Il est le recordman de sélections en équipe de Suisse (219). Agé
de 36 ans, Martin Steinegger aura incontestablement marqué de son
empreinte le hockey helvétique des années 1990 et 2000. Défenseur
viril, il possède également une caractéristique peu commune. Après
19 ans de carrière, il n'a connu que deux clubs: Berne entre
1995-2008 et Bienne, son club d'origine, qu'il a retrouvé cette
saison au sein de la LNA. Personnage attachant, Martin Steinegger
est, et a toujours été, un leader pour ses coéquipiers. N'a-t-il
pas été capitaine en LNA à 20 ans seulement, avant de prendre part
à 10 Championnats du monde ?
tsrsport.ch: Vous n'avez donc connu que deux
clubs durant votre carrière. C'est de plus en plus rare dans le
sport "moderne"...
MARTIN STEINEGGER: Je n'ai jamais fait de plan de
carrière. Mais il est vrai qu'en arrivant à Berne en 1995, je n'ai
pas imaginé que cela allait durer 13 saisons! Il y a une année ou
deux, j'étais certain que j'allais finir ma carrière à Berne. J'ai
toujours eu un énorme plaisir à évoluer avec le SCB. On avait
presque toujours une équipe capable de jouer pour le titre. Mais,
en 13 ans, on ne l'a gagné qu'à deux reprises. On aurait dû en
remporter en tout cas un ou deux de plus!
tsrsport.ch: Durant ces 13 ans à Berne, vous
avez reçu des offres d'autres clubs. Après coup, regrettez-vous de
n'avoir pas opté pour telle ou telle équipe?
MARTIN STEINEGGER: Peut-être un petit regret
quand même, celui de ne pas avoir dit oui à Lugano! A une reprise,
j'étais à deux doigts d'y aller et finalement j'ai quand même
hésité et le transfert n'a pas été conclu.
"J'aimerais transmettre un peu de mon expérience"
tsrsport.ch:
Savez-vous déjà quand vous allez mettre un terme à votre
carrière?
MARTIN STEINEGGER:
Non, j'ai signé à Bienne pour
2 ans. Après c'est possible que j'arrête! Ca dépend de mon corps.
Si la santé va, je jouerai peut-être un an de plus, mais je ne
pense pas à ça.
tsrsport.ch:
A l'issue de votre carrière,
allez-vous rester actif dans le monde du hockey sur
glace?
MARTIN STEINEGGER:
Oui, c'est mon but. Mais on ne
sait jamais ce que la vie nous réserve. Tout d'un coup, j'ai une
opportunité dans un tout autre domaine et je l'accepte. Par contre,
il est vrai que devenir entraîneur en Ligue nationale
m'intéresserait même s'il n'y a pas beaucoup de places (rires).
Mais pas tout de suite à la fin de ma carrière. Un de mes
objectifs, c'est aussi d'entraîner des jeunes pour leur transmettre
un peu de mon expérience.
tsrsport.ch:
Y a-t-il un entraîneur qui vous
a marqué tout au long de votre parcours?
MARTIN STEINEGGER:
Non, parce que j'en ai eu
tellement! Si j'avais joué à Davos, je vous aurais forcément dit
Arno del Curto. Mais, dans mon cas, j'ai appris de tous, chez
certains un peu plus que d'autres...
"Daniel Brière m'a beaucoup marqué"
tsrsport.ch: Y a-t-il un joueur qui vous a
laissé un souvenir particulier?
MARTIN STEINEGGER: Oui, il y a eu le Québécois
Daniel Brière, présent à Berne durant le lock-out (ndlr:2004-2005).
C'était vraiment un joueur fantastique, mais ce qui m'a le plus
marqué, c'est son attitude en dehors de la glace. C'était un gars
simple. La première fois qu'il est arrivé dans le vestiaire, c'est
comme s'il avait toujours été là. Il m'a beaucoup
impressionné.
tsrsport.ch: On ne peut pas omettre votre
record de sélections avec la Suisse. Ca ne doit pas vous laisser
indifférent?
MARTIN STEINEGGER: Oui, mais ça ne reste qu'un
chiffre qui sera battu dans une année ou deux! Le plus important
pour moi est d'avoir toujours eu envie d'aller en équipe de Suisse.
Comme je n'ai jamais eu la chance d'évoluer dans un club à
l'étranger, c'était comme un substitut pour moi. Grâce à la Suisse,
j'ai pu affronter les meilleurs joueurs de la planète lors des
Championnats du monde ou durant des Jeux olympiques.
Propos recueillis par Stéphane Altyzer
"Il faudrait avoir au moins 10 Suisses en NHL"
tsrsport.ch: Pour que la Suisse puisse progresser encore, ne faudrait-il pas la présence de plus de joueurs en NHL?
MARTIN STEINEGGER: Oui, bien sûr. Si la Suisse veut gagner un jour une médaille, il faudra avoir au moins 10 joueurs en NHL! Du coup, ils auront le rythme avec 80 matches par saison et ils pourront faire la différence. Nous, avec nos 50 matches, on est toujours dans le rouge dans les moments décisifs!
tsrsport.ch: La vie du hockeyeur suisse n'est elle pas trop confortable? Un bon salaire, une place en LNA à 19-20 ans, finalement très peu de concurrence?
MARTIN STEINEGGER: C'est clair que c'est confortable. Mais je prends l'exemple d'un jeune Russe qui rêve de faire du hockey. S'il y arrive, il gagnera beaucoup d'argent. Par contre, s'il échoue, il devra trouver un boulot et sera dans la plupart des cas très peu rémunéré. Alors qu'en Suisse, un jeune qui n'arrive pas à devenir hockeyeur professionnel a quand même une belle vie, une bonne profession. C'est peut-être ça la grosse différence.
Martin Steinegger express
La première chose que vous faites le matin: réveiller les enfants à moins qu'ils ne m'aient réveillé avant, puis leur préparer le déjeuner.
Votre boisson préférée: l'eau ou du thé froid, mais fait moi-même!
Votre repas préféré: pendant la saison, les pâtes. Sinon, j'adore les sushis.
Votre principale qualité: je n'aime pas trop me juger. Dans le hockey, je dirais de bien jouer défensivement.
Votre principal défaut: je suis parfois trop calme.
Votre devise: c'est d'apprendre quelque chose tous les jours.
Votre idole: quand j'étais enfant, il y avait Daniel Poulin, Koebi Koelliker et Gaston Gingras. Mais je n'ai jamais eu des posters dans ma chambre.
Pour vous le hockey sur glace, c'est: un jeu très intéressant. Il y a toujours quelque chose qui se passe. Ca va vite et ça demande aussi du courage.
Pour vous le dopage, c'est: en hockey, ça n'a pas été souvent sur la table. Un hockeyeur qui se dope prendra du muscle mais il le perdra en technique.
Votre salaire: (rires) Je fais comme les Suisses, je n'en parle pas!