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Krueger doit-il rester? L'avis de "spécialistes"

Ralph Krueger a dû rendre des comptes à la presse helvétique.
Ralph Krueger a dû rendre des comptes à la presse helvétique.
Au lendemain de l'élimination de la Suisse avant même les quarts de finale de "son" Mondial de hockey, Ralph Krueger a dû rendre des comptes. Doit-il rester en poste? Quelques "spécialistes" donnent leur avis.

Comme en 2002 en Suède (10e) et en 2006 en Lettonie (9e), Ralph
Krueger n'a pas réussi à mener la Suisse en quarts de finale du
Championnat du monde de hockey sur glace. Ce 9e rang obtenu à
domicile va donc rester comme un échec. Ce résultat laisse ainsi
songeur quant à l'avenir du sélectionneur national.



A l'heure du bilan, le Canado-Allemand regrette davantage
l'accident de Julien Sprunger contre les USA que l'élimination de
la "Nati" aux portes du top-8 mondial. "Nous continuons à
travailler sur le bon chemin. Notre but reste de nous améliorer
dans tous les domaines et à chaque match, ce que nous avons fait.
Seul le résultat a manqué"
, analyse Krueger.

"Nous ne sommes pas encore une nation du top-6"

Ralph Krueger reste toutefois lucide: "nous ne sommes pas
encore une nation du top-6. Notre place se situe entre les 7e et
10e rangs mondiaux. Nos performances restent régulières, mais
parfois il arrive que pour un point, nous soyons éliminés"
.
L'entraîneur de la Suisse poursuit: "le fait que nous ayons
joué devant notre public rend ce résultat décevant. C'est dans la
nature humaine de réagir ainsi"
.



Aujourd'hui, beaucoup de monde critique le sélectionneur national,
parfois sifflé par le public durant les matches. Quelle est la
bonne décision à prendre pour l'avenir de la "Nati"? Quelques
journalistes spécialisés nous donnent leur avis.

"Pour la 1ère fois depuis 2002, il y a eu un problème de
casting"

Emmanuel Favre (Le Matin): Lorsque l'on a un
Mondial à la maison et qu'on a les moyens que Krueger a eus pour le
préparer, on peut vraiment parler d'échec. Après la cinquantaine de
jours de préparation (sur toute la saison), on s'attendait à des
joueurs dans un meilleur état physique et mental. Au lieu de cela,
on a vu des Monnet, Blindenbacher, ou autres Bezina hors de forme.
Il y a eu un problème de casting, qui n'était plus arrivé depuis
les JO de Salt Lake City en 2002.



Avant de passer à autre chose, je laisserais Krueger aller au bout
de son contrat en 2010, car il sera sous pression. Il devra
regagner avec la Suisse et rebondir pour la suite de sa
carrière.

"Si tout avait été parfait, la Suisse serait allée en
quarts"

Klaus Zaugg (Slapshot): Si tout avait été
parfait, la Suisse serait allée en quarts. Mais le moindre problème
peut tout faire basculer. Pour moi, le principal problème a été le
gardien: Martin Gerber, avec 89% d'arrêts, n'a pas été à la
hauteur. Bien sûr, il y a d'autres raisons, mais ces dernières
dépendaient beaucoup de la performance du portier.



C'est certain, nous arrivons à la fin de l'ère Krueger. Il faut
désormais savoir comment elle va se terminer. Soit on précipite les
choses, mais la Ligue ne sera pas gagnante sportivement et
financièrement. Soit on prépare le changement pour l'été 2010. Je
suis plutôt favorable à cette dernière solution.

"La fin de Krueger approche, il faut éviter une fin trop
abrupte"

Olivier Breisacher (La Tribune de Genève): Les
gens étaient trop habitués à voir la Suisse en quarts. Un échec
peut arriver. La pilule est bien sûr plus difficile à avaler car
nous sommes en Suisse. Mais comme le dit Krueger à juste titre, la
place de Streit et Cie se situe entre les 7e et 10e rangs mondiaux.
Cet échec, qui est arrivé pour un seul but, met en valeur les
bonnes performances du passé. Mais, en 2009, la manière a parfois
été positive. La défaite contre la Lettonie n'était pas
méritée.



La question n'est pas d'être pour ou contre Krueger. Aujourd'hui,
la fin de son ère approche. Ce qu'il faut éviter, c'est une fin
trop abrupte.

"Je n'ai pas vu l'émotion que la "Nati" avait au Canada"

Paride Pelli (Corriere del Ticino): Par rapport
à Québec, où la Suisse avait joué son meilleur hockey avec Krueger
(hormis le quart perdu 6-0 contre la Russie), je suis déçu. Cette
année, je n'ai pas vu l'émotion, la volonté offensive que la "Nati"
avait au Canada.



J'ai toujours apprécié le travail de Krueger, mais je suis pour un
changement. C'est la fin d'un cycle. Mais la grande question
aujourd'hui est: qui peut devenir sélectionneur national? Il faut
trouver un entraîneur qui devra poursuivre le travail du
Canado-Allemand: rester régulier, faire progresser le groupe et
intégrer les jeunes. Et là, je ne vois pas beaucoup de monde...

"Le système actuel fonctionne bien"

Daniel Germann (Berner Zeitung): Un quart était
le minimum attendu, donc c'est une déception. Mais l'équipe a fait
un pas encourageant en avant. Elle a confirmé ses progrès sur le
plan offensif, même si elle n'a pas beaucoup scoré. Avant de penser
à rivaliser avec les plus grandes nations, la Suisse devrait
commencer à dominer plus nettement les pays comme la France et
l'Allemagne.



Mais le système helvétique actuel fonctionne bien. Cela serait
mauvais de changer maintenant. Oui, Krueger est à la fin d'une
phase, mais il faut se poser la question critique: qui pourrait
faire mieux? La "Nati" n'a jamais été aussi régulière que
maintenant dans son histoire.



De Berne, Sébastien Clément

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"Lorsque je signe un contrat, je le respecte"

L'équipe de Suisse a vécu une fin de tournoi en queue de poisson avec une victoire aussi prestigieuse qu'inutile face aux Etats-Unis (4-3 ap) lors de son dernier match du Championnat du monde. Au lendemain de cette immense déconvenue, Ralph Krueger s'est expliqué sur les raisons de l'échec en songeant d'ores et déjà aux Jeux olympiques de Vancouver. L'heure n'était pas à la polémique, loin s'en faut.

Au terme d'une bonne compétition à Québec en 2008, l'entourage de l'équipe nationale en était persuadé, le Mondial à venir à Berne et Kloten allait être celui de la confirmation. La désillusion en quart face à la Russie (6-0) était censée apporter une expérience importante à un groupe composé de jeunes joueurs. A domicile, les espoirs les plus fous enrobaient le Championnat du monde.

Mais à l'instar de son homologue footballistique lors du récent Euro 2008, la Suisse de la rondelle a vite fait déchanter ses supporters en ne gagnant qu'après prolongation face aux Etats-Unis son match couperet. "Les trois minutes entre la sirène finale et le début de la période supplémentaire ont sans doute été les plus longues de ma vie", a concédé Ralph Krueger au lendemain de la débâcle.

"Tous ont mérité leur place"
Avec la fatigue stigmatisant son visage, le sélectionneur germano-canadien a accepté sa part de responsabilité sans trop se remettre en question pour autant: "Les joueurs présents ont tous mérité leur place, même si les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes de chacun." Questionné sur ses choix et notamment sur la présence abusive du jeune Yannick Weber (18'01") sur la glace, il botte en touche: "Nous avons sélectionné Josi et Weber sur leurs qualités actuelles et non sur leur potentiel."

A aucun moment, Ralph Krueger n'a semblé enclin à remettre l'une ou l'autre de ses décisions en cause: "Nous avons fait un extraordinaire travail sur le plan physique et tactique. Au final, le puck n'est pas rentré dans les buts aussi facilement que l'année passée à Québec et, malheureusement, ce sont ces images qui restent. La Suisse a terminé à sa place, c'est à dire entre la 7e et la 10e. Pour faire un meilleur résultat, tout doit fonctionner à la perfection et ce n'a simplement pas été le cas."

Durant cette campagne, l'équipe de Suisse a proposé un jeu plutôt attractif avec des rencontres largement dominées à la statistique de tirs face à la Lettonie et la Russie notamment. En se ruant à l'attaque, les joueurs ont également perdu la notion de travail défensif qui a fait la force du "système Krueger" par le passé. Le premier but de la Lettonie, celui qui a fait le plus mal, est directement lié à cette mentalité trop offensive malgré l'infériorité numérique à gérer.

Un nouveau président en juin...
Toutefois, le trône de Ralph Krueger ne semble pas trembler pour l'instant. "Je n'ai pas peur, confirme le principal intéressé. Si un entraîneur à peur pour son poste, il doit laisser sa place à quelqu'un d'autre." L'arrivée du nouveau président de la fédération Philippe Gaydoul en juin pourrait éventuellement changer la donne. "Tant que je ne reçois pas une notification me disant le contraire, je continuerai à faire mon travail", a poursuivi Ralph Krueger.

Le sélectionneur national a déjà Vancouver en tête et ne songe, évidemment, pas à la démission: "Lorsque je signe un contrat, je le respecte. Depuis 1997 et mon arrivée à la tête de l'équipe de Suisse, j'ai eu des propositions, mais je ne suis jamais entré en matière. J'ai signé jusqu'en 2010 et je compte bien honorer mon engagement."

si/dbu