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Fatigue ou nonchalance helvétique?

Sean Simpson doit maintenant faire face aux critiques. Sera-t-il limogé ces prochaines semaines? [Peter Schneider]
Sean Simpson doit maintenant faire face aux critiques. Sera-t-il limogé ces prochaines semaines? - [Peter Schneider]
Lors de la dernière décennie, l'équipe de Suisse aura rarement autant déçu qu'au Mondial à Helsinki. Force est de constater que le sélectionneur, les renforts de la NHL et les gardiens n'ont pas émergé de ce naufrage collectif. Commentaire.

Depuis 2002 (10e), jamais la Suisse n'aura autant déçu lors d'un Championnat du monde. Plus que le résultat, c'est surtout la manière qui inquiète.

Que dire du manque d'engagement des Helvètes face aux Français? Nonchalance ou fatigue? Face aux Tricolores, Streit et Cie n'ont en tout cas pas affiché la même rage dans les bandes que lors de leurs précédents matches à Helsinki.

Si la fatigue est en cause, on peut se demander ce qui pousse la troupe de Sean Simpson à laisser ses tripes sur la glace pour chercher d'improbables succès contre le Canada ou la Finlande. Ne vaudrait-il pas mieux, pour la Suisse, se focaliser sur les matches à sa portée en poules? La question est posée.

Simpson, un bilan accablant

Mark Streit, star et capitaine de la Suisse, n'a pas de quoi pavoiser. [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]
Mark Streit, star et capitaine de la Suisse, n'a pas de quoi pavoiser. [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]

Souvent véhiculé par les médias, le refrain est connu. Quand l'équipe perd, c'est en principe soit la faute de l'entraîneur, soit des gardiens.

Il serait injuste de faire porter le chapeau uniquement à Sean Simpson. Mais le bilan du Canadien est tout de même accablant. Il n'a atteint les quarts de finale qu'une fois en 3 ans, et ce malgré un effectif de qualité, en théorie.

L'ex-coach de Zurich, en inscrivant officiellement de trop nombreux défenseurs, a dû faire jouer le vétéran Mathias Seger en attaque. Son recours étrange à un masseur non diplômé - habituellement agent de joueurs en NHL -, décrié par les joueurs avant le tournoi, suscite aussi bien des questions.

Un échec collectif

Quant aux gardiens, ceux-ci finiront le tournoi avec des pourcentages d'arrêt ordinaires. Pour la première fois depuis longtemps, la Suisse n'a pas été portée par un portier hors normes.

Tout brillants qu'ils ont été cette saison en LNA, autant Tobias Stephan que Reto Berra n'offrent pas toujours toutes les garanties à ce niveau. Or la Suisse ne peut pas créer l'exploit sans pouvoir s'appuyer sur un grand gardien.

Mais cet échec est surtout une débâcle collective. L'éternel problème de l'équipe nationale reste avant tout la stérilité offensive. A quand un buteur suisse de calibre mondial? Quant aux défenseurs, ils n'ont pas appliqué la même rigueur que sous l'ère Krueger.

Des "sauveurs" de NHL décevants

Parce qu'on les attendait en sauveurs, les 4 Suisses de NHL ont reçu un flot de critiques pour leurs prestations. La perf' de Mark Streit contre le Kazakhstan (3 points) a suscité de vains espoirs par la suite. Luca Sbisa a souvent été brouillon. Quant à Roman Josi, son apport fut tout relatif.

Pour son premier match, l'arrière de Nashville n'a pu éviter le naufrage face aux Bleus, et il a provoqué la défaite contre la Slovaquie avec une mauvaise relance.

Seul Nino Niederreiter peut être exempté de reproche. Soyons patients avec un ailier de 19 ans loin d'être arrivé à maturité, et qui a déjà vécu en peu de temps ce que certains ne connaîtront jamais en 20 ans de carrière.

Michaël Taillard

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