Michal Barinka, le miraculé de Fribourg-Gottéron

Le crash de l'avion transportant le club russe du Lokomotiv Yaroslavl, le 7 septembre dernier, a bouleversé le petit monde du hockey sur glace.

En Suisse, cette tragédie a tout particulièrement touché Michal Barinka. Le défenseur de Fribourg-Gottéron connaissait la majorité des 44 victimes. Il portait en effet les couleurs du Lokomotiv quelques mois plus tôt.

Le colosse tchèque (1m92/102kg) participe largement au bon parcours des Dragons cette saison, stabilisant l'arrière-garde. Cet accident, dont il est en quelque sorte un rescapé, continue cependant de trotter dans sa tête.

"Dieu m'a sauvé"

tsrsport.ch: Ce ne doit pas être facile pour vous d'exercer votre métier cette saison, après ce qui est arrivé à vos ex-coéquipiers du Lokomotiv Yaroslavl...

MICHAL BARINKA: (son visage se crispe). Pendant les matches, j'ai besoin de me concentrer, mais ce n'est pas toujours facile. Je les revois parfois dans ma tête. C'étaient de bons amis, et plusieurs avaient des enfants en bas âge. C'est terrible pour les familles. De telles choses ne devraient pas arriver... Pendant plusieurs jours, je n'arrivais pas à penser à autre chose.

tsrsport.ch: De plus, il s'en est fallu de peu que vous ne signiez un nouveau bail avec cette formation....

MICHAL BARINKA: Oui, il en était question. Mais j'ai finalement choisi de rejoindre Fribourg. Dieu m'a sauvé... Cet accident a changé ma vision de la vie. Je ne veux pas en dire plus.

tsrsport.ch: Difficile de revenir à des considérations plus terre-à-terre. Mais en ce moment, Gottéron est en plein boom.

MICHAL BARINKA: On doit continuer à jouer en équipe, comme jusqu'à présent, afin de se qualifier pour les playoff. Après, tout sera possible.

tsrsport.ch: Les playoff de la LNA, ça vous connaît. Vous aviez atteint la finale avec Berne en 2007.

MICHAL BARINKA: On avait réalisé un joli parcours, mais on avait buté sur un excellent Davos. Nous avions perdu le 7e match d'un but (réd: 1-0), c'était frustrant. Berne avait de bons joueurs, et j'en retrouve quelques-uns à Fribourg.

tsrsport.ch: Vous faites allusion aux Canadiens Simon Gamache et Christian Dubé.

MICHAL BARINKA: Exactement. On pourrait répéter cet exploit ensemble, voire faire mieux, qui sait. Mais il nous reste encore beaucoup de travail.

Champion du monde avec une équipe "B"!

tsrsport.ch: Votre expérience pourrait peser dans la balance en faveur de Fribourg. Rappelons que vous avez été champion du monde en 2010 avec votre sélection.

MICHAL BARINKA:

C'est l'un des meilleurs souvenirs de ma vie. On avait pourtant une équipe "B". On avait Jaromir Jagr en attaque et Tomas Vokoun au but, mais le reste de l'effectif était composé de joueurs moyens.

tsrsport.ch: Des joueurs "moyens" qu'on rêverait d'avoir à disposition en Suisse!

MICHAL BARINKA: Ok, bon, vous voyez ce que je veux dire. Il n'y avait pas de grandes vedettes hormis Jagr et Vokoun (sourire).

tsrsport.ch: Votre carrière en NHL (34 parties entre 2003 et 2006 avec Chicago) n'a pas été une franche réussite. Comment l'expliquez-vous?

MICHAL BARINKA: Il y avait plusieurs bons défenseurs dans l'équipe réserve en AHL, qui essayaient en même temps que moi de se faire un trou en NHL. Duncan Keith et Dustin Byfuglien sont devenus des stars désormais. Une fois, les Blackhawks m'avaient rappelé, mais j'ai subi une commotion cérébrale qui m'a tenu à l'écart deux mois. Je n'ai pas eu de chance... Après 4 ans en Amérique du Nord, j'ai finalement décidé de revenir en Europe.

Propos recueillis par Michaël Taillard