Sébastien Buemi est notre invité du lundi

C'est bien connu, le talent n'attend pas les années. A pas
encore 20 ans - il les fêtera le 31 octobre - Sébastien Buemi est
proche de voir son rêve devenir réalité: disputer le Mondial de
F1.



Mais avant de peut-être un jour se mesurer aux Raikkonen, Hamilton
et autres Alonso, le Vaudois d'Aigle porte la casquette de 3e
pilote de l'écurie Red Bull. Parallèlement, Sébastien Buemi
disputera le championnat de GP2. Son objectif 2008 est clair:
gagner le plus de courses possibles afin d'accroître ses chances de
devenir titulaire en F1. A quelques jours du Grand Prix
d'Australie, dimanche à Melbourne, Sébastien Buemi évoque ses
défis

"Il faut constamment faire ses preuves"

TXT: Comment vous est née la passion pour
le sport automobile?



SEBASTIEN BUEMI: On dira tout simplement qu'au
début je n'ai pas forcément choisi (rires). A 5 ans, on ne se rend
pas forcément compte de ce qui nous arrive. Mon père m'avait acheté
un karting pour Noël. A 8 ans, j'ai pu participer à mes premières
courses.



- Peut-on donc dire que c'est une histoire de
famille?



SEBASTIEN BUEMI: Oui, c'est ça. Dans les années
60, mon grand-père avait disputé de nombreuses courses de côtes et
même les 24 Heures du Mans. Quant à ma cousine Natacha, elle
dispute cette saison le championnat de F3 espagnole avec dans
l'idée de faire du GP2 Asie l'année prochaine.



- Si l'on se réfère à votre palmarès, l'on constate une
progression constante...



SEBASTIEN BUEMI: Lorsque l'on est sponsorisé par
des groupes tels que Red Bull, on n'a pas le droit de décevoir. Les
résultats sont très importants. On doit constamment prouver que
l'on a les capacités de franchir un nouveau palier.



- En quoi consiste votre rôle de 3e pilote au sein de l'écurie
Red Bull?



SEBASTIEN BUEMI: Le fait d'être 3e pilote Red
Bull signifie être présent à chaque fois que la monoplace est en
piste. Il faut donc être là à tous les essais et autres tests
aérodynamiques. Mes journées sont longues si l'on y ajoute les
courses du championnat GP2.

"Décrocher une place en Formule 1"

- Quelles sont
vos ambitions "2008"?

SEBASTIEN BUEMI:

Gagner le plus de courses en
GP2. Je me suis d'ailleurs imposé le 16 février en Indonésie. On a
la preuve que c'est possible de gagner et que j'ai la vitesse. Le
but est de gagner d'autres courses et de prendre la place à l'un
des 2 pilotes F1 de l'équipe Red Bull (ndlr: actuellement David
Coulthard et Mark Webber) en 2009.



- Vous fêterez 20 ans en octobre. Des pilotes comme Lewis
Hamilton ou Nico Rosberg ont 23 ans. Vous êtes dans le coup au
niveau du timing...

SEBASTIEN BUEMI:

Nico Rosberg a vraiment suivi le
même parcours que moi, soit la Formule BMW, F3, et GP2. L'année
passée, j'avais remplacé un pilote en GP2. J'étais dans la voiture
que Lewis Hamilton avait roulé l'année d'avant. En karting et en
F3, j'avais eu des meilleurs résultats que Rosberg. Je n'ai rien à
envier à un pilote de ce calibre. En attendant, je n'ai pas le nom.
Mais je vais faire le maximum pour me faire une place en F1.



- Donc tous les éléments sont là pour que vous pilotiez à
court ou moyen terme une Formule 1 en championnat?

SEBASTIEN BUEMI:

Travail, politique de l'équipe
et chance. Ce sont les éléments nécessaires à la réussite d'un
pilote. Ca peut très vite basculer d'un côté comme de
l'autre.



- Chez Red Bull, vous côtoyez les titulaires Coulthard et
Webber.

SEBASTIEN BUEMI:

Je suis présent à tous les
essais et je participe aux briefing. Il ne faut cependant pas
oublier que Coulthard et Webber sont là pour garder leur place et
moi je suis là pour la leur prendre. Ils sont donc un peu réticents
à l'idée de me donner des informations. J'apprends beaucoup en
observant leurs méthodes de travail.

Conscience du danger mais...

- Quel souvenir gardez-vous du 24 juillet lorsque vous vous
êtes retrouvé pour la première dans une monoplace estampillée
Formule1?



SEBASTIEN
BUEMI: J'étais monté dans une
Formule 1 en mai mais ce n'était pas dans un circuit. C'était un
grand jour car cela représentait des années et des années de
travail pour en arriver là. On m'aurait prédit une journée de test
en Formule 1 il y a 2 ans, j'aurais signé tout de suite. Là,
maintenant que je suis dans le milieu, cela me paraît normal. A ce
stade, j'en veux encore plus. Plus que moi, c'est ma famille, qui
m'aide et me soutient énormément, qui réalise le pas qui a été
franchi.



- Quelles sensations avez-vous au volant d'une F1?



SEBASTIEN BUEMI: J'ai eu la chance de piloter en
GP2 avant. Donc le contraste n'est pas aussi violent. Passer de 600
chevaux à environ 750 chevaux est tout à fait gérable. Par contre
je me souviens que mon transfert de la F3 (ndlr: 200 chevaux) au
GP2 a été beaucoup plus brutal du point de vue physique. La F1 est
plus légère et beaucoup plus rapide dans les changements de
direction qu'une GP2. On s'habitue vite à la puissance.



- Vous arrive-t-il d'avoir peur?



SEBASTIEN BUEMI: On est conscient que l'accident
peut arriver mais en tant que pilote, on a confiance en soi. Les
pilotes craignent plus de se faire sortir au premier virage.

"Il faut savoir se vendre"

- Quelles qualités doit avoir un pilote pour réussir en
F1?



SEBASTIEN BUEMI: Il doit être très rapide,
travailleur, savoir accepter la critique, être très bon
observateur. Il faut aussi être un bon communicateur, aussi bien
avec les techniciens qu'avec les médias. Il y a tellement d'enjeux
financiers dans la F1, qu'il faut savoir se vendre.



- Le Biennois Neel Jani n'a pas réussi le grand saut en F1.
Que lui a-t-il manqué?



SEBASTIEN BUEMI: Difficile à dire. Les choses
n'ont pas marché comme il l'a souhaité. Les résultats n'ont pas
suivi. Dans cette situation, c'est extrêmement difficile de revenir
en F1. Une carrière se joue à très jeu. Il faut être au bon endroit
au bon moment. Neel Jani a peut-être une chance de revenir en F1
par le fait qu'il est à moitié indien et que l'équipe Force India
est arrivée en F1 cette année.



TXT. Propos recueillis par Miguel Bao