Le McSorley 2.0 est de retour. Meilleur qu'avant?

Durant son année dans le rôle de directeur sportif, il était étrange de voir Chris McSorley loin du banc de "son" GE-Servette, qu'il avait occupé de 2001 à 2017. Le coach canadien, à l'origine de la remontée des Grenat dans l'élite en 2002, est donc de retour. Comme le Terminator.

Sa mission, gagner le titre avec les Aigles, n'est pas encore accomplie. Le sera-t-elle jamais? Pour l'ensemble de son oeuvre, l'Ontarien le mériterait. A priori, il sera toutefois compliqué d'y parvenir dès cette saison.

"Sur le papier, mon équipe est plus faible que le GSHC version 2017/18. Mais nous allons jouer un hockey rapide, qui en étonnera plus d'un", clame "McSo". Dont acte.

Je serai heureux de soutenir Goran après sa carrière

RTSsport.ch: De retour après un an sur "votre" banc, on imagine la joie qui vous habite.

CHRIS MCSORLEY: Oui, je suis très heureux. Mais c'est comme si je ne l'avais jamais quitté! Pour moi, c'est l'opportunité d'être encore meilleur qu'avant, de faire mon "reboot" pour être le McSorley 2.0. Durant mon année "sabbatique", j'ai eu l'occasion de faire plusieurs voyages, afin de parler avec mes mentors.

RTSsport.ch: Qui sont vos mentors?

CHRIS MCSORLEY: Je ne peux pas révéler leurs noms. Ce sont des coaches, ou des ex-coaches, de NHL. Ou des entraîneurs en Europe, pour lesquels j'ai du respect. Ils m'ont tous permis de renouveler mon approche tactique. Mon système de jeu actuel n'a plus rien à voir avec celui de 2016/17.

RTSsport.ch: Dans votre effectif, vous retrouvez une autre figure historique du club: Goran Bezina. Vous avez enterré la hache de guerre avec votre défenseur?

CHRIS MCSORLEY: Je pense que nos prétendus différends ont été dramatisés par la presse, à des moments où nos suiveurs ne savaient pas quoi écrire. Nous n'avons jamais eu de mauvaises paroles l'un pour l'autre en public. C'est un homme fier, qui aime GE-Servette autant que moi. Chacun pousse l'autre à donner le meilleur de soi-même. Si Goran veut devenir coach après sa carrière de joueur, je serai heureux de le soutenir, autant que possible.

RTSsport.ch: On pourrait donc le voir un jour à vos côtés en tant que coach assistant?

CHRIS MCSORLEY: J'ai déjà un bon assistant (réd: Louis Matte). Mais il aura mon soutien dans n'importe quel autre club.

Chaque saison semble trop prévisible

RTSsport.ch: Selon vous, GE-Servette étonnera beaucoup de monde. Pourtant, difficile d'imaginer d'autres équipes que Berne ou Zurich soulever le trophée, cette saison encore. N'est-il pas grand temps d'adopter des mesures visant une ligue plus équilibrée?

CHRIS MCSORLEY: La ligue est consciente qu'elle a besoin d'une meilleure parité. Les champions ne devraient pas toujours être les clubs avec le plus gros budget. Chaque saison semble trop prévisible. Les dirigeants de Berne et de Zurich ont apprécié leurs succès récents, mais ils sont intelligents. Il y aura bientôt des changements, afin de donner leurs chances aux plus petits clubs.

RTSsport: On voit mal Genève évoluer sans nouvelle patinoire. Où en est-on dans ce dossier?

CHRIS MCSORLEY: Je ne suis pas impliqué dans ce projet. Je ne sais pas si les investisseurs canadiens sont toujours d'actualité. Nous n'avons toujours pas de nouvelle aréna, mais je n'ai que 56 ans. Donc je ne m'en fais pas trop. Je serais inquiet si j'avais déjà 66 ans (rires).

Le "C" donnera des ailes à Rod

RTSsport.ch: De plus, Genève semble ne plus trop avoir la cote en ce moment. Damien Riat est ainsi parti à Bienne, et aucun joueur suisse de renom ne vous a rejoint.

CHRIS MCSORLEY: Le départ de Riat est dû aux troubles financiers de la saison passée, et à la crise autour de l'ancien président (réd: Hugh Quennec). Il a donc préféré signer dans un club stable. Mais maintenant, nous sommes redevenus attractifs. Le problème, c'est que nous intéressons seulement des joueurs ayant un lien avec la Suisse romande, ou avec l'équipe. Notre situation géographique nous dessert. A moins qu'on offre des ponts d'or. Mais dans ce cas, tu n'obtiens jamais le rendement attendu.

RTSsport.ch: Pourquoi avoir nommé Noah Rod capitaine?

CHRIS MCSORLEY: C'est un produit du club, il porte du grenat depuis ses 16 ans. Il comprend parfaitement l'ADN du club. Tout comme Kevin Romy, d'ailleurs. Ce n'était pas une décision contre Kevin, qui n'a pas besoin d'une lettre sur son maillot pour être un leader. En revanche, ce "C" donnera des ailes à Rod.

RTSsport.ch: On a rarement vu un capitaine de 22 ans en Suisse. C'est innovant.

CHRIS MCSORLEY: C'est une décision courageuse. Il y a une ligne ténue entre courage et stupidité. Il faut espérer que nous sommes du bon côté de cette ligne (rires).

RTSsport.ch: Pour finir, pouvez-vous nous dire un mot sur vos deux nouveaux attaquants étrangers?

CHRIS MCSORLEY: Lance Bouma (réd: Canadien) est un joueur très physique et intimidant. C'est un taureau, difficile à arrêter. Il va droit au but. Tommy Wingels (réd: Américain) est, lui, un attaquant polyvalent. Ces deux joueurs ont un caractère facile. Ils s'entendent bien, car ils étaient coéquipiers à Chicago en NHL la saison passée.

Propos recueillis par Michaël Taillard