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Bernard Stamm part à la conquête des mers

Bernard Stamm vise un 1er succès sur le Vendée Globe.
Bernard Stamm vise un 1er succès sur le Vendée Globe.
Bernard Stamm s'attaque dès le 9 novembre une 3e fois au Vendée Globe. Le Vaudois, qui a déjà navigué plusieurs fois autour du monde, est un navigateur passionné. Interview.

C'est la course au large la plus mythique au monde. Le coup
d'envoi de la 6e édition du Vendée Globe sera donné le 9 novembre
des Sables d'Olonne. Parmi les 30 marins qui s'élanceront, Bernard
Stamm (45 ans) sera l'un des favoris. Avec Dominique Wavre, il
défendra les couleurs suisses dans cette épreuve en solitaire et
sans escale.



Etabli en Bretagne, Stamm est un spécialiste de ces courses de
longue haleine. Il a gagné 2 fois le Tour du monde par étapes.
Après un abandon précoce en 2000 et un forfait de dernière minute
en 2004, il s'engage pour la 3e fois sur le Vendée Globe. Bernard
Stamm s'estime serein.

"On n'a pas le droit à l'erreur"

tsrsport.ch: Que représente le Vendée Globe
pour vous? Dans le milieu, on dit que c'est vraiment LA
course...




BERNARD STAMM: C'est un de mes grands objectifs
depuis longtemps. C'est une course où l'on est seul, sans aide. On
n'a pas le droit à l'erreur. Tout cela fait qu'il s'agit de
l'épreuve la plus compliquée à gérer et à gagner.



tsrsport.ch: A quelques jours du départ, dans
quel état d'esprit êtes-vous?




BERNARD STAMM: Plutôt pas mal. On a eu certes un
petit souci. On a dû changer l'embase moteur du bateau, mais
maintenant tout est en ordre. Et là, je suis serein et plutôt
confiant.



tsrsport.ch: Comment jugez-vous votre bateau,
notamment par rapport à la concurrence?




BERNARD STAMM: C'est un bateau d'une génération
précédente. Il n'est pas aussi puissant que la plupart qui ont été
construits pour cette édition. Par contre, c'est un bateau qu'on a
optimisé, qui est polyvalent. En fait, il est moyennement bon à
toutes les allures. Il n'est pas équipé pour être excellent au
travers, par forte brise. Après, c'est à moi de faire le
nécessaire. Il y a certaines météos qui favorisent tel ou tel
bateau, c'est variable. Mais il y a peu d'écarts de vitesse entre
les bateaux. Ca va davantage se jouer sur la capacité à ne pas
faire d'erreurs.

"Le but, c'est d'essayer de gagner"

tsrsport.ch: Votre objectif est-il de
terminer la course ou d'arriver premier?




BERNARD STAMM: Le but, c'est d'essayer de la
gagner. Maintenant, il y en a au moins 20 autres qui ont la même
idée! Tout le monde va attaquer, et faire un pronostic est très
difficile.



tsrsport.ch: Le départ risque d'être rapide.
Avez-vous une stratégie de course?




BERNARD STAMM: La stratégie, c'est de ne pas se
faire distancer dès le début. Ca pourrait être le cas si la météo
favorise les bateaux puissants. Mais selon la situation, j'aurai
peut-être la possibilité de faire de l'avance. C'est vraiment très
aléatoire.



tsrsport.ch: Certains concurrents estiment
que la barre des 80 jours pourrait être franchie (le record est de
87 jours par le Français Vincent Riou en 2005)...




BERNARD STAMM: Oui, théoriquement c'est faisable.
Ca dépendra évidemment des conditions météorologiques.

"Je redoute qu'un des concurrents ne revienne pas"

tsrsport.ch:

Y a-t-il quelque chose que vous
redoutez dans une telle aventure
?



BERNARD STAMM:

Qu'un des concurrents ne revienne
pas. Si un tel malheur arrive, la course n'a plus la même saveur et
passe au second plan. Sinon, je crains la casse mécanique. On peut
heurter un objet qui flotte en pleine nuit. Ca peut arriver à
n'importe qui. Il faut avoir un peu de chance aussi.



tsrsport.ch:

L'aspect danger du Vendée Globe
est-il une source d'inquiétude
?



BERNARD STAMM:

Non, parce qu'on pense avoir bien
préparé la course, avec tout le sérieux possible. J'y pense en fait
plus pour tous les autres participants!

"A Noël, il y aura peut-être un cadeau"

tsrsport.ch: Pour un tel périple, de quelle
nourriture disposez-vous?




BERNARD STAMM: On embarque pour environ 85 jours
de nourriture et c'est très varié. Normalement, je revois les mêmes
plats revenir au bout de 3 semaines.



tsrsport.ch: Avez-vous aussi prévu un repas
spécial pour les fêtes de fin d'année?




BERNARD STAMM: En fait, c'est ma compagne qui
prépare tous mes menus. Je vais découvrir au fur et à mesure ce que
je mangerai. Donc, à Noël, si ma compagne n'est pas fâchée avant le
départ, il y aura une petite surprise. Peut-être même un cadeau
(rires). On verra bien.



Propos recueillis par Stéphane Altyzer

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Bernard Stamm express

Votre plat préféré: le magret de canard

Votre boisson préférée: le vin rouge.

Votre lieu de vacances préféré: les Antilles.

Votre principale qualité: l'honnêteté.

Votre principal défaut: je peux être parfois teigneux.

La voile, c'est: une manière de vivre de ce que j'aime.

Votre idole: Mike Horn mais pas comme idole, plutôt comme un exemple.

Votre meilleur souvenir: la naissance de mes deux filles.

Votre pire souvenir: sans doute mon naufrage en 2004 lors de la Transat anglaise (il n'avait pas pu réparer son bateau à temps et avait dû déclarer forfait pour le Vendée Globe 2004).

Votre devise: carpe diem.

Votre salaire: 2500 euros par mois.

"Une plage idéale de sommeil, c'est une demi-heure"

tsrsport.ch: On est toujours impressionné par la faculté que les marins ont de gérer le sommeil. Comment faites-vous?
BERNARD STAMM: On apprend à se connaître avant de partir. On se rend à peu près compte lorsque l'on est susceptible de dormir de manière efficace. On optimise nos périodes de repos. Normalement, on dort par petites tranches, mais ce sont autant de sommeils réparateurs que pour les gens sur terre. Maintenant, on est dépendant des éléments et on peut se retrouver en déficit de sommeil. Donc à un moment donné, il faut savoir calmer le jeu au niveau course et recharger les batteries. C'est une gestion de soi-même.

tsrsport.ch: Quelle est la longueur de ces plages de sommeil, en général?
BERNARD STAMM: Une plage idéale, c'est une demi-heure. Le maximum, c'est 40 minutes! Ca, c'est beaucoup déjà. La plupart du temps, c'est moins. Il y a d'ailleurs un système d'alerte qui nous réveille en cas de problème. Mais en général, on est réveillé sans les alarmes parce qu'on fait partie du bateau et on sent quand ça ne va pas bien.