GE-Servette reprend sa quête du Graal. Paul Savary à l'interview

Après les succès de la dernière saison et une deuxième finale en trois ans (défaite 4-3 face à Berne), on attend beaucoup du Genève-Servette édition 2010/2011. Le club de l'omnipotent Chris McSorley a toujours les armes pour décrocher enfin un premier titre. L'effectif grenat n'a en effet pas trop bougé, même si le trou laissé en attaque par Juraj Kolnik, attiré par les roubles de la KHL, sera dur à combler.

Mais l'arrière-garde accueille elle un renfort de poids, Brian Pothier. L'Américain aux 362 matches de NHL sera amené à diriger le jeu de puissance. "Je me réjouis de commencer le championnat. Le système de jeu prôné ici est similaire à celui que j'ai connu à Washington", a déclaré le transfuge des Carolina Hurricanes.

Le spectre de la saison 2008/2009

Au but, si Tobias Stephan connaît la même constance et la même sérénité que durant l'exercice précédent, Genève ira encore loin. Bref, tous les ingrédients servant à un beau parcours sont réunis! Cet été, qui plus est, les autorités genevoises ont même accordé une manne de 5 millions de francs sur deux ans aux Aigles, alors en cruel manque de fonds.

Mais le spectre de la saison 2008/2009, où Genève-Servette se faisait éliminer en quarts de finale un an après avoir atteint la finale, rappelle que rien ne sera facile. Paul Savary (28 ans), plus ancien membre du club -l'attaquant genevois pure souche évolue en première équipe depuis 1999/2000 et est le seul à avoir connu "l'avant-Chris McSorley"-, s'est confié à tsrsport.ch.

Savary: "on se sent redevable envers les Genevois"

tsrsport.ch: Tout le monde parle du titre à Genève. Est-ce que votre équipe ressent cette pression venant des supporters?

PAUL SAVARY: En fait, nous nous sentons redevables envers la population du canton, après ce que les politiques ont fait pour le club. Mais de la pression, nous nous en mettons aussi nous-mêmes, et je pense que toutes les formations sont nerveuses avant la reprise.

tsrsport.ch: La finale 2008 fut mal digérée la saison d'après (0-4 en quarts de finale contre Kloten). Redoutez-vous un "bis"?

PAUL SAVARY: On n'est jamais à l'abri d'une mauvaise saison... Bien sûr, on fait partie des favoris, mais on n'est peut-être pas non plus le favori no1. Gottéron avait fini trois fois deuxième dans les années 90, nous ne sommes donc pas assurés de devenir champions! Et on ne retrouve pas toujours les mêmes équipes en finale d'une année à l'autre. Il y a vraiment peu de différence entre les clubs de pointe.

tsrsport.ch: Quelques jolis "noms" de la NHL ont rejoint la LNA: Glen Metropolit à Zoug, Cristobal Huet à Fribourg et Brian Pothier à Genève!

PAUL SAVARY: Le championnat sera effectivement très intéressant. La LNA a un excellent niveau, on l'a constaté en préparation. On a fait bonne figure contre des clubs russes de KHL. La LNA, deuxième meilleure ligue européenne? Je n'aime pas comparer les championnats.

tsrsport.ch:

Les départs de Reto Suri et de Marco Maurer, brillants dans les blocs d'attaque défensifs, et surtout du génial Slovaque Juraj Kolnik, ont-ils été compensés à vos yeux par les arrivées de Brian Pothier et de l'attaquant américano-suisse Eric Walsky (réd: les attaquants étrangers Laurent Meunier et Bryan Lerg ont aussi été engagés, mais pour de courtes durées)?

PAUL SAVARY: On le saura à la fin de la saison... Pour l'instant, il est trop tôt pour tirer des conclusions. Il sera important que chaque membre de l'équipe élève son niveau de jeu afin de compenser les pertes de Suri et de Maurer. Les nouveaux, eux, arrivent dans un collectif déjà bien rodé, ce n'est pas toujours évident. On les a bien accueillis, en tout cas.

"Il n'y a pas d'ambiance à Rapperswil"

tsrsport.ch: Sur un plan personnel, 2009/2010 s'était révélé un grand cru pour vous. Avec 43 points (dont 13 buts), vous aviez quadruplé votre précédent total. En mai, cerise sur le gâteau, vous disputiez même votre premier Championnat du monde avec l'équipe nationale. Espérez-vous rééditer pareils exploits?

PAUL SAVARY: Je me suis préparé en conséquence, en tout cas. J'aimerais bien continuer à m'améliorer, c'est le but de chaque joueur, même si à 28 ans, ma marge de progression est assez réduite. Vendredi, on repart à zéro et il faudra que je livre la marchandise. Mais l'expérience que j'ai acquise jusqu'à présent me sert de base.

tsrsport.ch: Dans une récente émission du "Café des Sports" sur la tsr, le journaliste alémanique Klaus Zaugg décrivait Genève-Servette comme le "plus alémanique des clubs de LNA". Qu'en pensez-vous?

PAUL SAVARY: J'ai aussi regardé ce débat. Il voulait dire par là que Genève-Servette possède d'excellentes structures. J'aime bien sa démarche, il crée des polémiques constructives et là il voulait titiller les francophones. Pour ma part, je dirais que chaque match aux Vernets est présenté comme un événement. En Suisse alémanique, en revanche, cela manque parfois d'ambiance. Par exemple, Rapperswil pourrait davantage s'inspirer de nos pratiques!

Michaël Taillard