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Didier Défago est notre invité du lundi

Pour le Morginois, la motivation est toujours intacte
Pour le Morginois, la motivation est toujours intacte
Didier Défago est un homme heureux. A 30 ans, le Morginois est toujours aussi motivé à l'idée de chausser ses souliers de ski. Interview.

Après un en-cas à Sölden le week-end dernier, les cracks du
Cirque Blanc démarreront véritablement la saison lors de la tournée
américaine fin novembre. A l'instar de tous ses camarades, Didier
Défago a hâte de retrouver la compétition.



Cette saison, un bonheur supplémentaire attendra le Morginois au
foyer après avoir dévalé les pistes: la petite Alexane, qui est
venue agrandir la famille le 22 octobre. Pilier d'une équipe de
Suisse qui a retrouvé les joies du succès la saison passée, il
tentera de rivaliser avec ses coéquipiers Cuche, Albrecht ou
Berthod. Avec comme objectif de monter le plus souvent possible sur
le podium. A long terme, "Déf" pense finir en beauté à... Sotchi en
2014.



TXT: Avec un peu de recul, comment
analysez-vous votre première prestation en compétition cette année,
à Soelden?




DIDIER DEFAGO: Je suis déçu du résultat (ndlr:
18e). J'ai fait une grosse faute par manche. Mais il y a quand même
des choses positives. Même s'il est toujours difficile de se situer
après une course, je pense être dans le coup.



- Il y a un mois de pause jusqu'à la tournée américaine.
Comment allez-vous gérer cette période?




DIDIER DEFAGO: Je vais mettre l'accent sur la
préparation physique jusqu'à notre départ la semaine prochaine.
Ensuite, il s'agira de peaufiner les ultimes détails sur les pistes
américaines.

"Monter le plus souvent sur le podium"

- La FIS a édicté de nouvelles règles au niveau du matériel
cette année (skis plus larges et plaquettes sous les souliers plus
basses). Comment s'est passée l'adaptation?




DIDIER DEFAGO: Très bien. En géant, j'avais déjà
un peu d'avance sur les autres car mes skis étaient aux nouvelles
normes l'année passée. Pour ce qui est de la vitesse, j'ai testé le
nouveau matériel lors des Championnats suisses et l'adaptation a
été rapide.



- La descente était votre discipline faible la saison
dernière. Y avez-vous consacré une préparation
spécifique?




DIDIER DEFAGO: Non, pas spécialement. J'ai mis du
temps à trouver les réglages. Mais après Wengen, je n'ai quasiment
plus quitté le top-10 en 2007.



- Vous êtes-vous fixé des objectifs particuliers pour cette
saison?




DIDIER DEFAGO: Je tenterai de monter le plus
souvent possible sur le podium.



- Est-ce plus difficile de trouver la motivation avant une
saison où il



n'y a ni Championnats du monde ni JO?




DIDIER DEFAGO: Pas du tout. C'est vrai que ça va
être difficile de jouer les premiers rôles. Mais pourquoi ne pas
profiter de ma situation d'outsider? Il y aura quelques courses
intéressantes. A Val d'Isère, où auront lieu les Mondiaux en 2009,
et à Vancouver, nous pourrons faire des tests instructifs.

"Médias et public nous attendent au virage"

-
Après le renouveau du ski suisse l'an dernier, sentez-vous une
pression particulière sur l'équipe
?



DIDIER DEFAGO:

Oui, la presse, les sponsors et le
public nous attendent au virage. Je pense que Cuche a assez
d'expérience pour gérer cette pression, en tout cas un peu mieux
qu'Albrecht et Berthod. Mais au vu de la première manche sur le
glacier de Soelden, je crois que nous sommes sur la bonne
voie.



- Le fait d'avoir des coéquipiers qui marchent bien, ça vous
enlève de la pression ou ça vous stimule
?



DIDIER DEFAGO:

Un peu des deux. Quant on a une
performance un peu moins bonne, on peut se reposer sur les
autres.



- Comment expliquez-vous les bonnes performances de l'an
dernier, notamment dans les disciplines techniques
?



DIDIER DEFAGO:

C'est vrai que depuis les années
2000, on vivait une situation difficile. Beaucoup ont cru qu'on
pouvait remonter une équipe en une année ou deux. C'était une
erreur monumentale! Maintenant, Albrecht et Berthod tournent bien,
Hoffmann est de nouveau de retour au sommet cette année après une
blessure. Mais derrière, il n'y a pas tant de nouveaux athlètes...
Le travail fait avec la relève est bon, mais il faudra encore du
temps pour que les jeunes arrivent dans l'élite.

"Maintenant, on travaille sur le long terme"

- Vos entraîneurs, et notamment Patrice Morisod, sont-ils
pour quelque



chose dans ce retour au premier plan?




DIDIER DEFAGO: Il y a une chose fondamentale qui
a changé depuis quatre ans avec l'arrivée de Martin Rufener, le
chef du ski masculin: la continuité. Avant, on changeait de staff
pratiquement tous les ans. Maintenant, on travaille sur le long
terme. C'est très important de ne pas devoir recommencer à zéro à
chaque début de saison.



Quant à Morisod, je le connais depuis que je suis dans la relève.
Il connaît très bien les athlètes, il a le contact facile et le bon
oeil sur la piste.



- Qui voyez-vous comme favori au globe de cristal du
général?




DIDIER DEFAGO: Je dirais Svindal. A Soelden, il a
montré qu'il était très fort. Mais il ne faut pas tirer de
conclusions hâtives, la saison sera longue.



- Et quid de l'autre Didier? Pensez-vous qu'il a une
chance?




DIDIER DEFAGO: Comme il l'a très bien dit, ce
n'est pas le plus polyvalent du Circuit. Mais les autres ne sont
pas à l'abri d'une baisse de régime ou d'une chute lors d'une
course. Je ne le souhaite pas, mais ce genre de pépin pourrait
rendre la lutte plus ouverte.

"Je réalise gentiment le bonheur qui m'arrive"

- Quel regard portez-vous sur l'équipe de Suisse
féminine?




DIDIER DEFAGO: Elles sont dans la même situation
que nous il y a 5 ou 6 ans. Il y a une ou deux coureuses
expérimentées et derrière beaucoup de jeunes qui en veulent, par
exemple des Suter ou Gut, mais qui manquent d'expérience et de
mental, deux facteurs déterminants.



- Vous parlez de Lara Gut. Ne risque-t-elle pas de se brûler
les ailes en voulant aller trop vite?




DIDIER DEFAGO: C'est le monde extérieur qui la
fait aller vite! Mais c'est vrai qu'il faudra voir comment elle
supporte la pression. Je fais confiance à l'expérience d'Ansermoz
dans ce domaine.



- Sur un plan plus personnel, vous avez vécu récemment un
heureux événement avec la naissance de votre fille. L'homme que
vous êtes a-t-il changé?




DIDIER DEFAGO: Je réalise gentiment le bonheur
qui m'arrive. C'est seulement depuis Soelden que je peux vraiment
profiter de ma petite famille. C'est une étape supplémentaire dans
ma vie. Lorsque je suis à la maison, je me consacre totalement à ma
famille, ça me permet de déconnecter. A l'inverse, quand je suis
sur mes skis, je suis concentré à 100% sur ce que je fais.

"Je pense pouvoir aller jusqu'à Sotchi en 2014"

- Vous avez passé la trentaine cette année. Eprouvez-vous
toujours le même plaisir à mettre vos skis chaque matin?




DIDIER DEFAGO: De ce côté-là, il n'y a pas de
souci! La motivation et l'envie sont toujours intactes. J'aime ce
que je fais et je pense être au bon endroit.



- Vous êtes donc prêt à continuer pour quelques belles années
encore?




DIDIER DEFAGO: Oui, tout à fait. Si tout se passe
bien au niveau de ma santé, je pense pouvoir aller jusqu'à Sotchi
en 2014. Ca pourrait vraiment être quelque chose de sympa à vivre!
J'aurai 36 ans, c'est donc tout à fait réaliste si on compare avec
des Buechel ou des Jaerbyn, tous deux âgés de 37 ans.



TXT. Propos recueillis par Samuel Jaberg

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Didier Défago express

La première chose que vous faites le matin: j'éteins mon réveil.

Votre meilleur souvenir: ma victoire en super-G à Val Gardena en 2002 au niveau de ma carrière et la naissance de ma petite fille sur le plan privé.

Votre pire souvenir: les JO de Turin, je suis passé totalement à côté.

Le ski, c'est: une passion.

Si vous n'aviez pas été skieur: pourquoi pas footballeur, j'y ai joué dans ma jeunesse. Sinon, architecte, car j'ai vraiment aimé mon apprentissage de dessinateur en bâtiment.

Votre principale qualité: je ne me pose pas trop de questions. Ca peut être une qualité ou un défaut, tout dépend de quel côté on se place.

Votre principal défaut: je n'arrive pas à dire non.

Votre idole: (longue réflexion) A l'époque, j'admirais Michael Johnson.

Votre devise: l'union fait la force.

Votre salaire: assez pour vivre.