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Ari Sulander, le vénérable doyen de la LNA, à l'interview

Sulander [Arnd Wiegmann]
Sulander et le trophée de la Ligue des champions, gagné par Zurich en 2009. - [Arnd Wiegmann]
A 42 ans, Ari Sulander est le doyen de la LNA. Bien qu'il ait peu joué cette saison avec Zurich, les Lions ont prolongé le contrat de leur gardien d'un an. Le Finlandais, qui recevra bientôt son passeport suisse, s'est confié à tsrsport.ch.

Doyen de la LNA à 42 ans, Ari Sulander force le respect. Ne serait-ce que par son gabarit (187 cm, 88 kg), mais aussi par son visage rugueux, sa tignasse blonde et sa moustache, que n'auraient pas reniés les Vikings du temps de leur gloire.

Mais la reconnaissance, le gardien finlandais l'a surtout méritée sur la glace. Avec un titre mondial, une médaille de bronze olympique, une Ligue des champions, 4 titres de champion de Finlande et 3 titres de champion de Suisse, "Sulo" pourra mettre un terme à sa carrière sans regrets, le jour venu. Mais l'heure de la retraite n'a pas encore sonné. Dans l'attente de son passeport suisse, qui devrait lui parvenir d'ici 2 à 3 mois, il vient de rempiler pour une saison à Zurich!

Sulander a certainement en tête le rêve d'évoluer un jour avec son fils Santtu (18 ans), attaquant de l'équipe "junior élite" des ZSC Lions. "Mon fils se sent plus Suisse que Finlandais, et cela constitue l'une des raisons pour lesquelles ma famille et moi resterons à Zurich à l'issue de ma carrière", nous a-t-il confié.

"La clé? Rester en santé"

Sulander2 [KEYSTONE - Alessandro Della Bella]
Sulander2 [KEYSTONE - Alessandro Della Bella]

tsrsport.ch:

Vous avez récemment prolongé votre contrat jusqu'en 2012. Ne craignez-vous pas de jouer la saison de trop?

ARI SULANDER: Ce ne sera pas forcément mon dernier tour de piste. J'aime mon métier, alors pourquoi arrêter?

tsrsport.ch: Etes-vous en compétition avec Dominik Hasek (46 ans), le mythique gardien tchèque du Spartak Moscou? Le premier qui arrête a perdu?

ARI SULANDER: Hum... (sourire). Je ne sais pas. Je crois qu'il veut jouer encore un moment, alors il a trop d'avance pour que je le rattrape. A mon âge, la clé est de ne pas subir de graves blessures. J'aurais peut-être déjà rangé mes patins, dans ce cas...

tsrsport.ch: Honnêtement, lorsque vous êtes arrivé à Zurich en 1998 en provenance du Jokerit Helsinki, pensiez-vous que vous alliez y vivre une si belle histoire et y trouver une deuxième patrie?

ARI SULANDER: Non. A l'époque, je me disais que si j'arrivais à jouer à un bon niveau jusqu'à mes 35 ans, ce serait déjà pas mal. En fait, tout s'est passé de manière idéale pour moi dès le début, et je n'ai jamais vu de raison valable de quitter les Lions ensuite.

tsrsport.ch: Même en 2000, quand Edmonton et la NHL vous faisaient les yeux doux?

ARI SULANDER: En fait, l'offre des Oilers n'était pas vraiment bonne. Et si on me renvoyait dans les ligues mineures, cela aurait signifié des déménagements pénibles pour ma famille. J'ai préféré ne prendre aucun risque.

"J'aurais voulu jouer en NHL"

tsrsport.ch: Vous ne regrettez rien?

ARI SULANDER:

J'aurais évidemment voulu jouer en NHL, mais il aurait fallu que l'opportunité se

Sulander avait eu réduit Jonathan Toews (Chicago) au silence. [KEYSTONE - STEFFEN SCHMIDT]
Sulander avait eu réduit Jonathan Toews (Chicago) au silence. [KEYSTONE - STEFFEN SCHMIDT]

présente plus tôt. J'ai hélas percé sur le tard. Je suis devenu no1 au Jokerit à 24 ans, et à 28 ans en équipe de Finlande. Si ma carrière avait connu une autre tournure, les clubs nord-américains se seraient sûrement intéressés plus vite à moi.

tsrsport.ch: La NHL, vous l'avez tout de même côtoyée en septembre 2009, lorsque les ZSC Lions, avec vous-même au but, aviez dominé Chicago lors de la Victoria Cup.

ARI SULANDER: Les Blackhawks avaient écrasé Davos 9-2 la veille, alors ils nous ont sans doute sous-estimés. On a vraiment joué en équipe ce soir-là. C'était vraiment spécial de battre (réd: 2-1) les futurs vainqueurs de la Coupe Stanley 2010.

"Nagano? L'un de mes meilleurs souvenirs"

tsrsport.ch: Parmi vos plus grands exploits, il y a aussi la petite finale des Jeux olympiques de Nagano en 1998 (Finlande-Canada 3-2).

ARI SULANDER: Oui, c'est l'un des meilleurs souvenirs de ma carrière. Au 2e tiers, on a joué pendant 1'30" à 3 contre 5. Les Canadiens alignaient Wayne Gretzky, Brendan Shanahan, Steve Yzerman, Rob Blake et Al MacInnis. Je pensais, "oh la la, ils vont finir par m'en marquer un"! Par chance, cela n'a pas été le cas. Je suis fier d'avoir fait partie de cette "dream team", avec les Esa Tikkanen, Jari Kurri, Saku Koivu, Teppo Numminen et Teemu Selänne, qui tenaient ou tiennent encore des rôles en vue en NHL.

tsrsport.ch: Et puis en 1995, vous aviez aussi décroché l'or au Mondial en Suède. Le seul titre de la Finlande à ce jour.

ARI SULANDER: Je n'ai joué qu'un match dans ce tournoi, mais je suis aussi heureux d'avoir pu prendre part à cette épopée. Les célébrations qui ont eu lieu ensuite en Finlande furent mémorables. Dans le bus qui nous ramenait de l'aéroport au centre-ville d'Helsinki, on pouvait voir les gens nous faire des signes depuis chaque maison. Sur un bus, on a ensuite fait une parade devant 100'000 personnes en délire.

tsrsport.ch: Vous êtes ensuite un peu tombé dans l'oubli en Finlande, depuis votre dernière apparition sous le maillot de l'équipe de Finlande, en 2002/2003.

ARI SULANDER: Oui. Jusqu'à la demi-finale de la Ligue des champions entre Zurich et Espoo en 2009, beaucoup de Finlandais pensaient que j'avais déjà pris ma retraite. Cette confrontation contre Espoo, je voulais absolument la jouer et la gagner, pour qu'on se rappelle de moi.

Sulander3 [Laszlo Balogh]
Sulander3 [Laszlo Balogh]

tsrsport.ch:

En novembre, Zurich vous a prêté pour 5 matches aux Pelicans de Lahti. L'occasion pour vous d'un autre rendez-vous avec le public finlandais.

ARI SULANDER: Quand j'ai quitté la D1 finlandaise pour la Suisse, j'avais 399 matches au compteur. Mon but a toujours été d'atteindre la marque des 400 parties dans cette ligue, et grâce à cette pige, j'y suis parvenu. J'ai adoré cette expérience. Les patinoires sont plus petites en Finlande, et le style de jeu ressemble à celui de la NHL. Mais j'ai dû répondre à beaucoup trop d'interviews, à mon goût. Tous les journalistes voulaient me parler!

tsrsport.ch: Cette saison, sept portiers finlandais évoluent en NHL. En LNA, il y a Jussi Markkanen (Zoug) et vous. Comment expliquez-vous cette abondance de portiers talentueux provenant de votre pays?

ARI SULANDER: En Finlande, un enfant de 6-7 ans qui est gardien de but bénéficie déjà des conseils d'un entraîneur spécialisé. C'est loin d'être le cas partout ailleurs. Ensuite, les enfants finlandais prennent plus facilement pour modèles les gardiens, puisqu'ils sont plus nombreux à exceller à ce poste. C'est comme en Suisse, où les jeunes s'identifient à Roger Federer ou à Didier Cuche, car ils brillent dans leur domaine.

"Mon corps ne réagit plus comme avant"

tsrsport.ch: Cette saison, vous avez peu joué avec les ZSC Lions. On vous a souvent relégué en LNB aux GCK Lions. N'est-ce pas frustrant de devoir céder la place de no1 à Lukas Flüeler (22 ans)?

ARI SULANDER: Je vois les choses différemment. Entre nous, il existe une saine compétition. J'apprécie de participer au développement de Lukas. Ma présence doit contribuer à le stimuler, à le pousser à prouver qu'il est meilleur que moi. On ne reçoit pas une place de gardien no1, on la gagne soi-même. Quant à moi, je ne peux pas jouer trop, car mon corps ne réagit pas comme avant. Je dois faire attention à ce que j'entraîne, et quand je l'entraîne.

tsrsport.ch: Zurich n'effectue pas la saison que l'on est en droit d'attendre d'un tel club. Comment l'expliquez-vous?

ARI SULANDER: On manque de constance, c'est évident. A l'approche des playoff, nous devons absolument nous regrouper et agir en équipe. Mais c'est seulement si on perdra en quarts que l'on pourra dire que notre saison est ratée.

tsrsport.ch: Vous faites partie de la sélection d'étrangers qui affrontera l'équipe de Suisse mardi soir en match amical. A quoi vous attendez-vous?

ARI SULANDER: Ce ne sera pas un match de gala, je suis certain que l'équipe de Suisse prendra cette partie très au sérieux. Nous voudrons aussi gagner. Je m'attends à jouer durant 30 minutes.

Propos recueillis par Michaël Taillard

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Ari Sulander express

Musique favorite: AC/DC. Je les ai vus en concert à Zurich et j'ai adoré.

Plat préféré: la fondue.

Lieu de vacances favori: l'Ile Maurice.

Film préféré: Rocky.

Meilleur souvenir: la naissance de mes enfants, Santtu et Samu.

Hobbies: passer du temps avec ma famille, regarder des films.

S'il fallait ne retenir qu'un match: la dernière partie de la finale 1994 de la D1 finlandaise. J'ai fêté mon premier titre, avec le Jokerit Helsinki.

Votre idole: Hannu Kamppuri (réd: il fut l'un des premiers gardiens finlandais à évoluer en NHL, en 1984/1985 avec les New Jersey Devils). Je l'admirais quand il jouait au Jokerit Helsinki (réd: de 1975 à 1979).

Si vous n'étiez pas hockeyeur: je n'en ai aucune idée!

Le coéquipier le plus doué: Otakar Janecky, un attaquant international tchèque qui jouait avec moi au Jokerit Helsinki. Il avait des mains incroyables.

Ari Sulander en bref

Nom: Sulander
Prénom: Ari

Né le: 6 janvier 1969
Nationalité: Finlande

Poste: gardien
Tir: gaucher

Taille: 187 cm
Poids: 88 kg

Palmarès:
Club: champion de Finlande avec le Jokerit Helsinki (1992, 1994, 1996, 1997). Champion de Suisse avec les ZSC Lions (2000, 2001, 2008). Vainqueur de la Ligue des champions avec les ZSC Lions (2009). Vainqueur de la Victoria Cup avec les ZSC Lions (2009).

Mondiaux: champion du monde en 1995. Vice-champion du monde en 1998 et en 1999. Médaille de bronze en 2000.
Jeux olympiques: médaille de bronze en 1998 à Nagano.

Sélections en équipe de Finlande: 117

Clubs: Jokerit Helsinki (1988-1998), ZSC Lions (1998-), Pelicans Lahti (2010), GCK Lions (2010-).