"Je ne suis pas un des plus vieux de la sélection, mais je
dirais plutôt un des plus expérimentés", explique Ivo
Rüthemann. Le petit attaquant de Berne (172 cm) sera un des piliers
de Ralph Krueger lors du Mondial 2009, qui va débuter dans moins de
20 jours en Suisse.
Le Saint-Gallois de 32 ans, qui compte 215 matches internationaux,
sera l'un des 6 hockeyeurs suisses qui avaient fini au 4e rang de
l'édition de 1998, la dernière en Suisse. Pour autant que Jenni,
Seger, Jeannin, Martin Plüss et Streit soient là. Mais pour
franchir à nouveau les quarts de finale, la Suisse devra compter
sur cette expérience. Ivo Rüthemann donne son avis.
"Mon coeur est à Berne"
tsrsport.ch: Vous venez de boucler votre
10e saison avec Berne. Vous sentez-vous toujours aussi bien avec
les "Ours"?
IVO RÜTHEMANN: C'est la meilleure place où je
puisse évoluer. Le club est bien organisé. J'ai ainsi l'occasion de
poursuivre mes études en économie. De plus, l'équipe a un bon
niveau et joue toujours le haut du classement. Si je regarde où je
pourrais trouver un autre club qui m'offre tout cela, je ne trouve
pas. Mon coeur est bien à Berne! Par contre, j'ai vécu cette saison
ma première grosse blessure (ndlr: aux ligaments de l'épaule).
Durant mes 5 mois de pause, cela n'a pas toujours été facile. Mais
aujourd'hui, je suis au top.
tsrsport.ch: Pour la 2e année de suite, Berne
a été sorti en quarts des playoff après avoir remporté la saison
préliminaire. Avez-vous une explication?
IVO RÜTHEMANN: Non!
tsrsport.ch: L'équipe était de plus en plus
nerveuse au fil du duel contre Zoug.
IVO RÜTHEMANN: Oui peut-être. En playoff, cela se
joue beaucoup dans la tête.
tsrsport.ch: On vous sent encore très déçu.
Que retenez-vous néanmoins de ces échecs?
IVO RÜTHEMANN: Il faut vite les oublier et
regarder de l'avant. Une nouvelle saison nous attend dès cet été.
Et chaque histoire est différente...
"Le titre européen de Zurich ne va changer l'image de la
Suisse"
tsrsport.ch:
Autre
déception pour le "SCB": la Ligue des champions. Alors que Zurich a
aligné les exploits pour conquérir le titre, Berne n'a pas montré
une grande motivation pour cette épreuve.
IVO RÜTHEMANN:
Je ne parlerais pas de manque de
motivation, car c'était un de nos objectifs. Après avoir remporté
nos 2 matches de qualification, tout s'est joué lors du premier
match de poules, perdu 6-2 à Jönköping. Cette lourde défaite était
difficile à gommer sur 4 rencontres. Après notre 2e revers (2-1
contre Espoo), notre sort était scellé. Il faut avouer que nous
avions quelques blessés durant ces matches, dont Martin Plüss, qui
a été décisif ensuite.
tsrsport.ch:
Le titre européen de Zurich
va-t-il changer quelque chose en Suisse?
IVO RÜTHEMANN:
Je ne pense pas que cela va
réellement changer l'image du hockey helvétique. Avant cette belle
victoire, la Suisse était déjà respectée en Europe. Elle le sera un
peu plus...
tsrsport.ch:
Certains joueurs n'auront-ils
pas plus de chance de partir à l'étranger, comme Blindenbacher en
Suède?
IVO RÜTHEMANN:
Le problème est qu'un joueur
helvétique est bien en Suisse! Et partir pour aller où? C'est
difficile, voire risqué, d'aller dans un pays qu'on ne connaît pas.
Il n'y a qu'à voir les mauvaises expériences de certains en Russie
(Fischer, Meunier).
"On est bien en Suisse"
tsrsport.ch: On n'est pas prêt d'avoir plus
de joueurs helvétiques en NHL...
IVO RÜTHEMANN: Quand je parle de jouer à
l'étranger, je ne mets pas la NHL dans le lot. Je pense que si un
Suisse a une chance de traverser l'Atlantique, il doit la saisir.
Il gardera toujours la possibilité de revenir dans une équipe
helvétique. Mais pour évoluer en Amérique du Nord, il faut avoir de
grandes qualités et une grosse envie. Chacun doit faire ses choix.
Reto von Arx était parti trop tôt. Bezina n'était pas à la bonne
place. Sbisa apprend énormément. Et Streit est un gros bosseur.
Chaque cas est différent, mais il faut être au bon endroit au bon
moment.
tsrsport.ch: Pour vous, cela a-t-il été un
sujet, surtout après le titre 2004 avec Berne (66 points en 63
matches)?
IVO RÜTHEMANN:: Non, cela n'a jamais été un
projet. Ayant fait le choix des études, Berne est le lieu idéal. Et
comme je l'ai dit, on est bien en Suisse.
tsrsport.ch: Néanmoins, quand les dirigeants
helvétiques affirment qu'il faut plus de joueurs en NHL (environ
une dizaine) pour que la Suisse progresse dans la hiérarchie
mondiale, êtes-vous d'accord?
IVO RÜTHEMANN: Oui, je pense que c'est
nécessaire. La Slovaquie est le meilleur exemple. Son niveau a pu
s'élever suite à l'augmentation du nombre de ses joueurs dans le
championnat nord-américain.
Propos recueillis par Sébastien Clément
"Krueger a amené de la stabilité à la Suisse"
tsrsport.ch: International depuis 1997, comment voyez-vous la progression de la Suisse?
IVO RÜTHEMANN: Les structures se sont bien améliorées. Il y a aussi une bonne stabilité depuis l'arrivée de Krueger. La base de joueurs grandit depuis quelques saisons. C'est important pour la concurrence. Cela montre que les Suisses ont envie de se battre pour leur pays. Au niveau du système, la défense reste toujours la base, tant qu'on ne possède pas assez de potentiel offensif.
tsrsport.ch: En étant l'un des plus "vieux" du groupe, quel est votre rôle?
IVO RÜTHEMANN: Je ne dirais pas vieux, mais expérimenté. Un bon amalgame est très important dans un groupe.
tsrsport.ch: Le Mondial approche à grands pas. Comment se passe la préparation?
IVO RÜTHEMANN: Après une longue saison, avec ses déceptions et satisfactions, il y a un moment d'adaptation. Mais aujourd'hui, on est à 100% avec la "Nati". Le plus important est d'être ensemble, sur et en dehors de la glace, pour avoir un bel esprit de groupe.
tsrsport.ch: Quelle est votre recette pour que la Suisse franchisse à nouveau les quarts de finale?
IVO RÜTHEMANN: A ce stade, on a souvent joué des matches qui ont été serrés. Notre but est toujours de rester dans la partie pour faire la différence en fin de match. Après il y a plusieurs facteurs: la fatigue, la chance, etc.
Ivo Rüthemann express
La première chose faite le matin: je me lave le visage et fais ma toilette.
Principale qualité: je suis en harmonie avec ma vie et tout ce que je fais.
Principal défaut: je ne dis jamais non.
Meilleur souvenir: le titre national avec Berne en 2004 et les Jeux olympiques de Turin avec la Suisse en 2006.
Pire souvenir: nos deux derniers échecs en quarts de finale des playoff.
Votre idole: Roger Federer.
Le hockey, c'est: ma plus grande passion.
Votre plus beau but: chacun est spécial et il n'y en a jamais assez...
Le dopage: cela fait malheureusement partie du sport. C'est dommage.
Votre salaire: ce sujet reste un tabou en Suisse.