Kimmo Rintanen, exemple de constance, à l'interview

Kimmo Rintanen (37 ans) est en quelque sorte une exception en LNA. Avec Ari Sulander, l'attaquant fait partie des rares étrangers du championnat suisse à être resté longtemps dans le même club. Cependant, malgré les excellentes performances réussies par le Finlandais depuis 2001, Kloten a décidé cet hiver de ne pas prolonger le contrat de l'ex-international aux 154 sélections.

Tant pis pour les Flyers! Le métronome né à Rauma ira distribuer ses passes géniales du côté de Lugano dès le prochain exercice. "Mon niveau de jeu n'a jamais baissé en 10 saisons", clame le triple vice-champion du monde.

"Kloten m'a déçu en ne me gardant pas"

tsrsport.ch: Les Flyers n'ont pas renouvelé votre contrat cet hiver. Après 10 ans de bons et loyaux services au Schluefweg, vous vous attendiez sûrement à mieux?

KIMMO RINTANEN: J'ai été très déçu. D'autant plus que je n'avais pas prévu de mettre déjà fin à ma carrière.

tsrsport.ch: On vous imaginait même peut-être rester dans le club à l'issue de votre carrière, dans de nouvelles fonctions.

KIMMO RINTANEN: Cela m'aurait plu en effet, mais cette opportunité s'est désormais évaporée. Les choses se sont passées autrement. Si je compte revenir tout de même plus tard à Kloten? Je ne sais pas, c'est dur d'y penser.

tsrsport.ch:

Vous avez reçu plusieurs offres en LNA, et d'autres de Finlande. Pourquoi, au final, avoir choisi celle de Lugano?

KIMMO RINTANEN: Car j'y retrouverai mon ami Petteri Nummelin. Je le connais depuis ma période junior et nous avons aussi joué ensemble en équipe nationale et au TPS Turku. Nos familles respectives s'entendent bien, on passe tous nos étés ensemble. Lugano a du potentiel, cette équipe n'a rien à faire en playout. Je ne sais pas quel est le problème cette saison. Mauvaise ambiance dans le vestiaire? Vu de l'extérieur, ça n'a pas l'air d'être le cas. Ce club ne pourra que s'améliorer la saison prochaine, j'en suis sûr.

tsrsport.ch: Il y a Nummelin, d'accord. Mais l'argent a aussi dû jouer un rôle, non?

KIMMO RINTANEN: Non! L'argent n'a jamais été l'aspect le plus important pour moi depuis mes débuts en LNA. Sinon, je jouerais depuis longtemps en Russie. Et je préfère justement jouer dans un lieu où ma famille et moi se sentent bien. Même pour tout l'or du monde, je n'irais jamais en KHL.

"Nummelin gagne le double de mon salaire"

tsrsport.ch: Il est cependant dur de croire que Lugano, un club riche, ne vous a pas proposé au moins un peu de cet or...

KIMMO RINTANEN: Bon, j'ai appris que Nummelin gagnait le double de mon salaire actuel à Kloten, qui ne fait pas partie des riches en LNA (sourire).

tsrsport.ch: Kloten, pourtant bien classé en fin de saison régulière ces 2-3 dernières années, n'a jamais réussi à aller au bout. Et la Coupe de champion suisse vous fuit depuis votre arrivée en 2001.

KIMMO RINTANEN: Il faut dire que durant mes 7 premières saisons, Kloten ne faisait pas vraiment partie des favoris. J'étais très frustré après la finale perdue en 2009 contre Davos, car cela s'est joué à peu de choses. On était peut-être pas encore mûr pour gagner. J'ai été sacré 3 fois en Finlande avec Turku, alors je sais quel goût a le succès. Je veux tout faire pour quitter Kloten sur un sacre. Mais ce sera dur.

tsrsport.ch: Votre compatriote et ex-coéquipier en équipe nationale Ari Sulander, gardien de Zurich depuis 1998, recevra bientôt son passeport suisse. Pensez-vous aussi à vous naturaliser?

KIMMO RINTANEN: Je ne sais pas. J'aurai 40 ans quand je serai en âge de l'obtenir. A cet âge, je ne pourrai peut-être plus aider une équipe. D'être aligné dans le 3e ou le 4e bloc et de jouer les seconds rôles, cela ne me dit rien.

tsrsport.ch: Parlez-vous l'allemand?

KIMMO RINTANEN: Je l'ai appris sur le tas, sans prendre de cours. J'ai des bases suffisantes pour me faire comprendre de mes coéquipiers. Mais mon vocabulaire est limité au monde du hockey. En dehors, ça se complique.

tsrsport.ch:

En ce sens, la présence des attaquants finlandais Tommi Santala et Marko Luomala à Kloten est-elle un plus?

KIMMO RINTANEN: Santala est là depuis 2008, et c'est toujours mieux quand un compatriote est à vos côtés. Depuis son arrivée, j'ai joué presque chaque match dans le même bloc que lui. Quand un match prend une mauvaise tournure, il est évidemment plus facile de parler avec un coéquipier dans sa langue maternelle. Car dans le feu de l'action, on ne trouve pas toujours les bons mots en allemand ou en anglais.

"Le futur du hockey suisse sera rose"

tsrsport.ch: Quel est votre avis sur l'évolution du hockey suisse?

KIMMO RINTANEN: Par rapport à mes débuts, les joueurs sont meilleurs défensivement. Tu as moins de temps pour prendre tes décisions, le jeu est plus rapide. La LNA fait maintenant partie de la crème de la crème en Europe. Avant, les étrangers pouvaient marquer 100 points en une saison. C'est révolu. Le futur du hockey suisse sera rose, car beaucoup de bons joueurs n'ont que 25 ans. Et ils travaillent individuellement en dehors des entraînements. C'est essentiel. Une jeune génération douée, c'est ce qui manque un peu en Finlande en ce moment.

tsrsport.ch: Vraiment? On peine à vous croire!

KIMMO RINTANEN: Les meilleurs Finlandais, Teemu Selänne et Saku Koivu en tête, sont tous nés dans les années 70. Certes, il y a quelques bons jeunes en NHL comme Joni Pitkänen, Tuomo Ruutu ou Mikko Koivu. Mais il y en a peu d'autres. Dans mon pays, on ne laisse pas libre cours à la créativité des juniors. Au contraire, on les force à appliquer des tactiques défensives, on ne détecte pas les buteurs. A mon époque, on s'amusait, autant à l'entraînement qu'en dehors avec les copains. J'ai d'ailleurs peut-être davantage développé mon instinct de buteur dans la rue que grâce à mes entraîneurs.

Propos recueillis par Michaël Taillard