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George Bastl nous parle de sa vie de tennisman

George Bastl veut à nouveau regarder vers le haut.
George Bastl veut à nouveau regarder vers le haut.
George Bastl se démène dans les tournois Challengers des quatre coins de la planète. L'habitant de Villard (257e à l'ATP) nous décrit sa vie hors du top-100 de l'ATP.

Au moment où les huit meilleurs (et plus
riches) joueurs de la planète se retrouvent à Shanghai, George
Bastl (33 ans), lui, se démène sur le front des Challengers,
histoire de grappiller quelques points, et se rappeler peut-être
aux bons souvenirs de son passé. Houston ou Shanghai, peu importe.
De Masters, il n'en a jamais été question pour le Villardou, dont
la 71e place ATP reste le meilleur ranking. Un autre monde, c'est
tout. Reste que la passion est toujours là, pour son tennis à lui.
Arrêter? Pas question! Le dernier vainqueur de Sampras à Wimbledon
l'a confié en toute franchise à tsrsport.ch. Un régal!



tsrsport.ch:

Votre quotidien, aujourd'hui, ce
sont les tournois Challenger. Ca doit changer d'Indian Wells ou
Wimbledon..
.



GEORGE BASTL:

J'ai été très handicapé pas de
petites blessures en 2007, ce qui m'a un peu empêché de jouer. J'ai
donc commencé l'année en étant 500e au classement ATP. Les 6
premiers mois, j'ai donc surtout joué des Challengers et des
qualifications de Challenger pour rejouer et remonter au
classement.



tsrsport.ch:

Quand vous voyez votre
classement actuel (257e), ça vous fait quoi
?



GEORGE BASTL:

Je suis obligé de le regarder, car
c'est lui qui m'ouvre les portes de tel ou tel tournoi.



Mais je joue uniquement pour mon plaisir. Seulement, je sais que
je dois jouer ces petits tournois pour améliorer mon classement, et
donc pour obtenir davantage de flexibilité dans le choix des
épreuves qui me plaisent. Je pourrais alors à nouveau m'aligner
dans les qualifications des Masters Series ou les Challenger dont
j'ai envie, histoire de ne plus être tributaire de leur emplacement
géographique.



tsrsport.ch:

Où vous situeriez-vous, par
rapport à votre jeu, à l'heure actuelle
?



GEORGE BASTL:

Entre la 100e et la 130e place. Ces
dernières semaines, j'ai régulièrement battu des gars là entre.

"J'ai plus de plaisir à jouer maintenant"

tsrsport.ch: Vous étiez 71e joueur mondial
en mai 2000. Cela n'a pas été trop dur de "disparaître de la
lumière" ensuite?




GEORGE BASTL: Pas du tout. Avec les années, j'ai
compris le fonctionnement des médias. On a un peu parlé de moi il y
a quelques années, quand j'étais no2 ou no3 suisse, mais maintenant
beaucoup moins et ça ne me dérange pas. Même si je sais que ça
revient avec les résultats, ce n'est pas un but en soi. Je ne joue
pas pour ma petite popularité.



tsrsport.ch: Donc vous "courez" après
quoi?




GEORGE BASTL: Le tennis, c'est ma passion. J'ai
plus de plaisir à jouer, à gagner maintenant qu'au début. Mais pour
que ce plaisir continue, je dois être épargné par les blessures, ce
qui a été le cas en 2008. Aujourd'hui, c'est après cette stabilité
que je cours. Et si tout ça est en place, mon niveau de jeu, les
résultats et le classement vont suivre.



tsrsport.ch: Y a-t-il un but, une
limite?




GEORGE BASTL: Pas au niveau du classement en tout
cas, tout dépendant des blessures. Mais il est clair aussi que je
ne joue pas pour rester entre la 200e et la 300e place mondiale. Je
veux me rapprocher de la 100e sans aucune limite dans le temps.
Tant que j'aurai du plaisir, je continuerai cette vie.

"L'après-carrière, on verra plus tard"

tsrsport.ch: Parfois, certains joueurs
n'osent pas arrêter car ils ne savent pas quoi faire après. Ce
n'est pas votre cas?




GEORGE BASTL: Je ne me suis pas encore posé la
question de l'après-carrière. Actuellement, je suis à 100% dans le
tennis et j'y prends beaucoup de plaisir. Je sais que ce moment
viendra, inéluctablement, mais je n'y pense pas.



tsrsport.ch: Mais vous savez déjà ce que vous
ferez après? Dans le tennis?




GEORGE BASTL: J'ai plein de projets, d'idées et
d'opportunités, mais pas forcément dans le tennis. Plutôt quelque
chose en rapport avec mes études universitaires dans la finance, un
domaine qui m'intéresse énormément.



tsrsport.ch: Pensez-vous que votre carrière
aurait pu être différente avec l'une ou l'autre victoire lors de
ces fameux 5es matches de Coupe Davis en 5 sets contre l'Australie
ou la France à Neuchâtel?




GEORGE BASTL: Mon plus grand succès, ça reste la
victoire sur Sampras, à Wimbledon 2002, et c'était donc après ça.
Ils m'ont donc peut-être aussi aidé... Quand j'ai joué Hewitt et
Philippoussis à Zurich, tous deux faisaient partie du top-10, alors
que moi j'étais autour de la 100e place. Ils étaient donc presque
hors de portée pour moi. J'ai réussi à élever mon niveau de jeu au
maximum pour être à 2 doigts de gagner. Contre Escudé, ça s'est
joué sur un point...

"Battre Sampras, un grand souvenir"

tsrsport.ch: Vous avez évoqué ce fameux
match contre Sampras, gagné en 5 sets. Vous avez été le dernier à
le battre dans son jardin. Qu'en retenez-vous?




GEORGE BASTL: J'ai appris à l'apprécier davantage
avec le recul. Sur le moment et dans les années qui ont suivies, je
n'y ai pas attaché autant d'importance que maintenant. Lui, il a
arrêté alors que moi je joue toujours... Un grand souvenir. On m'en
parle encore.



tsrsport.ch: On parle beaucoup de l'ATP, mais
rarement des Challengers. Qu'y a-t-il de différent entre les
deux?




GEORGE BASTL: L'aspect financier, évidemment.
Puis au niveau de la qualité d'accueil, de la prise en charge,
etc... La qualité des hôtels n'est pas la même non plus...



tsrsport.ch: Ca signifie que sur l'ATP on est
au Hilton et à l'Ibis en Challenger?




GEORGE BASTL: Non, quand même pas. Aux USA, par
exemple, il y a la possibilité pour les joueurs de résider chez
l'habitant, ce que j'essaie de faire au maximum. Ca te permet de
faire de belles rencontres, de sortir de la stérilité des chambres
d'hôtel qui, au long de l'année, se ressemblent toutes.

"En Challenger, tu te "déchires" plus!"

tsrsport.ch:

Une
rumeur dit que l'ATP paie tous les frais (voyages+hôtels) aux
top-100
!



GEORGE BASTL:

Non, à moins d'un accord avec une
compagnie aérienne, chaque joueur paie ses billets d'avion. Aux
Swiss Indoors de Bâle, par exemple, l'hôtel est payé pour 5 nuits.
En Challenger, certains tournois paient l'hôtel, d'autres pas. De
plus, sur un tournoi ATP comme Bâle, tu reçois 8000 euros pour un
1er tour. Le joueur qui est dans le tableau est donc déjà en
positif. Si tu perds au premier tour, que tu paies ton billet
d'avion et celui de ton coach et que tu n'es pas un gros flambeur,
tu arrives à en mettre 4000 de côté après impôts. En Challenger, tu
commences déjà à moins 1000 car la prime du premier tour, c'est
peut-être 150 euros. Ca ne te paie donc même pas les repas, ni les
billets d'avion ni l'hôtel...



tsrsport.ch:

Quand on joue en Challenger,
autant donc avoir des sous de côté..
.



GEORGE BASTL:

Oui, mais même lors des
qualifications des gros tournois ATP, à moins que tu atteignes le
tableau final. C'est pourquoi les joueurs se "déchirent" davantage
car tu joues pour ton gagne-pain! Sur l'ATP, il arrive qu'un joueur
ne soit pas très bien, qu'il ait eu une mauvaise semaine ou que
l'endroit ne lui plaise pas. Alors s'il perd le 1er set, il peut
balancer le 2e. En Challenger jamais car si tu perds, tu perds de
l'argent! Les qualifications, c'est dur aussi avec trois matches en
24h, et parfois tard. Alors que dans le tableau final, tu joues
lundi, mercredi puis vendredi...



tsrsport.ch:

Est-ce que parfois on se dit
"là-bas je n'y vais pas, c'est trop cher?
"



GEORGE BASTL:

Ca ne m'est jamais arrivé
personnellement. Mais là on ne parle que des frais individuels. Si
tu veux progresser, il te faut un entraîneur, un préparateur
physique, etc... Si tu n'as pas un sponsor, un mécène ou la
fédération qui t'aide, c'est difficile.



Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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George Bastl express

Première chose faite au réveil: j'appuie sur le "snooze" de mon réveil et je dors encore cinq minutes!

Plat préféré: tomate-mozzarella, mais à ma façon! Mon secret? Ce n'est pas une interview "cuisine", ou bien? (rires)

Boisson favorite: jus d'ananas.

Lieu de vacances préféré: un faible pour la montagne l'hiver, avec de belles conditions de ski et peu de monde.

Musique préférée: je suis resté très rock: Pink Floyd, Dire Straits, U2,...

Plus grande qualité/plus grand défaut: franchise, fidélité et l'impatience.

Meilleur/pire souvenir: ma victoire sur Sampras à Wimbledon et mes blessures.

Votre devise: la vie n'est qu'une pièce de théâtre. Ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps mais qu'elle soit bien jouée.

Le tennis, c'est: un passage, mais pas une finalité.

Le dopage, c'est: une tricherie, de la malhonnêteté. Le non-respect de ses adversaires et surtout, la mise en danger de sa propre santé!

Votre salaire: ce sont mes gains annuels (63'300 dollars, selon l'ATP).

"Je suis la carrière de mon frère de très près"

tsrsport.ch: Vous regrettez d'avoir choisi le tennis au détriment du hockey à 17 ans?
GEORGE BASTL: Non, même si j'ai fait les Pee-Wee et fait partie de l'équipe de Suisse M16. Je suis fier de la carrière que j'ai eue. Mais parfois, quand les résultats vont un peu moins bien, que tu dois te "taper" 10h d'avion pour arriver dans un pays paumé, tu penses aux hockeyeurs ou aux footballeurs pour qui tout est pris en charge. La seule chose qu'ils doivent faire, c'est se présenter le matin à leur entraîneur (rires)!

tsrsport.ch: Votre frère Mark joue aux ZSC Lions. Vous allez le voir parfois?
GEORGE BASTL: Je suis sa carrière de très près, je vais le voir jouer quand je suis en Suisse. Et comme je voyage souvent depuis Zurich, je m'arrête souvent là-bas. A l'étranger, je le suis grâce au Teletext.