Métier: préparateur physique. Mission: permettre à Roger Federer
et à Stanislas Wawrinka d'être en forme et les aider à pouvoir
exploiter leurs capacités athlétiques le mieux possible sur le
Circuit ATP. Pierre Paganini, pour qui "se reposer est aussi
important que jouer, dans le développement et la progression d'un
tennisman", entraîne depuis 10 ans le meilleur joueur du
monde. Roger Federer tournait alors autour de la 45e place
mondiale.
A la veille du coup d'envoi de la saison 2010, le Vaudois de 52
ans a accepté l'espace d'un instant de sortir de l'ombre pour
expliquer, notamment, comment il est tombé dans le monde de la
petite balle jaune et évoquer "ses" deux champions olympiques de
Pékin de double.
"La finalité c'est le jeu"
Roger Federer s'est
toujours donné le temps d'atteindre ce qu'il voulait.
Pierre Paganini
tsrsport.ch:
De prof de sport, vous avez dévié
dans le monde du tennis. Pourquoi?
PIERRE PAGANINI:
Je voulais avant tout être
préparateur physique. Déjà enfant, lorsque je regardais un match de
football, je me demandais comment les joueurs se préparaient. Cette
facette du sport était déjà bien ancrée en moi. Au départ, je
voulais être préparateur dans le milieu du football car c'est un
sport que j'ai pratiqué et que j'aime. Le hasard a voulu que je
reçoive en 1985 une offre dans le tennis, au centre national de la
fédération suisse à Ecublens. Le tennis est un sport passionnant
pour la condition physique. Le physique occupe une partie invisible
dans le tennis. Lors d'un match, on ne voit pas l'effort
athlétique. On voit d'abord le jeu, et moi j'aime bien ça. La
finalité, c'est le jeu!
tsrsport.ch:
Donc vous êtes l'homme de
l'ombre au service de Roger Federer et de Stanislas
Wawrinka.
PIERRE PAGANINI:
Tout à fait. J'adore cet aspect.
C'est un privilège de pouvoir travailler tranquillement.
"Les grands stars, comme Roger, font la différence toutes
seules"
tsrsport.ch:
En
quoi le travail physique dans le tennis est-il
spécifique?
PIERRE PAGANINI:
Ce sport implique qu'il faut
faire beaucoup de démarrages dans des zones de 2 à 6 mètres autour
du court. Vous ne faites pas un sprint de 30 mètres. Le joueur de
tennis doit être agile autour de son axe. Il doit avoir de bonnes
capacités d'endurance, d'explosivité et de coordination. Il faut
harmoniser tous ces facteurs.
Le joueur de tennis est toujours confronté à un puzzle, entre
l'attitude, les intentions tennistiques et la façon de se mouvoir
sur un court. Il doit essayer de trouver la solution à chaque fois
avec ces paramètres.
tsrsport.ch:
Le préparateur physique a-t-il
aussi un rôle au niveau du mental du joueur?
PIERRE PAGANINI:
Roger Federer a une telle
maturité qu'il sait lui-même sur quels points il doit travailler. A
force de collaborer étroitement avec lui, vous avez peut-être une
petite influence au niveau du mental. Je n'aime pas trop parler
d'influence extérieure car, en fin de compte, c'est le joueur
lui-même qui doit, avec ses propres qualités, exprimer la
différence. Les grandes stars, comme Roger, font la différence
toutes seules.
tsrsport.ch:
Quand Roger Federer dispute 70 à
80 matches par année, le calendrier c'est forcément votre
ennemi?
PIERRE PAGANINI:
Il est vrai que pour un
préparateur physique, cette succession de rencontres, de janvier à
fin novembre, n'est pas facile à gérer. Mais il faut préciser que
c'est aussi un défi pour le joueur et son entourage de trouver la
solution.
tsrsport.ch:
Mais physiquement il est
difficile d'aligner les tournois si l'on atteint souvent la
finale...
PIERRE PAGANINI:
Voilà pourquoi des joueurs comme
Wawrinka ou Federer s'octroient régulièrement des pauses.
"LA qualité des champions? Ne jamais lâcher"
Le talent peut vous
jouer un sale tour, si vous ne le respectez pas. Roger l'a compris.
Pierre Paganini
tsrsport.ch:
Après de nombreuses années sur le
Circuit, la lassitude et la saturation doivent inévitablement être
présentes parfois chez les joueurs. Comment faire pour conserver le
feu sacré?
PIERRE PAGANINI:
Ce sont les objectifs que le
joueur s'est fixés qui doivent l'amener à ne pas céder. Ces buts
donnent au joueur des oeillères au bon moment. Quand c'est
difficile, vous foncez, vous vous accrochez, et quand tout va bien,
vous êtes contents de laisser exprimer vos qualités. Il ne faut
jamais lâcher. C'est ça LA qualité des grands champions.
tsrsport.ch:
Le joueur peut-il s'entraîner à
avoir la présence d'esprit de réussir le bon coup après 4-5 heures
de match?
PIERRE PAGANINI:
Je pense que Roger Federer et
Stanislas Wawrinka sont des joueurs qui consacrent toute leur vie
d'athlète à essayer d'optimiser cette qualité-là. De temps en
temps, il faut agir, parfois réagir.
Tout est dans la façon dont vous êtes capables de gérer des
situations imprévisibles. En fait, après plusieurs heures de match
ce n'est pas seulement physique. C'est une question d'attitude par
rapport à la durée de la rencontre. La capacité de rester lucide
c'est quand l'être humain a le contrôle sur le joueur.
"Roger est quelqu'un qui a des qualités inouïes"
tsrsport.ch:
Pour le préparateur physique que vous êtes, est-ce plus
difficile d'entraîner le meilleur joueur du monde?
PIERRE PAGANINI:
Au niveau interactif, Roger
Federer est très facile d'accès. Il est tellement direct, spontané
et honnête dans la façon de dialoguer... Roger sait exprimer ce
qu'il souhaite, ce qu'il ressent. Cela me nourrit d'informations
très importantes. Il dit les choses comme elles sont.
tsrsport.ch:
Mais encore?
PIERRE PAGANINI:
Le côté plus complexe est que
Roger est quelqu'un qui a des qualités inouïes. Donc pour aller
toujours provoquer ses capacités, je dois aller chercher très loin.
Je dois lui présenter des exercices attractifs, parfois très
intenses et diversifiés, pour conserver sa joie naturelle. Le tout
en respectant les objectifs physiques de la planification et aussi
éviter les blessures à l'entraînement.
tsrsport.ch:
Justement, concernant Federer,
combien de fois par année s'astreint-il à des blocs de préparation
physique?
PIERRE PAGANINI:
Ce sont 3 à 4 blocs fonciers de
2 à 3 semaines chacun. Un en décembre, un en février, un en été et
un en septembre ou octobre. Puis, il y a des semaines intensifiées,
qui sont des formes de rappels physiques. Sur la continuité de
l'année, il y a également du physique de maintien, histoire de
prévenir les blessures, et des moments de récupération. Cela
représente environ 140 à 150 jours par année.
"Spontané et structuré"
Se reposer est tout
aussi important que jouer.
Pierre
Paganini
tsrsport.ch:
Vous côtoyez régulièrement Roger Federer. En quoi est-il si
unique?
PIERRE PAGANINI:
Je retiens avant tout son côté
humain. Il a une capacité à être spontané qui est inouïe. Et en
même temps, il est très structuré. Les artistes ont des facultés de
fantaisie et de vivacité d'esprit mais ont parfois de la peine à
être structuré. Roger, aussi bien l'homme que l'athlète, a les deux
qualités.
tsrsport.ch:
Où se situe sa force?
PIERRE PAGANINI:
Je dirais qu'il s'est toujours
donné le temps d'atteindre ce qu'il voulait. Il a toujours essayé
de tout faire pour atteindre ses buts.
tsrsport.ch:
Vous connaissez Roger Federer
depuis qu'il a 14 ans. Au-delà de ses nombreux titres, est-il resté
le même?
PIERRE PAGANINI:
S'il a autant mûri, c'est parce
qu'il a su rester lui-même.
tsrsport.ch:
On évoque souvent le talent pour
décrire Roger. Mais il n'y a pas que ça.
PIERRE PAGANINI:
Le talent seul ne suffit déjà
pas au départ d'une carrière. Certains, dans le tennis ou d'autres
sports, ont beaucoup de talent, mais n'ont pas fait le dixième du
chemin de Federer. Le talent peut vous jouer un sale tour si vous
ne le respectez pas. Roger l'a compris et a effectué tout le
travail tennistique et mental pour exprimer son talent.
tsrsport.ch:
Que répondez-vous à ceux qui ont
affirmé en 2008 que Roger Federer n'est pas le plus travailleur et
qu'il n'accepte pas la critique?
PIERRE PAGANINI:
Ce sont des foutaises. Je suis
bien placé pour le dire, car je vis quasiment au quotidien avec
Roger, que c'est tout le contraire. J'ai toujours dit que
mentalement Roger a effectué sa meilleure saison en 2008. Il avait
connu une année compliquée avec des problèmes gastriques, une
mononucléose et des soucis au dos. Malgré cela, il avait gagné l'US
Open, disputé les finales de Wimbledon et Roland-Garros, sans
oublier la demi-finale de l'Open d'Australie. C'est ce qu'on
appelle une saison incroyable! Roger s'était battu avec des moyens
limités. Il m'avait vraiment épaté.
"L'objectif est de toujours progresser"
tsrsport.ch:
Le "problème" n'est-il pas qu'une défaite en finale de Federer
est considérée comme un échec par le public?
PIERRE PAGANINI:
Le problème, ce n'est pas Roger
mais plutôt certains médias qui tiennent ce genre de
discours.
tsrsport.ch:
Lucien Favre avait déclaré il y
a quelque mois à tsrsport.ch que plus on atteint le haut niveau
plus ce sont les petits détails qui font la
différence...
PIERRE PAGANINI:
Donc ce ne sont plus des
détails. Là où je rejoins Lucien Favre, c'est que pour un joueur au
grand palmarès, qui a puisé dans ses qualités, il devra gérer tous
les éléments pour préserver ses acquis. Mais en plus, il devra
réfléchir dans quels domaines travailler pour encore
progresser.
tsrsport.ch:
Donc Roger Federer peut encore
franchir des paliers?
PIERRE PAGANINI:
L'objectif est de toujours
continuer à progresser.
tsrsport.ch:
Le plaisir peut, entre autre,
permettre de s'améliorer?
PIERRE PAGANINI:
C'est une notion essentielle. Il
faut vraiment avoir un amour profond dans ce que vous faites pour
réussir à laisser éclater ce plaisir à chaque match ou
entraînement. J'ai la chance de pouvoir travailler avec Roger et
Stanislas. Ils ont cette joie en eux. Ils me fascinent.
"Roger est malheureux s'il ne peut pas exprimer son
tennis"
Stan est quelqu'un
de fabuleux. On doit être fier en Suisse d'avoir un tel joueur.
Pierre Paganini
tsrsport.ch:
Roger a quasiment tout gagné.
Qu'est-ce qui peut encore le pousser à jouer?
PIERRE PAGANINI:
L'amour du jeu. Il adore le
piment qu'offre le sport de haut niveau. Il est malheureux s'il ne
peut pas exprimer son tennis. Pour lui, c'est une partie de sa
philosophie de vie.
tsrsport.ch:
Roger Federer a renoncé à
disputer le 1er tour de la Coupe Davis en Espagne en mars prochain.
Peut-on s'attendre de manière plus générale à ce qu'il joue moins à
l'avenir pour s'économiser?
PIERRE PAGANINI:
Lui seul décide et définit ses
objectifs. Tout ce que je peux dire, c'est que la récupération est
fondamentale. Se reposer est tout aussi important que jouer. L'idée
est de définir ces plages de récupération le plus judicieusement
possible.
tsrsport.ch:
A 28 ans, Roger Federer en a
donc encore dans le réservoir...
PIERRE PAGANINI:
Aujourd'hui oui, j'en suis
convaincu. Aussi longtemps qu'un joueur sera dans le coup
mentalement, il pourra toujours s'organiser au niveau de la
planification, des plages de récupération... Mais dès qu'il se
sentira "grillé" mentalement, ce sera peut-être le moment de
réfléchir. Je parle là de manière générale et non par rapport à
Roger.
"On parle beaucoup trop peu de Stan"
tsrsport.ch: A
votre avis, Roger Federer est-il prêt pour attaquer l'année
2010?
PIERRE PAGANINI: Il a toujours tout mis en oeuvre
pour être prêt. Mais après il faut jouer...
tsrsport.ch: Vous travaillez depuis 2003
aussi avec Wawrinka, actuel 21e joueur mondial.
PIERRE PAGANINI: Stan est quelqu'un de fabuleux
dont on parle beaucoup trop peu. On doit être fier en Suisse
d'avoir un tel joueur. A part sa famille et son entraîneur Dimitri
Zavialoff, personne ne croyait en lui quand il avait 11-12-13 ans.
Aujourd'hui, il fait une carrière solide. Je le vois encore gravir
des échelons. Il en a le potentiel, les possibilités et il fait
vraiment les efforts pour réussir.
tsrsport.ch: Pour un si petit pays, la Suisse
est vernie tennistiquement parlant!
PIERRE PAGANINI: Avec Hingis et Rosset,
notamment, la voie était déjà tracée.
tsrsport.ch: Et au niveau de la
relève?
PIERRE PAGANINI: Si on attend que naisse tous les
jours un Roger Federer, il faut arrêter de rêver. On a une Stefanie
Vögele, qui figure à la 76e place mondiale; on a une Timea
Bacsinszky, qui a le vent en poupe depuis quelques mois. Il faut
espérer qu'elle arrive à confirmer. Puis chez les garçons, il y a
2-3 éléments qui pourraient être prometteurs dans quelques années.
C'est facile de critiquer quand on n'a pas de champion. Mais c'est
très difficile d'en devenir un.
propos recueillis par Miguel Bao
"Tout est dans la façon dont vous êtes capables de réagir à des situations imprévisibles"
tsrsport.ch: Tout le monde connaît votre rôle actuel dans la structure de Roger Federer. Mais qu'avez-vous fait avant?
PIERRE PAGANINI: Au départ, j'ai pratiqué de l'athlétisme puis j'ai obtenu le diplôme fédéral de professeur de sport à Macolin. Dès 1985, j'ai commencé à travailler pour Swiss Tennis avec les cadres nationaux.
tsrsport.ch: Quel est le rôle du préparateur en fait?
PIERRE PAGANINI: Ma mission est de préparer le joueur athlétiquement. L'objectif est de lui permettre d'être le plus en forme possible et d'essayer de l'aider à pouvoir exprimer ses capacités athlétiques le mieux possible sur le court. La planification joue également un rôle très important dans ce processus de développement et de progression.
"FEDERER AURAIT ETE UN EXCELLENT LANCEUR DE JAVELOT"
tsrsport.ch: Donc théoriquement, vos méthodes doivent permettre à Roger Federer et à Stanislas Wawrinka de réaliser le même revers en début de match qu'au 5e set après 4 heures de jeu....
PIERRE PAGANINI: C'est une partie de la vérité. Il ne faut pas surestimer le physique. Vous pouvez être physiquement mauvais dans le 1er set et physiquement bon dans le 3e. Dans le tennis, ce n'est pas seulement ce que vous êtes capables de faire physiquement. Tout est dans la façon dont vous êtes capables de réagir à des situations imprévisibles.
tsrsport.ch: On évoque souvent la coordination et le jeu de jambes hors du commun de Roger Federer. Aurait-il pu pratiquer un autre sport de haut niveau?
PIERRE PAGANINI: Il aurait été un bon footballeur ou encore un bon joueur de volleyball. Je crois qu'il aurait aussi pu être un excellent lanceur de javelot parce qu'il a un bras rapide. Il a le feeling et le toucher. Mais il aurait dû travailler dur pour réussir.
tsrsport.ch: Le tennis a énormément évolué ces 15 dernières années. Le jogging et les abdominaux ne suffisent plus pour être au top...
PIERRE PAGANINI: L'important est de savoir pourquoi l'on fait du physique. Par exemple, un marathonien doit courir les 42,195 km le plus vite possible. Un joueur de tennis doit être capable de faire pendant plusieurs heures des démarrages, des replacements... Le tout de janvier à novembre.
"DANS LE TENNIS, VOUS FLIRTEZ AVEC LE SURREGIME QUASIMENT TOUTE LA SAISON"
tsrsport.ch: L'accumulation de tournois peut-elle expliquer l'augmentation du nombre de blessés en automne surtout?
PIERRE PAGANINI: Oui en partie, car les joueurs sont tous dans le 3e quart de la saison. Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en ligne de compte. Par exemple, après la tournée en Asie, où il fait bien chaud, les joueurs reviennent en Europe où il fait froid pour enchaîner des tournois. Ca peut être une source de blessures. Puis il y a des joueurs qui se battent comme des fous pour atteindre le Masters ou monter dans le classement et tirent trop sur la corde.
tsrsport.ch: D'où des joueurs qui sont en surrégime?
PIERRE PAGANINI: Ce n'est pas de leur faute. La blessure fait partie du haut niveau. Dans le tennis, vous flirtez avec le surrégime quasiment tout au long de la saison. Quand vous décidez de disputer 3 tournois de suite, vous pouvez perdre les 3 fois au premier tour ou disputer 15 matches d'affilée en 3 semaines. En fonction de ses objectifs fixés, le joueur doit faire des pauses pour récupérer et aménager des périodes de préparation physique, afin d'éviter au maximum les blessures.
tsrsport.ch: On dit souvent que le plus dur n'est pas d'arriver au top mais de le rester. D'accord?
PIERRE PAGANINI: J'avais tendance à le penser au début mais maintenant j'ai l'impression que c'est dur dès le départ. Les formes de difficultés ont changé. Ceci rend le chemin très difficile mais aussi plus attrayant. Il faut à chaque fois trouver les moyens pour être à la hauteur.
Pierre Paganini express
La première chose faite au réveil: un sourire à mon épouse Isabelle.
Repas préféré: la fondue bacchus.
Boisson favorite: l'eau minérale gazeuse, un petit Cabernet Sauvignon ou un bon petit vin suisse.
Plus grande qualité: quand je décide de me lancer dans un projet, je m'investis à fond.
Plus grand défaut: je suis impatient, parfois un peu susceptible.
Devise: voir le côté positif de toute chose qui se présente à moi.
Meilleur souvenir: mon mariage en 2001 et la naissance de ma fille Léa en 1985.
Pire souvenir: la perte de proches. Dans ces moments-là, j'ai toujours l'impression qu'il y a une forme d'injustice.
Dopage: c'est de la tricherie. Il faut être stupide pour recourir à ces moyens.
Salaire: fair-play pour ceux qui travaillent avec moi et fair-play pour moi qui travaille avec eux.