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Slava Bykov, les Mondiaux en point de mire

Slava Bykov est à la tête de l'équipe de Russie depuis 2006.
Slava Bykov est à la tête de l'équipe de Russie depuis 2006.
Intenable patins aux pieds, Slava Bykov brille désormais en tant qu'entraîneur. A la tête de la Russie, le Fribourgeois d'adoption vient défendre en Suisse le titre mondial conquis en 2008.

Après avoir raté trois fois le titre suisse en finale avec
Fribourg Gottéron (de 1994 à 1996), Slava Bykov tentera dès
vendredi d'obtenir la consécration mondiale sur la glace
suisse.



Après la couronne de Québec, la Russie veut confirmer en 2009.
Porté par ses joueurs après la victoire de 2008 au Canada, attendue
depuis 15 ans par le pays des Tsars, l'ancien attaquant de Fribourg
et Lausanne a su créer un groupe parmi les individualités
russes.



Sélectionneur depuis 2006, le coach de 48 ans fait valoir surtout
un élément: le travail, y compris pour lui-même. Très philosophe,
Bykov se confie à quelques jours du Mondial à Berne et Kloten.

"Chaque champion vient pour défendre sa couronne"

tsrsport.ch: En tant que tenante du titre,
comment la Russie va-t-elle aborder le Championnat du monde en
Suisse?




SLAVA BYKOV: Chaque champion vient pour défendre
sa couronne. Toutes les autres nations sont là pour prendre cette
première place. Maintenant, c'est à nous de confirmer que notre
titre acquis à Québec n'était pas le fruit du hasard. La pression
sur nos épaules va augmenter, mais nous sommes là pour aller de
l'avant. Si le travail et le plaisir restent des éléments-clé,
notre succès de 2008 apporte davantage de confiance, qui sera
importante en Suisse. Après, il faut toujours compter sur le
facteur chance, qui fait partie du sport.



tsrsport.ch: Quels ont été les changements
qui ont suivi votre titre de Québec?




SLAVA BYKOV: Un groupe et une identité basée sur
le collectif se sont créés. Cela n'existait pas avant. La Russie
possède beaucoup de joueurs de qualité, mais ce n'est seulement
qu'en équipe qu'on peut atteindre le sommet. Depuis 2006, j'essaie
de redonner la motivation aux Russes pour évoluer avec l'équipe
nationale et redevenir le pays no1 du hockey. Aujourd'hui,
l'attitude des joueurs a changé. Ils reprennent goût à jouer pour
leur pays. Je n'oblige personne à venir. Le plus important est que
le joueur ait envie de jouer pour la Russie, sinon cela ne sert à
rien.



tsrsport.ch: Ce sacre attendu depuis 15 ans
a-t-il été une délivrance en Russie?




SLAVA BYKOV: Oui, tous les Russes attendaient ce
titre. Cette valeur humaine a également été hyperimportante. Ce
résultat donne ainsi un coup de pouce au développement du hockey
russe. La société a besoin d'un bon groupe à succès pour montrer
l'exemple.

"La Suisse n'est pas une équipe comme une autre"

tsrsport.ch: Cette année, vous affronterez
de nouveau la Suisse, après l'avoir battue déjà deux fois au
Québec. Les Helvètes seront-ils plus dangereux chez eux?




SLAVA BYKOV: La Suisse n'est pas une équipe comme
une autre. Cette formation joue avec ses qualités et sa tactique
propre à elle-même. Mais nous respectons beaucoup les Helvètes,
comme tous les autres adversaires. Le danger peut venir de
n'importe quelle équipe.



tsrsport.ch: Venir coacher la Russie en
Suisse est-il un moment spécial pour vous?




SLAVA BYKOV: Peu importe où le Mondial a lieu. Ce
qui est extraordinaire, c'est d'être coach de l'équipe nationale.
C'est le sommet pour un entraîneur.

Entraîneur et joueur, "deux professions opposées"

tsrsport.ch:

Etre entraîneur après votre belle
carrière était-il une suite logique
?



SLAVA BYKOV:

Non pas du tout! Un bon joueur ne
devient pas forcément un bon entraîneur. Ce sont deux professions
opposées, comme entre un élève et un prof. Les facteurs pour être
un bon coach? Il faut d'abord en avoir envie. Si on possède les
capacités, il faut apprendre les ficelles du métier, avoir de
l'expérience. Et il faut aussi être un meneur d'hommes, ainsi qu'un
psychologue. Vis-à-vis de ce job, on doit toujours rester
professionnel. Il faut bien savoir garder les émotions pour les
utiliser à un moment précis.



tsrsport.ch:

Alors comment êtes-vous devenu
le coach à succès que vous êtes désormais
?



SLAVA BYKOV:

J'ai pris goût à ce poste en
travaillant pour Adecco. Après mon départ de Gottéron, la boîte de
placement est venue me chercher. J'y ai appris énormément de
choses, tout en évoluant avec Lausanne en LNB. Les relations
humaines m'ont ainsi beaucoup attiré. Par la suite, j'ai eu envie
de me former dans le coaching. Une équipe, c'est comme une
entreprise...

"Tout ce qui doit arriver, arrive"

tsrsport.ch: Avez-vous été déçu de ne pas
avoir eu l'opportunité d'entraîner Gottéron?




SLAVA BYKOV: Après avoir travaillé avec les
juniors élite fribourgeois, Gottéron n'a pas voulu prolonger mon
bail. Tout ce qui doit arriver, arrive. Je vis avec ce genre de
décisions. Je reste quelqu'un de très optimiste. Par la suite, le
CSKA Moscou m'avait fait une offre. J'y ai réfléchi et j'ai tenté
ma chance. Dans ce monde, il faut être à l'écoute de soi-même et
parfois être prêt à sauter dans le deuxième train!



tsrsport.ch: Avez-vous des regrets par
rapport à votre parcours, votre carrière?




SLAVA BYKOV: Ce qui m'est arrivé m'appartient. On
perd trop d'énergie à penser au passé. Le présent, c'est ce qui est
intéressant, tout en regardant vers un futur proche. Aujourd'hui,
mon plan pour les Jeux olympiques de Vancouver est fait. Et on va
travailler en vue de cet objectif.



Propos recueillis par Sébastien Clément

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Un regard lucide sur son équipe

tsrsport.ch: Le sacre de Québec a-t-il eu une répercussion sur la Ligue russe, la KHL?

SLAVA BYKOV: On ne peut pas parler d'évolution, car cela reste un projet qui demande du temps. Il y a de bonnes choses dans cette Ligue, comme le développement des jeunes. Mais il y a encore des lacunes pour être plus compétitif.

tsrsport.ch: Pour vous, quels sont encore les points faibles de votre équipe nationale?

SLAVA BYKOV: Nous devons nous améliorer dans tous les secteurs... Il n'y a rien d'acquis. Personne ne sait tout sur tout, personne ne sait jouer parfaitement. Seul ou en groupe, il faut toujours faire son analyse pour avancer et aller de l'avant.

tsrsport.ch: Pour la première fois depuis plusieurs années, vous aviez aligné un excellent gardien (Nabokov) à Québec. Ce poste est-il déterminant pour gagner?

SLAVA BYKOV: Pour l'instant, nous avons trois bons portiers de KHL. Si nous pouvons avoir un gardien de NHL, pourquoi pas! Ces derniers ont un niveau supérieur.

Slava Bykov express

La première chose faite le matin: j'ouvre les yeux et je remercie Dieu.

Principale qualité: la patience.

Principal défaut: la naïveté parfois.

Meilleur souvenir: j'en ai énormément, qui sont liés au sport et à la famille.

Pire souvenir: les blessures et la disparition de certains proches.

Votre idole: je n'en ai pas, mais je respecte beaucoup Nelson Mandela.

Votre devise: être 100% démocratique avec la dictature du professionnalisme.

Le hockey, c'est: toute ma vie.

Si vous n'aviez pas été hockeyeur: j'aurais été footballeur.

Le dopage: c'est comme le cancer. Il faut trouver un remède pour le faire disparaître.

Votre salaire: il dépend du travail.