Ronnie Rüeger, l'homme aux 1000 matches en LNA

Ronnie Rüeger (38 ans) est devenu samedi dernier le 3e joueur de l'histoire, après Gil Montandon et Martin Steinegger, à jouer 1000 matches en LNA. Incroyable de constance, le gardien de Kloten a atteint 6 fois la finale des playoff, remportant trois titres.

Pourtant, le Zurichois n'a jamais reçu sa chance en équipe nationale lors de matches importants. Son malheur est de faire partie de la même génération que des Martin Gerber ou David Aebischer, qui ont fait leur trou à l'étranger.

Le vétéran est serein face à sa proche retraite, au terme, peut-être, de son contrat avec les Flyers en 2013.

tsrsport.ch: Vous avez atteint la marque mythique des 1000 matches en LNA. Un accomplissement rarissime!

RONNIE RÜEGER: J'ai été épargné par les blessures tout au long de ma carrière, que j'ai commencée il y a un bon moment (réd: en 1990/1991). Mais il est certain que j'en suis très honoré.

tsrsport.ch: Et vous êtes aussi le premier gardien ayant atteint la finale en LNA avec 3 clubs différents (Zoug, Lugano et Kloten).

RONNIE RÜEGER: J'ai eu de la chance de faire partie de bonnes équipes. C'est bien, mais mon but est de devenir champion avec 3 formations différentes.

tsrsport.ch: De vos 3 titres (un avec Zoug en 1998 et 2 avec Lugano (2003/2006)), lequel restera le plus marquant?

RONNIE RÜEGER: Le premier est toujours le plus spécial. D'autant plus que c'était aussi le premier dans l'histoire de Zoug.

"Lausanne m'a bien aidé"

tsrsport.ch: Vous souvenez-vous de votre pige à Lausanne en LNB, en 1996?

RONNIE RÜEGER: Oui, très bien, d'autant plus que cette expérience a bien lancé ma carrière en LNA. Car je ne jouais pas beaucoup à Zoug au début. Au LHC, j'ai disputé 5 matches. Cela m'a bien aidé, car lorsque je suis revenu à Zoug, on m'a aligné. J'ai adoré la ville de Lausanne et les supporters.

tsrsport.ch: Votre unique expérience à l'étranger fut un bref séjour en D1 suédoise, à l'AIK Stockholm (2000/01). Des regrets?

RONNIE RÜEGER: Non. Je serais bien resté une ou 2 saisons là-bas. Mais à l'époque, peu de recruteurs s'intéressaient à la LNA. Il a fallu un Mark Streit et un Marcel Jenni pour que ça change. Je n'y ai joué que 4 matches, mais c'était très enrichissant. On m'avait appelé un matin, l'après-midi j'étais dans l'avion, et le lendemain je jouais le derby contre Djurgardens. Personne dans le public ne s'attendait à ce que je sois là (rires). J'étais un peu déçu quand Zoug m'a rappelé. L'AIK m'aurait bien gardé encore un peu.

tsrsport.ch: En 2004/2005, pendant le lock-out de la NHL, vous formiez un duo à Lugano avec David Aebischer, alors gardien vedette de Colorado. Avait-il tranquillement accepté d'être votre remplaçant, au début?

RONNIE RÜEGER:

C'était le club qui avait décidé d'engager Aebischer, pas Larry Huras. C'est un entraîneur qui parle beaucoup avec ses joueurs. De cette manière, cette situation, qui n'était pas facile, a pu être gérée. On s'est toujours parlé entre six yeux tous les trois. De toute façon, Aebischer a aussi pu jouer par la suite. Je n'ai jamais eu de problèmes avec "Abby". C'est un super bon gars, très fair-play. Nous sommes de bons amis.

"J'ai été déçu lors du Mondial 2009"

tsrsport.ch: Sélectionné pour quatre Mondiaux et les JO 2010, vous n'avez pas joué une seule minute avec la Suisse lors de ces tournois. En voulez-vous à Ralph Krueger?

RONNIE RÜEGER: Non. J'ai dû accepter ses décisions de coach. Il y avait toujours de bons gardiens en sélection. Je suis spécialement fier d'avoir pu vivre les JO de Vancouver de l'intérieur.

tsrsport.ch: Mais lors du Mondial 2009 à Berne, Martin Gerber n'était pas au mieux. Vous auriez mérité une chance, non?

RONNIE RÜEGER: Ok, là, j'étais déçu. J'étais le portier no2 et normalement, celui-ci dispute au moins une partie contre une équipe plus huppée. Je m'étais préparé en conséquence.  A l'époque, toute l'équipe évoluait en-dessous de son niveau. On ne peut pas seulement jeter la pierre à Gerber. Je ne suis pas rancunier envers Krueger. Il m'a remercié pour ma fidélité à sa manière en me sélectionnant comme no3 pour les Jeux de Vancouver.

tsrsport.ch: Revenons au présent. Comment jugez-vous la saison de Kloten?

RONNIE RÜEGER:

On a trop de blessés. Nos juniors, qui les remplacent, donnent tout, même s'ils font parfois des erreurs. Je me sens leur grand frère, voire leur grand-père (rires). J'essaie de leur faire bénéficier de mon expérience. Mes performances? Je pense que je donne presque toujours une chance à l'équipe de gagner, même si je peux encore m'améliorer.

tsrsport.ch: L'infirmerie de Kloten étant bien remplie, la Coupe Spengler à venir ne s'apparente-t-elle pas à un calvaire?

RONNIE RÜEGER: J'espère qu'on aura des renforts pour ce tournoi. Et on récupérera l'un ou l'autre joueur. Pour ma part, je me réjouis, car ce sera ma grande première. En 1990, j'étais avec l'équipe de Suisse junior quand Kloten y participait. En 1992, j'étais à Davos en LNB et Fribourg nous avait remplacés.

Un kilt "trop étroit"

tsrsport.ch: A votre âge, préparez-vous déjà l'après-hockey?

RONNIE RÜEGER: J'y pense déjà depuis plusieurs années. C'était la raison de ma venue à Kloten. Ici, j'ai suivi une formation en marketing et je pourrais éventuellement rester au club dans ce domaine. Mais je suis ouvert à tout.

tsrsport.ch: Finissons sur une note légère. Vous êtes à moitié Ecossais, par votre mère. Avez-vous votre kilt?

RONNIE RÜEGER: Oui, j'en ai un à la maison! Mon frère a célébré son mariage "à l'écossaise". Du coup, je m'étais spécialement rendu en Ecosse pour m'y faire confectionner un kilt sur mesure. C'est un peu étroit (rires)! Ca fait 12 ans que je n'y suis plus retourné. J'ai le projet d'y aller bientôt, de nouveau. Pour faire un "whisky tour", ou quelque chose comme cela.

Propos recueillis par Michaël Taillard