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Bezina: "Finir à Genève, c'était le chemin logique"

Goran Bezina vers l'entrée de son nouveau domicile, le Dom Sportova de Zagreb. [Sylvain Bolt]
Goran Bezina vers l'entrée de son nouveau domicile, le Dom Sportova de Zagreb. - [Sylvain Bolt]
Dans le cinquième épisode de notre websérie en Croatie, nous vous proposons le deuxième volet de l'entretien que RTSsport.ch a eu avec Goran Bezina à Zagreb. Le Valaisan y évoque largement son départ du GE-Servette. Découvrez aussi, parmi de nombreux bonus en vidéo, le droit de réponse de Chris McSorley, le coach du club des Vernets.

Goran Bezina (36 ans) et Genève-Servette ont été indissociables durant 12 ans, de 2004 à 2016. Le Montheysan a également été un pilier de l'équipe de Suisse entre 2000 et 2014. Mais son histoire d'amour avec ces deux maillots est -momentanément?- terminée.

Dans la seconde partie de notre entretien avec le défenseur, celui-ci revient sur sa relation finie de manière peu conforme avec le club genevois. Si Bezina renaît à Zagreb en KHL, il n'oublie pas les circonstances qui ont entouré son départ des Vernets cet été.

Reverra-t-on un jour le colosse de 1m90 dans le championnat suisse? Rien n'est moins sûr. Et pourtant, il rêve sans doute toujours de le remporter...

"Je ne me serais pas sélectionné moi-même"

RTSsport.ch: Le Mondial 2013, où la Suisse a fini 2e, a été la consécration pour votre génération. Celle qui, vous en tête, a commencé à clamer qu'il fallait viser une médaille. Mais vous étiez absent...

GORAN BEZINA: C'est frustrant, oui, mais c'est la vie. J'étais blessé... J'étais content pour mes coéquipiers présents à Stockholm. Ca a prouvé que ce que je disais, ce n'étaient pas des conneries (rires). Beaucoup me prenaient pour un idiot, ou pensaient que je visais haut juste pour faire genre. Mais il fallait que la mentalité en équipe nationale change. Quand tu vois le nombre de Suisses qui jouent en NHL maintenant, ça confirme qu'il y a un certain potentiel dans notre pays.

RTSsport.ch: Le Mondial 2012 à Helsinki reste votre dernière apparition dans un grand tournoi avec l'équipe de Suisse.

GORAN BEZINA:Je figurais dans la présélection pour les JO de Sotchi en 2014. Mais Sean Simpson voulait reconduire la même équipe qu'à Stockholm. Pour moi, ce n'était pas logique, car beaucoup de choses changent en un an. Il m'a dit: tu viens en Russie, mais tu n'es pas sûr de rester. J'ai dit non! J'avais assez prouvé ma valeur durant 13 années en équipe nationale pour ne pas être mis dans cette situation-là. Ensuite, Patrick Fischer ne m'a pas convoqué pour un Mondial, mais je ne me serais pas sélectionné moi-même. Mes dernières années à Genève ont été délicates.

"On a fait les choses à l'envers"

RTSsport.ch: Justement, parlons à présent de Genève-Servette. Vous étiez le visage du club avec Chris McSorley. Vous vous voyiez sans doute y finir votre carrière?

GORAN BEZINA: Oui, c'était le chemin logique quand tu joues autant de temps dans une équipe. Ca s'est fini en queue de poisson. On aurait dû clarifier les choses plus tôt, pour que je puisse dire au revoir aux supporters... Au lieu de ça, on m'a fait une pseudo-cérémonie l'année d'avant, puis je suis resté. C'était bizarre. On a fait les choses à l'envers. J'étais prêt à baisser mon salaire. J'ai donné toutes les opportunités au club pour me garder. Mais après 12 ans, ils ne se rendaient plus compte de ce que j'apportais.

Je suis l'actualité de GE-Servette chaque jourGoran Bezina

RTSsport.ch:On entend ou on lit souvent cette saison que les Aigles auraient besoin d'un patron en défense...

GORAN BEZINA: Que voulez-vous que je vous dise (un brin agacé)? Chacun fait ses choix et vit avec. McSorley savait que les départs de Matt Lombardi, de Matt D'Agostini et de moi-même laisseraient un vide. Il pensait nous remplacer comme ça? Eh bien non. Il n'a pas voulu écouter ceux qui le mettaient en garde. J'espère que l'équipe s'en sortira. Je suis son actualité chaque jour. Si je n'avais pas quitté Genève, je n'aurais pas pu rejouer comme maintenant. Donc d'un côté, je remercie le club. Les choses sont bien faites dans la vie. Je n'ai pas de regrets.

RTSsport.ch:McSorley et vous-même, vous avez chacun un fort caractère. Il fallait forcément que l'un des deux craque?

GORAN BEZINA: Non! C'est idiot de dire ça. Quand tu as un coach et un capitaine comme nous dans une équipe, ils cohabitent pour la faire avancer. On se poussait l'un l'autre. C'est mieux ainsi que quand l'un écrase l'autre. Selon des rumeurs, McSorley m'avait mis en attaque (réd: en début de saison 2014/15) car il pensait que je voulais le faire virer. Alors que je l'ai toujours soutenu! Idéalement, si tu as un problème avec quelqu'un que tu connais depuis 12 ans, tu en discutes et tu le règles face à face...

Bezina Genève
Websérie Croatie - Bezina et sa relation avec McSorley / RTS Sport Bonus / 1 min. / le 12 décembre 2016

"J'ai déjà discuté avec Quennec cette saison"

RTSsport.ch:Et Hugh Quennec, le président du Genève-Servette? Il n'a pas non plus voulu vous garder?

GORAN BEZINA: Il y a eu pas mal de changements dans le club ces derniers temps, c'est une année transitoire. Il avait d'autres choses à l'esprit. Il a eu des années difficiles avec ce qui s'est passé au Servette FC. Il ne s'est peut-être pas assez concentré sur l'envie de me garder. Ce n'est pas grave. Autant ça s'est mal fini, autant j'avais besoin de voir autre chose. Je n'avais plus rien à prouver en LNA, j'étais entré dans une routine. Mais comme je l'ai dit, je ne ferme pas la porte à un retour à Genève. On a d'ailleurs déjà discuté cette saison, Quennec et moi.

RTSSport.ch:Au bout du lac, vous avez disputé deux finales en LNA (2008 et 2010). Mais le sacre vous a échappé...

GORAN BEZINA:Oui, on a couru après ce titre pendant des années, on était proche... C'est difficile de gagner le championnat suisse, où les quatre équipes les plus riches, Zurich, Berne, Lugano et Davos, mènent la danse. Des miracles comme celui de Leicester en foot anglais, c'est rare.

"Je n'ai pas réussi à devenir champion suisse... pour l'instant"

RTSsport.ch:Jouer pour un club riche et devenir champion, vous l'avez fait à Salzbourg dans la ligue autrichienne, en 2007.

GORAN BEZINA:C'est mon seul titre de champion, donc il occupe forcément une place à part pour moi. C'était cool, mais ce n'était pas aussi important que ça l'aurait été avec Genève, car je n'avais pas fait toute la saison à Salzbourg. J'ai débarqué juste avant les playoff comme mercenaire. C'était une équipe incroyable, très sympa. Mais mon but a toujours été de gagner le championnat suisse et je ne l'ai pas fait... pour l'instant (sourire).

RTSsport.ch:Avec Genève, vous avez tout de même remporté deux Coupes Spengler à Davos, en 2013 et en 2014. Ces Coupes-là, quelle saveur ont-elles à vos yeux?

GORAN BEZINA: C'était cool, c'est un moment à part durant les Fêtes. Tu as l'impression de faire partie d'une grande famille. Mais ça reste un tournoi amical sur six jours, rien de plus. Ce n'est pas un travail de longue durée, où tu sues toute la saison pendant 50 matches plus trois rondes de playoff. La Coupe Spengler, ça a beaucoup moins d'importance, malgré la symbolique de ce tournoi, le plus ancien du monde. Mais c'est quand même sympa de gagner, tu vis des moments forts avec ton équipe.

Bonus: Bezina répond aux blagues de Jimmy Omer, le chef matériel de GE-Servette...

Bezina Jimmy
Websérie Croatie - Bezina répond à Omer, chef matériel de GE-Servette / RTS Sport Bonus / 2 min. / le 12 décembre 2016

Puis réagit à l'hommage de son ex-coéquipier Jonathan Mercier

Bezina Mercier
Websérie Croatie - Bezina répond à Mercier, défenseur du GE-Servette / RTS Sport Bonus / 1 min. / le 12 décembre 2016

Propos recueillis à Zagreb par Michaël Taillard (@MichaelTaillard)

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