Tommy Albelin, le ministre de la défense suisse

Membre du Temple de la renommée du hockey suédois, Tommy Albelin (52 ans) n'est de loin pas un inconnu pour les mordus de puck. L'ancien défenseur de New Jersey aux 1037 matches en NHL a gagné la Coupe Stanley à deux reprises avec les Devils -1995 et 2003-, en plus de compter un titre de champion du monde en 1987 avec les "Tre Kronor".

Depuis juin dernier, le natif de Stockholm est le ministre de la défense helvétique. Assistant de Patrick Fischer à la bande, il veille à ce que l'arrière-garde helvétique soit hermétique.

Dans ce registre, avec 8 goals encaissés en 4 matches à Paris, le bilan intermédiaire est plutôt positif dans ce Mondial.

"Mon meilleur moment aux Mondiaux? L'or en 1987 à Vienne"

RTSsport.ch:En tant que joueur, quels sont vos meilleurs souvenirs aux Mondiaux?

TOMMY ALBELIN: J'ai beaucoup de bons, mais aussi de mauvais souvenirs, notamment des raclées infligées par l'URSS. J'ai joué mon premier Championnat du monde en 1985 à Prague. J'avais 21 ans, c'était une superbe expérience. C'était génial de se mesurer à cette magnifique équipe soviétique. En 1986, nous avons atteint la finale, mais l'URSS s'était imposée 3-2. Le meilleur moment a été 1987, avec l'or obtenu à Vienne. En 1997, on n'est pas passé loin du titre, mais le Canada a remporté la finale au meilleur des 3 matches. On n'avait aucune chance dans les deux derniers duels.

RTSsport.ch:Mike Babcock, le coach de Toronto en NHL, figurait dans les tribunes mercredi lors du succès 3-0 face au Bélarus. Lui avez-vous parlé après le match?

TOMMY ALBELIN: Non. Malgré mon statut de scout pour les Maple Leafs, je ne lui ai jamais parlé. Je l'ai affronté en 2003 en finale de la Coupe Stanley, alors qu'il entraînait Anaheim.

RTSsport.ch: Vous avez passé l'essentiel de votre carrière de joueur en NHL. Ne pensez-vous pas que les Suisses devraient s'expatrier encore davantage?

TOMMY ALBELIN: J'avais d'abord joué 5 ans en D1 suédoise avant de rejoindre la NHL, en 1987 aux Nordiques de Québec. A ce moment-là, je pensais être prêt. J'avais besoin de franchir un cap, après 3 Mondiaux. Je jouais correctement en Suède, mais mon style de jeu convenait mieux au niveau international. J'espère que plus de Suisses vont tenter de partir, aussi vers la Suède ou la KHL. Quand tu reçois une chance de l'étranger, il faut au moins essayer. Sinon, tu ne sauras jamais si tu peux réussir au plus haut niveau.  Il est de toute façon toujours possible de revenir en LNA si tu échoues.

Brunner? Il doit davantage prêter attention au jeu défensif

RTSsport.ch:Avec Patrick Fischer, ex-attaquant, vous formez un duo complémentaire en tant qu'ex-défenseur.

TOMMY ALBELIN: Je n'ai jamais regardé comment "Fischi" jouait. Je ne sais pas quelles étaient ses forces. En tout cas, nous formons un bon tandem. On est bien à l'écoute l'un de l'autre. J'aime bien travailler avec lui.

RTSsport.ch:Vous étiez coach assistant à New Jersey en 2014/15, en NHL. Damien Brunner évoluait alors déjà sous vos ordres. Que pouvez-vous dire sur lui?

TOMMY ALBELIN: Il est doué et capable de générer de nombreuses occasions de but, de débloquer un match à tout moment. Mais il doit davantage prêter attention au jeu défensif. Il le sait.

RTSsport.ch:La fin de match contre la Slovénie a été très compliquée. Que dit-on dans ces moments-là, en tant que coach?

TOMMY ALBELIN: C'était dur, avec toutes ces pénalités qui s'enchaînaient en notre défaveur. Si les joueurs voient que tu deviens nerveux, c'est communicatif. Il faut donc rester calme et leur parler. On a ensuite revu le match en vidéo afin de corriger nos erreurs.

RTSsport.ch:Quel est votre sentiment sur cette équipe de Suisse?

TOMMY ALBELIN: Nous allons dans la bonne direction pour devenir encore meilleurs. Globalement, nous avons réussi un bon départ dans ce tournoi. Cette équipe envoie beaucoup de signes positifs, les joueurs sont réceptifs.

"Mon défenseur idéal? Drew Doughty"

RTSsport.ch:Pour conclure, quels sont votre style de jeu et votre défenseur idéaux?

TOMMY ALBELIN: A partir du moment où j'ai été transféré aux New Jersey Devils, en 1988, j'ai toujours adoré jouer un système défensif très structuré. Si un joueur a l'opportunité de se créer des occasions, d'accord, qu'il y aille. Mais cela ne doit pas se faire sans une solide base arrière. Pour mon défenseur idéal, je dirais Drew Doughty (réd: défenseur canadien des Los Angeles Kings en NHL). Il est capable de jouer dans toutes les situations. Erik Karlsson (réd: défenseur suédois), est pas mal non plus à Ottawa. Mais il n'a commencé à travailler son jeu défensif que depuis 2 ans.

Propos recueillis à Paris par Michaël Taillard