Jussi Markkanen (EV Zoug) à l'interview

Jussi Markkanen est l'une des vedettes, sinon LA star no1 de la
LNA. Il y a 3 ans, le portier - qui a également disputé 2 Mondiaux
et les Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002 - gardait le but
d'Edmonton en finale de la Coupe Stanley. Ce n'est pas un hasard si
Zoug possède la meilleure défense du championnat jusqu'à présent.
Le Finlandais de 34 ans joue à un niveau exceptionnel.



Pourtant, l'on était en droit de se demander s'il allait réussir à
garder la tête au hockey lors de sa première saison en Suisse.
C'est que l'homme aux 128 matches en NHL a dû faire face au décès
de l'un de ses enfants, l'an dernier, alors qu'il évoluait en
Russie.



tsrsport.ch: Vous avez subi une tragédie en
septembre 2008. Votre fils de 4 ans est mort défenestré, alors
qu'il s'amusait dans votre appartement moscovite.



JUSSI MARKKANEN: Durant longtemps, je n'ai pas eu
la tête au hockey. J'avais besoin d'un break après le décès d'Olli,
et je suis donc allé à Helsinki. Là-bas, avec le temps, j'ai
recommencé à voir des gens, puis je me suis entraîné dans une
équipe. Et peu à peu, je suis revenu à de meilleures pensées. Quand
je suis rentré à Moscou, le staff du CSKA a fait preuve de grande
classe. J'ai reçu toute l'aide nécessaire, je ne peux dire que du
bien de ce club (réd: où son coach était Slava Bykov).

"Edmonton vit pour le hockey"

tsrsport.ch: Avez-vous songé à prendre
votre retraite, après un tel coup du sort?



JUSSI MARKKANEN: C'est clair que peu après un
drame pareil, tu te dis que gagner ou perdre des matches, cela n'a
finalement plus grande importance. Mais malgré tout, je me suis
rendu compte que j'aimais toujours le hockey sur glace. J'ai donc
continué... Si les choses s'étaient passées autrement, je serais
resté en Russie, car j'avais encore un an de contrat au CSKA
Moscou. Mais ma famille avait besoin de changer d'air. Désormais,
je suis content d'être à Zoug, c'est une petite ville tranquille où
l'on vit bien.



tsrsport.ch: Zoug vous change en tous les cas
de New York, Edmonton, Togliatti ou Moscou! Quel endroit avez-vous
préféré?



JUSSI MARKKANEN: J'ai aimé jouer pour les New
York Rangers, mais j'ai préféré Edmonton. Cette ville vit pour le
hockey! Et grâce à Esa Tikkanen et Jari Kurri, qui ont brillé avec
les Oilers dans les années 80, les supporters savent placer la
Finlande sur une carte. Les performances de ces attaquants m'ont
aidé, moi ainsi que de nombreux autres compatriotes, à m'établir en
NHL. Ils ont créé un précédent, à l'instar de ce qu'est en train de
réaliser Mark Streit pour la Suisse.

"J'espère rester à Zoug au-delà de 2011"

tsrsport.ch: Avec Edmonton, vous aviez joué
la finale de la Stanley Cup en 2006, blanchissage lors de la 6e
partie à la clé.



JUSSI MARKKANEN: C'est en même temps le meilleur
souvenir et le pire de ma carrière, puisque nous avions perdu en 7
matches. On avait pourtant comblé un déficit de 3-1 dans la série.
J'ai eu besoin de beaucoup de temps pour surmonter cette déception.
J'ai laissé passer une chance qui ne se présentera plus jamais pour
moi et pour la plupart des mes coéquipiers de l'époque. Bien sûr,
il me reste tout de même la fierté d'avoir pu disputer des
rencontres d'un tel niveau.



tsrsport.ch: Vos prestations avec Zoug sont
excellentes jusqu'à présent.



JUSSI MARKKANEN: Merci! Je suis content de mes
performances. J'espère rester à Zoug après l'échéance de mon
contrat, en 2011. Ici, je me sens bien, en compagnie de vieilles
connaissances comme le coach Doug Shedden, qui m'a entraîné au
Jokerit Helsinki, et Dale McTavish, avec qui j'ai évolué à SaiPa
Lappeenranta.



tsrsport.ch: Les portiers talentueux sont
légion dans votre pays. Y a-t-il tout de même une chance de vous
voir aux JO?



JUSSI MARKKANEN: Non, 3 gardiens de NHL seront du
voyage, et c'est mieux ainsi. Je peux vivre avec l'idée de ne pas
aller à Vancouver. Vous savez, si j'étais le coach de la Finlande,
je ne me sélectionnerais même pas (rires).



Propos recueillis par Michaël Taillard