Le coeur de Montandon penche pour Gottéron

Il fut le héros de l'unique victoire de Gottéron face à Berne en playoff. Gil Montandon (47 ans) avait en effet inscrit le 4-3 décisif en prolongation lors du 6e acte des quarts de finale en 2008, jouant un vilain tour à son ancien club.

"C'était génial, car on s'était qualifié in extremis pour les séries. Mais on n'avait pas réussi à se remobiliser ensuite pour la demi-finale contre Genève-Servette. Ca m'énerve encore maintenant", se souvient-il en riant.

Le Neuchâtelois aux 1070 matches en LNA (un record) a disputé cinq finales, toutes avec Berne, n'en perdant que deux. L'ex-attaquant international et actuel coach d'Uni NE en Première Ligue était l'homme idéal pour évoquer cette finale Fribourg-Berne.

"Je ne vais pas dans les vestiaires"

RTSsport.ch: Vous avez joué dans les deux clubs. Soutiendrez-vous Fribourg ou Berne?

GIL MONTANDON: Même si j'ai vécu des moments extraordinaires à Berne et que j'ai gagné 3 titres avec ce club (réd: 1991/1992/1997), j'ai un sérieux penchant pour Gottéron. J'habite pas loin de St-Léonard, où j'ai joué mes cinq premières saisons en LNA (réd: 1984-89). Comme j'ai évolué 15 ans au total à Fribourg et 10 ans à Berne, je suis à deux tiers pour Gottéron et à un tiers pour Berne (rires)!

RTSsport.ch: Vous avez pris votre retraite sportive à Gottéron en 2009. Treize joueurs du cadre actuel étaient vos coéquipiers. Avez-vous gardé le contact?

GIL MONTANDON:

Non. On ne s'évite bien sûr pas si on se croise, mais je préfère ne pas m'immiscer dans leur vie. J'aime mieux rester discret et ne pas jouer à l'ancien qui va aux vestiaires. Pour m'adresser indirectement aux joueurs, j'utilise ma rubrique dans "La Liberté". Par contre, j'assisterai avec plaisir aux rencontres à Fribourg, et j'enregistrerai les autres.

RTSsport.ch: Si 13 joueurs étaient déjà là en 2009, cela démontre que Gottéron a misé avec bonheur sur la continuité.

GIL MONTANDON: Oui. A mon époque, quelques-uns de ces joueurs n'étaient pas encore des ténors. Ils sont maintenant arrivés à maturité et sont "rentables". Ils récoltent aussi les fruits du travail fourni par la direction, qui a corrigé certaines erreurs commises dans le passé. Et il ne faut pas oublier que le budget est passé de 8 à 12 millions de francs.

"Andrei Bykov a changé de statut"

RTSsport.ch: L'absence de Christian Dubé, blessé, va-t-elle miner Gottéron?

GIL MONTANDON: Non. Personne n'est irremplaçable. L'expérience de Dubé peut être compensée par la fougue des plus jeunes. Un ancien comme Sandy Jeannin se révélera aussi encore plus précieux.

RTSsport.ch: A Fribourg, Andrei Bykov est l'un des protagonistes majeurs de ces playoff 2013. Il peut écrire une page d'histoire familiale, son père ayant perdu trois finales avec Gottéron dans les années 90...

GIL MONTANDON:

Quelqu'un m'a dit cette belle formule l'autre jour: Andrei était auparavant le fils de son père, mais maintenant c'est Slava qui est le père d'Andrei. Son statut a changé. C'est un joueur hors normes. Il anticipe beaucoup, il a une bonne technique de canne et fait des passes géniales. Comme son père, il peut s'adapter à toutes les situations. C'est ce qui fait les grands joueurs. A l'instar de son compère Julien Sprunger, il vit ses plus belles années.

"Au but, Fribourg est mieux loti que Berne"

RTSsport.ch: Au but, Benjamin Conz est lui aussi en état de grâce chez les Dragons.

GIL MONTANDON: Cette saison, c'est le meilleur gardien en Suisse. Sa lecture du jeu et ses déplacements latéraux sont extraordinaires. Il retient tous les pucks. On dirait qu'il les voit gros comme des ballons de plage! Avec lui, Gottéron est blindé. Et ça tombe bien, car en playoff, ça se passe du côté des gardiens. Berne est clairement moins bien loti à ce niveau-là. Marco Bührer est capable du meilleur comme du pire. Du coup, son équipe encaisse beaucoup de goals, comme lors de cette défaite 8-2 lors du 2e acte de la demi-finale contre Zoug.

RTSsport.ch: Si la défense des Ours est parfois poreuse, Gottéron n'a pas partie gagnée pour autant...

GIL MONTANDON: Non. A Fribourg, tout le monde veut le titre, mais c'est pareil à Berne! Je suis bien placé pour savoir que l'éthique de travail est très bonne au SCB. Là-bas, un match n'est jamais perdu. Ses joueurs sont des battants et ne feront pas de sentiments. L'ours bernois est un bel animal, c'est du bon Suisse allemand (rires)! A Berne, l'amalgame entre anciens et jeunes est bon. Et Byron Ritchie peut faire la différence à tout moment. Ils ont joué 2 matches de plus que Fribourg en séries, mais ce n'est pas ça qui va les mettre au fond du bac. Jeudi, ça repart comme en 40!

Propos recueillis par Michaël Taillard