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Mellie Francon, une "rideuse" qui veut "tout péter"

Mellie Francon, une "rideuse" neuchâteloise qui fonce.
Mellie Francon, une "rideuse" neuchâteloise qui fonce.
Souvent considérée comme "fofolle", Mellie Francon s'assume totalement. La "rideuse" chaux-de-fonnière est une fonceuse qui n'y va pas par quatre chemins. Entretien.

Mellie Francon est une fonceuse. Dans la vie comme sur les
pistes. Les obstacles, la Chaux-de-Fonnière de 26 ans les escalade,
les contourne ou les saute. Logique donc qu'elle ait opté pour le
boardercross (ou le snowboardcross).



Arrivée sur le tard sur le Circuit - en 2002 -, la pétillante
Neuchâteloise y a pourtant vite fait son trou, s'imposant comme
l'une des meilleures "rideuses" du monde (8 podiums, 1 succès et
une 5e place au classement général actuel de la Coupe du
monde).



Avant d'aller "faire tout péter" aux Mondiaux en Corée du Sud
(15-25.01), Mellie Francon s'est confiée à tsrsport.ch, peu avant
son "couac" d'Arosa. Avec franchise et fougue, comme à son
habitude.

"Le calendrier? Un rythme à prendre"

tsrsport.ch: Vous avez disputé votre
première manche Coupe du monde 2008/2009 le 13 septembre à
Chapelco, en Argentine. Puis, plus rien pendant trois mois.
Bizarre, non?




MELLIE FRANCON: Oui, un peu. Mais le calendrier a
toujours été comme ça de puis que je suis sur la Coupe du monde, en
2002. C'est devenu une habitude. Il y a juste un rythme à
prendre...



tsrsport.ch: C'est quand même un peu spécial.
Vous suivez deux préparations de fond!




MELLIE FRANCON: C'est un peu le cas, en effet. On
profite de cette "pause" pour faire une grosse préparation physique
(4 semaines) et sur la neige (5 camps).

Le boardercross pas possible partout

tsrsport.ch: La Coupe du monde de
snowboardcross ne compte que huit dates cette année. Ce n'est pas
beaucoup, non?




MELLIE FRANCON: Ca peut sembler peu, mais une
fois que la Coupe du monde démarre véritablement, comme maintenant
à Arosa, ça s'enchaîne jusqu'en mars. C'est parfois assez
fatiguant, surtout qu'on passe de l'Europe à l'Amérique du Nord en
faisant un crochet par la Corée du Sud, pour revenir en Europe. Le
décalage est parfois difficile à digérer. De plus, toutes les
stations ne peuvent pas organiser des boardercross. Ca demande un
sacré travail, et donc un budget relativement important.



tsrsport.ch: Cela signifie donc que vous
fréquentez toujours les mêmes stations?




MELLIE FRANCON: Etonnamment, ça change quand même
pas mal. On a par exemple l'habitude d'aller à Bad Gastein
(Autriche) ou Arosa, mais cette année il y a aussi une nouveauté
avec La Molina, en Espagne. Et on ne va à Gangwon, en Corée du Sud,
que depuis la saison dernière...

"Pas contre le chrono, mais contre trois adversaires"

tsrsport.ch: Pourquoi avoir choisi le
boardercross et non de "l'alpin"?




MELLIE FRANCON: C'est une discipline variée, où
il faut savoir aller vite, bien tourner et réussir de bons sauts.
De plus, tu ne te bats pas contre le chrono mais contre trois
adversaires.



tsrsport.ch: Vous êtes arrivée sur la Coupe
du monde relativement tard, à 20 ans, et directement au
boardercross. Pourquoi?




MELLIE FRANCON: En fait, j'ai commencé le snow à
l'âge de 12 ans. J'ai été formée comme monitrice et c'est là que
j'ai été "repérée". On m'a proposé de faire du boardercross, mais
je n'ai pas accepté tout de suite. La personne m'a ensuite
recontacté par téléphone, me proposant d'intégrer son "team". On
pensait que j'avais les qualités nécessaires pour faire ce sport.
J'ai donc été "lancée" sur le Circuit, en 2002.

"Il faut être égoïste et polyvalent"

tsrsport.ch:


Finalement, quelles qualités faut-il avoir pour devenir un bon
spécialiste de boardercross?




MELLIE FRANCON:

Il faut être un peu égoïste et
surtout polyvalent. C'est ce qui fait la difficulté du
boardercross: sauts, freeride et vitesse, tout ça en même temps.
Mais ce qu'il faut avoir avant tout, c'est un caractère de battant,
et un petit côté "casse-cou" pour se lancer sur certaines
pistes...



tsrsport.ch:

Justement, on dit souvent de
vous que vous êtes un peu "fofolle"..
.



MELLIE FRANCON:

C'est vrai que j'aime la vie et
la rigolade. Quand il faut "déconner", je suis souvent la première.
Mais je sais être très sérieuse aussi!

Un niveau qui augmente sans cesse

tsrsport.ch: On a envie de dire que ça
correspond bien au monde du snow, non? Ca n'aurait pas été possible
en ski...




MELLIE FRANCON: Le monde du ski de compétition
est peut-être un peu plus rigide, et les mentalités différentes.
Mais les choses changent pas mal en snow maintenant. Le niveau
devient toujours plus élevé, et les athlètes se préparent désormais
comme les skieurs.



tsrsport.ch: Cinquième des Jeux olympiques de
Turin en 2006, vous visez aujourd'hui clairement Vancouver
2010?




MELLIE FRANCON: Sestrières (JO de Turin), c'était
un peu le début de ma carrière. J'y suis allée pour voir comment
c'était, pour accumuler de l'expérience en vue des Jeux au
Canada.

"Il faudra éventuellement digérer un coup dur"

tsrsport.ch: A Vancouver, vous viserez donc
la victoire. Mais le boardercross a cela de spécial que même avec
une préparation et une forme optimales, on peut tout perdre à cause
d'un adversaire...




MELLIE FRANCON: L'objectif, c'est déjà de gagner
une médaille au Canada. Après, tout peut se passer, même si je suis
la meilleure à ce moment-là. Quand tu te bats contre d'autres
concurrents, tu sais que tu n'as pas toutes les cartes en main, et
qu'il faudra aussi un brin de chance. Il faut donc s'adapter,
rester fair-play, et éventuellement digérer un coup dur! Un jour,
c'est toi qu'on entraîne dans une chute, l'autre c'est toi qui
"balance" quelqu'un...



Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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Mellie Francon express

Première chose faite le matin: euh... je vais aux toilettes!

Votre plat préféré: les sushis.

Votre boisson préférée: le cacao.

Votre lieu de vacances favori: Il y en a plein! C'est la planète entière que j'aime. J'adore voyager et découvrir.

Votre meilleur souvenir: mon expédition dans une tribu de Papouasie, en 2007.

Votre pire souvenir: lors de ma 2e Coupe du monde, au Chili, j'avais fini à l'hôpital avec une commotion. J'imaginais mon 1er vol en hélico autrement!

Le snow, c'est: une façon de vivre.

Si vous n'aviez pas été "boardeuse": je serais devenu exploratrice.

Votre devise: vis le moment présent, et apprécie en chaque instant.

Le dopage, ça vous inspire: je suis hyper contre!

Votre salaire: des cacahuètes! Je n'ai pas de salaire fixe. Mes sponsors paient 2 fois par année, et ensuite je me gère. Mais même si je gagne des cacahouètes, j'ai le sourire aux lèvres. Si j'avais fait du sport pour l'argent, j'en aurais choisi un autre!

"Vancouver, c'est le 1er objectif. Pas le dernier"

tsrsport.ch: Vous êtes une grande passionnée de photographie. On se souvient d'ailleurs de votre livre après votre expédition en Papouasie. Autre aventure en vue?
MELLIE FRANCON: Non, pas jusqu'en 2010. D'ici à Vancouver, je me consacre exclusivement au snowboard. Après, on verra bien ce qui se passe. Mais il est clair que je vais en refaire!

tsrsport.ch: Cela signifie donc que vous allez arrêter la compétition après les JO? Et que ferez-vous après votre carrière?
MELLIE FRANCON: Non, je ne pense pas arrêter. 2010, c'est le premier objectif. J'ai encore 2-3 projets en vue dans le monde du snowboard. Faire des films ou des photos en rapport avec le snowboard en font partie, tout comme participer à l'Xtreme de Verbier. Le hic, c'est qu'il faut passer par des manches qualificatives, et celles-ci tombent au même moment que la Coupe du monde...! Après ma carrière, j'aimerais bien vivre de mes expéditions, mais comme j'ai le sport dans l'âme, je me verrais bien, pourquoi pas, devenir entraîneur un jour.

tsrsport.ch: Mais ces fameux films ou photos, ça ne se fait pas hors saison Coupe du monde?
MELLIE FRANCON: Après 9 mois, ras-le-bol de la neige. Je vais vers la chaleur pour faire de l'escalade, du VTT. J'évite la neige à fond!