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Serge Pelletier: un dresseur de Dragons

Pour le Québécois de 43 ans, le hockey c'est du business.
Pour le Québécois de 43 ans, le hockey c'est du business.
Venu en Suisse pour apprendre le métier d'entraîneur, Serge Pelletier arpente depuis 20 ans les couloirs des patinoires helvétiques. Interview d'un dresseur de Dragons.

Revenu à Fribourg en 2006, après avoir été prié de partir en
2002 malgré une 3e place en LNA, Serge Pelletier prouve une
nouvelle fois qu'il est un dresseur de Dragons. Pour la deuxième
fois, l'entraîneur québécois a sorti Gottéron du trou et redonné
une identité au club.



Le Montréalais de 43 ans, débarqué en Suisse en 1989 au mouvement
juniors de Lugano, est le coach qui a eu le plus de succès à
St-Léonard, depuis les folles années 90 de Bykov et de Khomutov.
Devenu entraîneur très jeune, par passion et en raison de
blessures, le Canadien, ex-coach de Zoug et Ambri, vit sa 20e
saison en Suisse.

"L'offre de Gottéron, je ne pouvais pas la refuser"

tsrsport.ch: Quelles ont été les raisons de
votre venue en Suisse, il y a 20 ans?




SERGE PELLETIER: Je venais de terminer mes études
de maître de sport au Québec. Ayant été souvent blessé (au genou et
à l'épaule), j'ai laissé ma carrière de joueur de côté pour
rechercher une place de coach-enseignant. Mais quand on a 23 ans,
ce genre de poste est limité. J'ai alors eu un contact avec
l'entraîneur du mouvement juniors de Lugano, qui venait aussi de
Montréal. Il m'a fait une offre de 6 mois. J'ai donc pris le risque
et aujourd'hui cela fait 20 ans que je suis en Suisse.



tsrsport.ch: Après 11 saisons passées à la
Resega, Fribourg est venu vous chercher une première fois en 2000
pour vous offrir votre premier poste d'entraîneur chef. Cela a-t-il
été un pas important?




SERGE PELLETIER: Après 8 ans comme entraîneur
puis comme responsable des juniors de Lugano, j'ai vécu trois
belles années comme assistant de Jim Koleff à la tête des
Bianconeri, avec le titre national comme meilleur souvenir en 1999.
Quand l'offre de Gottéron est arrivée, je ne pouvais pas la
refuser. Et cela a été un bon choix, car 2 ans après avoir repris
une équipe en plein doute, nous avons fini troisièmes de la saison
régulière.

"La plus grosse déception de ma carrière"

tsrsport.ch: Malgré cela, le directeur de
l'époque, Roland von Mentlen, vous a prié de partir. Quelle a été
votre impression?




SERGE PELLETIER: Cela a été une grosse surprise!
On m'a expliqué que le club allait changer de concept, d'objectif.
Ce n'était pas qu'une question salariale. Cela reste la plus grosse
déception de ma carrière. On se rend compte que le hockey n'est que
du business et que les résultats sont vite oubliés.



tsrsport.ch: Entraîneur reste un poste très
incertain. Comment gérez-vous cela?




SERGE PELLETIER: Chaque matin, je me fixe mes
objectifs. Je ne prends pas en compte la pression extérieure que je
ne peux pas contrôler.



tsrsport.ch: Par la suite, vous avez transité
par Zoug et Ambri. Pourquoi ces choix?




SERGE PELLETIER: Tout d'abord, on m'a proposé de
remplacer Doug Mason à la tête de Zoug (3 points en 12 matches). Je
suis content d'avoir vécu cette expérience. Quand tu reprends une
équipe qui a le moral à plat, tu dois te surpasser davantage pour
faire des résultats. Et avec 33 points en 36 matches, nous avons pu
atteindre les play-off. Puis, j'ai choisi Ambri pour revenir au
Tessin. J'y ai gardé beaucoup d'amis. Et les attentes étaient
grandes, après avoir été chez l'ennemi luganais... Quand tu es
entraîneur, tu dois acquérir le plus de bagage possible.

"Nous avons fait un sacré boulot en deux saisons"

tsrsport.ch:
Enfin en 2006, vous êtes de retour sur les bords de la Sarine.
Etes-vous revenu pour terminer votre travail?



SERGE PELLETIER: Non, car il y avait beaucoup de
choses à reconstruire. La situation était différente, car le club
était au plus mal, sportivement et
financièrement. Cela a été un
gros défi. Si aujourd'hui on fait le point de la situation, on peut
dire que nous avons fait un sacré boulot en deux saisons. Même si
je connais du succès avec les Dragons, je ne suis pas le seul
responsable. C'est un travail d'équipe avec les dirigeants, les
joueurs et les sponsors. Gottéron, c'est avant tout un club avec un
cœur énorme.



tsrsport.ch: Depuis votre premier passage à
St Léonard, on vous surnomme souvent Monsieur Positif. Pour quelle
raison?



SERGE PELLETIER: C'est surtout la presse qui
m'avait appelé ainsi car j'étais resté très positif, malgré la
situation négative que vivait Gottéron. Ma
is ce surnom s'estompe
avec les années.



tsrsport.ch: Aujourd'hui, vous êtes devenu en
plus directeur sportif de Fribourg. Est-ce difficile de cumuler les
deux postes?



SERGE PELLETIER: C'est un défi intéressant, comme
celui des managers anglais. Au début cela n'est pas évident, car on
n'a pas forcément le choix. Mais
ensuite, on se crée un réseau et
on peut acheter les joueurs qu'on désire.



Propos recueillis pas Sébastien Clément

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Serge Pelletier express

Première chose faite le matin: un jus d'orange. Enfin... Je le bois, car je n'ai pas le temps de le presser.

Votre plus grande qualité: la bonne humeur.

Votre pire défaut: l'impatience.

Votre meilleur souvenir: j'en ai deux. D'abord le titre avec Lugano en 1999. Puis, l'élimination de Berne par FR Gottéron en quarts de finale des playoff cette année.

Votre pire souvenir: le décès de mon père.

Le dopage: ce n'est pas nécessaire.

Votre idole: là aussi, j'en ai deux, Wayne Gretzky et Mario Lemieux.

Votre devise: il n'y a rien d'impossible.

Le hockey, c'est: ma passion.

Si vous n'aviez pas été entraîneur: je pense que je me serais tourné vers l'écomomie ou le droit.

Votre salaire: c'est dans le domaine du privé.

Un objectif: "aller le plus loin possible"

tsrsport.ch: Cela fait 20 ans que vous travaillez dans le hockey helvétique. Quel est votre bilan? Quelles sont vos remarques?
SERGE PELLETIER: Ce sport a fait de gros progrès en Suisse. Il devient de plus en plus professionnel, à tous les niveaux. Le plus important, c'est que le hockey ne perde pas son identité. Maintenant, c'est vrai qu'en 20 ans la Ligue a effectué un changement par saison: calendrier, nombre d'étrangers, playoff,... Certains ont plu, d'autres non. Mais tant que cela reste des petits problèmes et que le sport en sort gagnant, cela ne me gêne pas. En arrivant en Suisse, j'ai été touché par la solide tradition que ce sport possède.

tsrsport.ch: Vous êtes désormais lié jusqu'en 2012 avec Gottéron. Quel but avez-vous?
SERGE PELLETIER: D'aller le plus loin possible avec ce club. Et j'espère que l'avenir nous réserve de belles surprises. En ayant les deux casquettes d'entraîneur et de directeur sportif, je peux planifier sur le long terme et travailler dans la continuité.

tsrsport.ch: Et, il y aura la Coupe Spengler, où vous serez à la bande du Team Canada...
SERGE PELLETIER: Après mon premier test en match amical face à la Suisse en novembre, cela m'a plu. C'est une belle opportunité. Je peux connaître de nouveaux éléments dans mon travail. Cela peut être intéressant pour le futur.