Vladimir Poutine, les dépenses pour les installations sportives et infrastructures en cours d'aménagement à Sotchi (sud) ont été multipliées par cinq pour atteindre 36 milliards d'euros, du jamais vu pour des JO.

Dans un rapport présenté la semaine dernière à la chambre basse du Parlement russe (Douma), la Cour des comptes a accusé la société publique russe Olimpstroï, chargée des travaux sur les sites olympiques entre la mer Noire et les montagnes du Caucase, d'avoir "pris des décisions qui ont entraîné une augmentation du coût de certains sites olympiques sans apporter d'explications, entraînant pour les installations sportives des surcoûts inutiles" de 15,5 milliards de roubles (388 millions d'euros).

Le montant total de la facture, qui risque encore d'augmenter, est dû avant tout à la corruption représentant selon diverses estimations de 20% à 50% des dépenses, a déclaré à l'AFP l'analyste indépendant Anvar Amirov.

Des dépenses gigantesques

De plus, des entreprises ont fait leurs calculs à la va-vite sans tenir compte des difficultés (relief, spécificité du terrain) et voient leurs dépenses exploser, relevait récemment le quotidien russe des affaires Vedomosti.

C'est le cas par exemple de l'entrepreneur Akhmed Bilalov, chargé de la construction d'un complexe de saut à ski dans les montagnes de Krasnaïa Poliana, qui accuse un retard de deux ans et dont le coût est passé de 1,2 milliard de roubles (30 millions d'euros) à 8 milliards (200 millions d'euros).

"Il ne s'attendait pas à trouver un terrain aussi difficile pour la construction, pourtant je lui avais dit que les études avaient été mal faites", a déclaré récemment le vice-Premier ministre russe Dmitri Kozak, chargé des JO.

A Sotchi, il est clair que les investisseurs privés ne pourront pas rentabiliser leurs projets, estiment d'ores et déjà deux chefs d'entreprises cités par Vedomosti.

Des constructions tous azimuts de bâtiments, d'hôtels, de nouvelles routes et voies de chemin de fer sont en cours dans cette station balnéaire quasi vierge d'installations sportives et où les infrastructures étaient jusqu'ici peu développées.

L'Etat russe, avec la participation du secteur privé, y investit massivement pour développer le tourisme et promet que les nouvelles installations seront utilisées après les JO du 7 au 23 février 2014, mais des experts émettent de sérieux doutes.

Des entreprises devraient faire faillite

"Il est possible que de petites et moyennes entreprises soient vouées à la faillite", indique M. Amirov, ajoutant que c'est "l'Etat qui va subir les plus lourdes pertes".

La holding Basic Element de l'oligarque Oleg Deripaska, chargée de grands projets comme la construction du principal village olympique, pourrait elle aussi être contrainte de mettre la clé sous la porte, relève le quotidien russe des affaires.

afp/bond

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