Le vétéran suédois Michael Nylander à l'interview

Michael Nylander (39 ans) est revenu griffer les glaces de LNA en octobre, à Zurich, 15 ans après son passage à Lugano. Si le magicien suédois a perdu en vitesse, il enchante toujours le public avec ses dribbles, comme autrefois. Et ce grâce à une technique hors du commun, qui lui vient aussi en partie d'innombrables heures passées à pratiquer le unihockey -l'un des sports nationaux au pays de la "Tre Kronor"- durant sa plus tendre enfance.

D'abord au bénéfice d'un contrat d'un mois, l'attaquant aux 967 matches de NHL entre 1992 et 2009 a convaincu les Lions de le garder au moins jusqu'à Noël.

"J'ai des anges gardiens"

tsrsport.ch: C'est un petit miracle de vous voir encore jouer, après votre grave blessure à la colonne vertébrale survenue en octobre 2010, quand vous évoluiez aux Rochester Americans en AHL.

MICHAEL NYLANDER: Je peux dire que je suis chanceux. Je dois avoir des anges gardiens. Quand c'est arrivé, ma première préoccupation était ma santé. Heureusement, j'étais entre de bonnes mains dans les hôpitaux américains. Sur le moment, c'était vraiment le cadet de mes soucis de savoir si j'allais pouvoir rejouer ou non. Ce qui m'arrive maintenant, ce n'est que du bonus. J'espère encore jouer 2-3 saisons, mais ça dépend de comment je me sentirai.

tsrsport.ch: Vous avez tenté un retour en NHL en début de saison à Philadelphie, mais cela n'a pas fonctionné. On ne vous a pas gardé. Pas trop déçu?

MICHAEL NYLANDER: J'ai travaillé très fort cet été, pour être au sommet de ma forme au début du camp d'entraînement. Mais j'ai subi une petite blessure d'entrée de jeu. Cela m'a gêné. Je n'y pouvais rien...

tsrsport.ch: La NHL, c'est donc fini pour vous?

MICHAEL NYLANDER: Non, au contraire, mon but est d'y retourner. Je suis venu à Zurich afin de me remettre en forme. Je me vois bien retourner en Amérique du Nord en cours de saison. Mais je ne pense pas à la NHL tous les jours non plus. Je me focalise sur les ZSC Lions. Je travaille pour retrouver mon meilleur niveau. Ce qui arrivera ensuite, je n'en sais rien.

"On formait un joli duo avec Jagr"

tsrsport.ch: Votre meilleur niveau? Comme aux New York Rangers (2005-2007), quand vous brilliez aux côtés du Tchèque Jaromir Jagr?

MICHAEL NYLANDER:

Statistiquement, j'y ai vécu mes plus belles années, c'est vrai. On se trouvait les yeux fermés, on formait un superbe duo. On jouait du hockey "champagne". C'est l'endroit où j'ai pris le plus de plaisir à jouer. Le public du Madison Square Garden était bruyant. Mais quand on jouait mal, nos oreilles sifflaient!

tsrsport.ch: Vous avez changé de club une vingtaine de fois durant votre carrière, commencée en 1989. N'êtes-vous pas lassé de ces incessants déménagements, vous qui êtes le père de 6 enfants?

MICHAEL NYLANDER: Non. Je suis motivé à vivre des expériences. Le hockey me permet de découvrir des cultures différentes de la mienne et de voyager. Pendant le lock-out de la NHL en 2004/ 05, où j'ai joué pour trois équipes différentes, je me suis ainsi rendu en Russie. Mon frère Peter, qui y a évolué, me l'avait conseillé. Je n'y suis resté que 8 semaines, j'ai vu comment ça fonctionne. C'était "fun".

tsrsport.ch: Pourquoi vous êtes-vous décidé à rejoindre la Suisse et les ZSC Lions?

MICHAEL NYLANDER: Pour le moment, je ne veux pas encore rentrer en Suède. La Russie serait une expérience trop dure à vivre pour ma famille. En Suisse, les équipes sont proches les unes des autres et la qualité de vie est excellente. Et je connaissais déjà le pays pour avoir joué à Lugano dans le passé.

tsrsport.ch: La présence de Bob Hartley derrière le banc vous a-t-elle motivé?

MICHAEL NYLANDER: Il m'a vu jouer plusieurs fois quand il entraînait Atlanta, donc il sait de quoi je suis capable. C'est mon agent qui le connaît.

tsrsport.ch: Vous avez mentionné Lugano. Lors de votre venue en 1996/97, vous aviez survolé la LNA, y inscrivant 66 points (dont 51 assists!) en 44 rencontres.

MICHAEL NYLANDER: Je n'ai que des bons souvenirs de cette saison. J'ai adoré le Tessin, qui est une belle région. Je pouvais passer beaucoup de temps en famille. J'aurais préféré jouer en NHL à l'époque, mais mes négociations pour un nouveau contrat à Calgary pataugeaient. Malgré la défaite en demi-finales face à Berne, c'était une belle saison pour moi, à tous points de vue. Cerise sur le gâteau, j'ai été nommé meilleur attaquant du Championnat du monde 1997.

"On battrait le Bélarus 99 fois sur 100"

tsrsport.ch: Avec votre équipe nationale, vous avez fêté deux titres de champion du monde, en 1992 et en 2006.

MICHAEL NYLANDER:

C'étaient des expériences incroyables, mais très courtes. Si je pouvais échanger un de mes sacres mondiaux contre une Coupe Stanley, je le ferais. Pour gagner ce titre, il faut être performant d'octobre à avril, alors que le Mondial dure deux semaines.

tsrsport.ch: En 2006, la Suède devenait aussi championne olympique à Turin. Mais vous n'étiez pas de la partie...

MICHAEL NYLANDER: Je vivais ma meilleure saison. Mais Bengt-Ake Gustafsson n'a pas jugé bon de me sélectionner. Je n'y peux rien, il faut vivre avec.

tsrsport.ch: Vous avez par contre disputé les JO de Nagano'98 et de Salt Lake City'02. La défaite contre le Bélarus en quarts de finale aux USA (4-3) fut vécue comme une catastrophe en Suède...

MICHAEL NYLANDER: On savait qu'on devait gagner. Si on rejouait ce match 100 fois, on le gagnerait à 99 reprises. Il y avait une bonne ambiance dans l'équipe et on jouait plutôt bien. Les médias suédois étaient très déçus de nous, mais ça fait partie du sport. Parfois, des outsiders battent des favoris. Cela arrive... Mais je dois avouer que ce match est le plus grand regret de ma carrière.

Propos recueillis par Michaël Taillard