Publié

Stéphane Lambiel, un compétiteur né ambitieux

Pour le Valaisan de 24 ans, la glace est un besoin.
Pour le Valaisan de 24 ans, la glace est un besoin.
Auteur d'une aussi inattendue qu'étonnante 2e place aux Européens de Tallinn le 21 janvier, Stéphane Lambiel est gonflé à blocs avant les Jeux de Vancouver. Le Valaisan évoque sa passion et ses ambitions pour tsrsport.ch.

"Il faut souffrir pour avancer". Ces propos sortaient
de la bouche de Stéphane Lambiel le 8 avril 2007 lors de l'émission
"Pardonnez-moi" de Darius Rochebin. Le Valaisan de 24 ans faisait
référence à son esprit de compétiteur, de gagneur mais également à
sa sensibilité à fleur de peau, qui l'a conduit vers des
sommets.



Près de trois ans plus tard, le vice-champion olympique est
toujours animé de la même passion, de ce plaisir qu'il procure, à
coups de pirouettes, à ses inconditionnels et qui le fait avancer.
Et ce malgré des tiraillements aux adducteurs.



Stéphane Lambiel, récent vice-champion d'Europe, a évoqué pour
tsrsport.ch ses débuts et son amour pour le patinage, mais aussi
son retour, ses douleurs et la confiance qui l'anime avant les Jeux
olympiques de Vancouver.

Sur des patins dès l'âge de 7 ans

J'ai réalisé des
rêves que je n'avais même pas osé imaginer lorsque j'étais plus
jeune.

Stéphane Lambiel

tsrsport.ch:

- Comment vous est née la passion
pour le patinage
?



STEPHANE LAMBIEL:

J'ai eu la chance de voir
énormément d'heures de patinage car ma soeur l'a pratiqué avant
moi. Le fait de faire partie de ce monde m'a donné envie de mettre
les patins et de copier un peu tous les grands champions que je
voyais à la télévision. Cette passion est née en moi ainsi et j'ai
eu le désir de l'exprimer sur la glace.



tsrsport.ch:

- A quel âge avez-vous
commencé
?



STEPHANE LAMBIEL:

J'ai su à 7 ans que je ne
voudrais faire que du patinage. J'étais déjà là à fond dans le
patinage. D'ailleurs, la première fois que je suis allé skier,
j'avais 18 ans.



tsrsport.ch:

- Qu'est-ce qui vous plaît
autant dans le patinage artistique
?



STEPHANE LAMBIEL:

Le côté athlétique dans ce
sport m'impressionne beaucoup. Il y a aussi un côté artistique
incroyable. On peut y utiliser son corps pour exprimer des
sentiments tels que la douleur, la joie. Ce n'est pas qu'un sport,
en fait. Il y a aussi ce côté spectacle qui m'attire
énormément.



tsrsport.ch:

- Petit, imaginiez-vous
atteindre un jour deux titres de champion du monde et un de
vice-champion olympique
?



STEPHANE LAMBIEL:

J'ai réalisé des rêves que je
n'avais même pas osé imaginer lorsque j'étais plus jeune.

Mieux vivre "court et bien que long et mal"

Le cabinet de physio
n'est jamais très loin.

Stéphane
Lambiel

tsrsport.ch:

- Le
17 octobre 2008, vous aviez annoncé votre fin de carrière en raison
de problèmes récurrents aux adducteurs. Le sport de haut niveau
n'est pas forcément bon pour la santé..
.



STEPHANE LAMBIEL:

La blessure n'est jamais très
loin pour un sportif d'élite. Ca peut faire mal, mais ça vaut le
sacrifice. Je ne sais pas si le sport d'élite est bon pour la
santé, mais il l'est en tout cas pour la tête.



Cela peu sembler un peu extrémiste de présenter les choses ainsi,
mais mieux vaut vivre court et bien que long et mal. Tous les
patineurs qui atteignent le haut niveau commencent à un jeune âge.
Le sport de haut niveau en général est ainsi fait. Je ne connais
pas un sportif qui ait traversé toute sa carrière sans
blessure.



tsrsport.ch:

- Vous voilà de retour mais les
douleurs sont toujours là. Est-ce bien raisonnable
?



STEPHANE LAMBIEL:

Le problème avec la hanche est
toujours là. On a cependant trouvé un chemin avec mon entourage
pour pouvoir m'entraîner sans trop de douleurs, en vue d'une
compétition telle que les Jeux olympiques.



J'espère pouvoir patiner à Vancouver sans aucune gêne, mais il
faut savoir que le cabinet de physio n'est jamais très loin de la
patinoire. Depuis les Championnats de Suisse, en décembre dernier,
je construis chaque jour quelque chose de fort. Je vois la suite
avec confiance.



tsrsport.ch:

- Que répondez-vous à ceux qui
affirment que votre retour correspond à un énième
caprice
?



STEPHANE LAMBIEL:

(longue hésitation) Chacun sa
route.



tsrsport.ch:

Quoiqu'il en soit, votre esprit
de compétiteur a pris le dessus
!



STEPHANE LAMBIEL:

L'esprit de compétiteur ne m'a
jamais quitté en fait. J'ai toujours eu l'envie en moi de me
dépasser. Lorsque j'ai annoncé ma retraite du sport d'élite fin
2008, c'est que ma santé ne me permettait plus de m'entraîner
correctement pour réussir une grande performance.

A 100%

Je veux toujours
être champion olympique. Maintenant, je ne sais pas si cela
marchera.

Stéphane
Lambiel

tsrsport.ch:

- De
célèbres sportifs sont sortis de leur retraite dernièrement.
Justine Henin, Michael Schumacher, Evgeny Plushenko... Est-ce si
difficile de quitter le devant de la scène
?



STEPHANE LAMBIEL:

L'absence d'adrénaline une fois
de retour dans la vie normale peut être un des facteurs pour
expliquer ces retours. Pour moi, l'envie d'aller sur la glace, avec
ou sans compétition, est ancrée en moi.



Je ne sais pas si l'envie de disputer une compétition, de passer
devant les caméras, joue un grand rôle. Ce qui est sûr, c'est que
le fait d'être sur la glace, de travailler, est un besoin.
Peut-être que ces grands sportifs qui reviennent ont toujours cette
nécessité de bouger et d'évacuer toute cette énergie.



tsrsport.ch:

- Il y a 16 mois, vous aviez dit
mettre un terme au sport de haut niveau car vous n'étiez plus à
100% de vos moyens physiques. Il était impossible à vos yeux de
gagner dans ces conditions. Qu'en est-t-il aujourd'hui
?



STEPHANE LAMBIEL:

Je suis à 100% et je veux
toujours être champion olympique, c'est clair. C'est mon côté
compétiteur. Je donne tout et ensuite on verra. Maintenant, je ne
sais pas si cela marchera. Je ne suis pas voyant.

"La rivalité n'est pas directe"

tsrsport.ch: - Evgeny Plushenko sera le
patineur à battre à Vancouver!



STEPHANE LAMBIEL: La rivalité avec Plushenko, ou
d'autres d'ailleurs, n'est pas directe. Sur la glace, tu es tout
seul. Mon but est de présenter le meilleur programme possible. Je
ne peux pas influencer les prestations des autres.



tsrsport.ch: - On a l'impression que le Russe
a une longueur d'avance sur tout le monde. En caricaturant,
Plushenko c'est la technique et vous la grâce, l'élégance.
D'accord?



STEPHANE LAMBIEL: Non, pas vraiment. Nous avons
chacun notre technique et chacun notre grâce. Nous sommes plutôt
complets, mais de manière différente.



tsrsport.ch: - Continuerez-vous après les
Jeux?



STEPHANE LAMBIEL: Tout reste ouvert.



Propos recueillis par Miguel Bao

Publié

Stéphane Lambiel express

Première chose faite le matin: je déjeune.

Boisson préférée: l'eau.

Principale qualité: ma spontanéité.

Principal défaut: mon impatience.

Meilleur souvenir: j'en ai beaucoup. Difficile de n'en ressortir qu'un.

Pire souvenir: aucun.

Une idole: aucune.

Une devise: aller toujours plus loin.

Lieu de vacances préféré: chez moi.

Si vous n'aviez pas été patineur: j'aurais été danseur.

Le patinage c'est: ma vie.

Le dopage c'est: pas bien.

Salaire: je gagne ce que je mérite.