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Sarah Meier mange, vit et rêve patinage

Meier n'a plus disputé de compétition depuis le 08.11.08.
Meier n'a plus disputé de compétition depuis le 08.11.08.
Stéphane Lambiel parti à la retraite, le fer de lance du patinage artistique suisse se nomme désormais Sarah Meier. La Zurichoise évoque avant les Mondiaux de Los Angeles, sa blessure, ses doutes et les Jeux de Vancouver 2010.

Avec une mère, une soeur et une tante qui font du patinage, un
père, un oncle et 2 cousins qui jouent au hockey, Sarah Meier ne
pouvait que rester dans le domaine de la glace. Une glace qu'elle a
goûtée pour la première fois à 2 ans.



Vingt deux ans plus tard, la charmante et sympathique Zurichoise
compte 2 titres de vice-championne d'Europe, 7 couronnes nationales
et des participations aux Jeux de Nagano et de Turin. Dans son fief
de Bülach, Sarah Meier a répondu en toute franchise à tsrsport.ch.
Au programme libre: sa longue blessure, sa participation aux
Championnats du monde de Los Angeles (24-29.03), ses doutes, sa
passion et Vancouver 2010.







tsrsport.ch: Vous avez été privée de
compétitions pendant 4 mois en raison de douleurs à une hanche et
au dos. A quoi pense-t-on dans ces moments-là?



SARAH MEIER: Certaines semaines, j'étais animée
d'un état d'esprit très po
sitif. La thérapie visant à un meilleur
équilibre musculaire entre les parties droite et gauche du corps
m'a beaucoup aidée. Je progressais, je me sentais mieux. Puis, il y
a eu des semaines de doutes. Dans ces moments-là, je n'étais pas
sûre de pouvoir continuer à patiner sans douleur. Je me suis
demandé ce que je ferais si les douleurs ne disparaissaient pas. Ca
m'a fait mal de ne pas avoir pu participer aux Européens à Helsinki
en janvier. J'ai pris part à quelques galas et cela m'a donné
confiance.



tsrsport.ch: Avez-vous pensé dans les moments
de doute à arrêter votre carrière?



SARAH
MEIER: Non, à aucun moment mais j'ai eu
peur de devoir patiner avec
la douleur ces prochaines années. J'ai
pris ces derniers mois beaucoup de retard dans ma préparation.

"J'ai peur de ne pas être assez en forme aux Mondiaux"

tsrsport.ch:


N'allez-vous pas aux Mondiaux de Los Angeles "uniquement" parce
qu'il y a une place pour les JO de Vancouver en jeu?




SARAH MEIER:

Je vais aux Mondiaux parce que je
veux y aller... Même si ce n'est pas très réaliste de penser que je
puisse aller aux Mondiaux, il me reste encore quelques jours de
préparation. Parfois, je me dis que ce n'est pas possible de
participer aux Championnats du monde, que le temps restant est trop
court. Puis après certains entraînements, je pense le contraire. Je
ne veux pas abandonner



tsrsport.ch:

Mais encore?



SARAH MEIER:

Ce serait une bonne excuse de dire
que j'étais blessée et que je ne peux donc pas y aller. Mais ça ne
m'aide pas. J'ai envie d'essayer, de faire tout mon possible pour
arriver dans les meilleures conditions à Los Angeles. Mais je ne
vous cache pas que j'ai un peu peur de ne pas être assez en forme
pour aller aux Mondiaux.

"J'ai envie d'aller à Vancouver"

tsrsport.ch: Parce que vous ne voulez pas
aller à Los Angeles avec simplement des doubles sauts...




SARAH MEIER: Non, ça ne va pas. Ca ne se fait
pas. On ne participe pas à des Championnats du monde avec des
doubles sauts. Cela ne suffit pas....



tsrsport.ch: Cette démarche, c'est en vue des
Jeux olympiques de l'année prochaine?




SARAH MEIER: Oui bien sûr. Il faut se classer
parmi les 16 meilleures aux Mondiaux pour être assurée d'avoir une
place pour Vancouver... Personne en Suisse n'a actuellement les
moyens d'atteindre ce résultat. Donc j'y vais, j'essaie. En plus
Vancouver est une de mes villes préférées, j'ai envie d'aller à ces
JO.

"En compétition, je vais jusqu'à mes limites"

tsrsport.ch: Dans le chapitre des Jeux de
Vancouver, Evgueny Plushenko a annoncé son intention d'y
participer. Le Russe n'a plus disputé de compétition depuis les
Jeux de Turin en 2006! Réaliste?




SARAH MEIER: Evgueny Plushenko est le champion
olympique en titre. Je crois savoir qu'il a repris les
entraînements à fond. Je pense que s'il y en a bien un qui puisse
réussir un tel retour c'est lui.



tsrsport.ch: Comment se passe une
journée-type pour Sarah Meier?




SARAH MEIER: Les journées sont bien remplies.
Elles sont composées de 2 entraînements sur la glace, de
physiothérapie, d'exercices de gainage avec des poids, et aussi de
séances d'endurance. J'ai des jours où tous mes muscles me font
souffrir mais je sais que je dois passer par là pour améliorer ma
forme.



tsrsport.ch: Que ressent-on en
compétition?




SARAH MEIER: Des émotions et un stress qui sont
uniques. J'ai besoin de cette adrénaline, de ces sentiments qui
m'envahissent. J'aime aussi les exhibitions mais en compétition je
vais vraiment jusqu'à mes limites, je me dépasse. Finir un
programme, me dire que j'ai tout réussi, que j'ai fait mon maximum,
c'est un sentiment intense et je veux le vivre encore et
encore.

"Je veux gagner, mais je suis aussi réaliste"

Avec Sarah Meier
Avec Sarah Meier

tsrsport.ch:

En compétition, vous visez le
beau geste, le saut parfaitement exécuté ou alors la victoire à
tout prix
?



SARAH MEIER:

Tout, en fait. Réaliser un programme
sans faute est vraiment un rêve. Et c'est encore mieux de gagner.
Lorsque je participe à une compétition je veux gagner, mais je suis
aussi réaliste. Par exemple il serait illusoire de partir aux
Mondiaux de Los Angeles en pensant les gagner. Je veux progresser
et viser toujours plus haut.



tsrsport.ch:

Comment gérez-vous le stress des
compétitions
?



SARAH MEIER:

J'essaie de ne pas y penser les
jours d'entraînement. Le jour J, j'essaie de faire abstraction du
fait que je suis en compétition, même lors de l'entraînement
officiel et de l'échauffement. Et ce, jusqu'au moment où j'entre
sur la glace. De cette manière, je n'entame pas trop d'énergies.
Autrefois, je me repassais mes programmes dans la tête 100 fois par
jour. Du coup, j'étais déjà fatiguée avant de m'élancer.

"Il y a des éléments que je peux encore améliorer"

tsrsport.ch: Vous aurez 25 ans le 4 mai.
Avez-vous encore une marge de progression?




SARAH MEIER: Le jour où je remarquerai que je
suis arrivée au bout de mon développement, j'arrêterai. Ce ne
serait pas satisfaisant de m'entraîner tous les jours en sachant
que je ne peux plus progresser. Je suis consciente de ne pas
disposer d'une grande marge de progression mais je sais qu'il y a
des éléments que je peux encore améliorer.



tsrsport.ch: Comme par exemple la combinaison
triple-triple?




SARAH MEIER: Oui, et aussi tous les triples sauts
en programme ou encore le Rittberger (ou boucle) que je n'ai pas
fait pendant 4 ans. C'est mon but pour la saison prochaine. Il faut
par ailleurs voir avec le système de notations s'il y a d'autres
éléments qui rapportent plus de points. Faire les sauts les plus
difficiles pour gagner plus de points, c'est mon but en
général.



Propos recueillis par Julie Mégevand et Miguel Bao

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"Je ne me sens pas bien lorsque je ne peux pas patiner"

tsrsport.ch: Votre famille baigne dans le patinage et le hockey. Il était donc tout à fait normal pour vous de patiner?

SARAH MEIER: Oui c'était naturel. Plus jeune, j'ai arrêté à deux reprises en été et l'hiver revenu, je voulais à nouveau patiner... Mes parents ne m'ont jamais forcée. Ils m'ont laissé le choix.

tsrsport.ch: Vous avez chaussé pour la première fois des patins à l'âge de 2 ans. Une passion qui ne vous a plus quittée!

SARAH MEIER: Pendant ma blessure, j'ai réalisé encore plus à quel point je ne me sens pas bien lorsque je ne peux pas patiner. Après toutes ces années, il y a encore des choses que je ne sais pas faire. C'est un défi permanent.

tsrsport.ch: Comment trouvez-vous la motivation après toutes ces années d'entraînement?

SARAH MEIER: Je pense aux émotions uniques que procurent les compétitions. Pour vivre ces instants, je sais que je dois m'entraîner. Il faut être prête à avoir mal à tous ses muscles.

"Je n'ai pas de porte-bonheur"

tsrsport.ch: Avez-vous des rituels pour évacuer la pression avant les concours?

SARAH MEIER: Je me mets la tête en bas, en appui sur les mains. Ca détend, tout le sang va dans la tête. Après ça, je me sens très légère.

tsrsport.ch: Etes-vous superstitieuse?

SARAH MEIER: J'enfile toujours le patin gauche en premier. Je n'ai pas de porte-bonheur parce que si je l'oubliais à l'hôtel, je serais perdue (rires). Si des choses que j'ai faites m'ont porté bonheur, je les refais. Je pense de manière positive.

Sarah Meier express

Repas préféré: riz casimir, sushis.

Boisson préférée: thé froid.

Séries préférées: Grey's Anatomy, Private Practice.

Principale qualité: je suis équilibrée.

Principal défaut: l'impatience. Si ça ne va pas, je m'énerve très vite.

Meilleur souvenir: les Jeux olympiques (13e à Nagano en 98, 8e à Turin en 06).

Pire souvenir: les blessures mais heureusement, je remplace ces instants par des moments positifs.

Saut préféré: le lutz. Patineur préféré: Alexei Yagudin.

Devise: il ne faut pas abandonner, le succès viendra.

Dopage: le sport et le dopage n'ont rien à faire ensemble. Des contrôles sont aussi effectués dans le patinage.

Salaire: tout dépend des résultats. Si je ne fais que m'entraîner, je ne gagne rien. L'argent que je reçois des sponsors, je l'utilise pour payer les entraîneurs, louer la patinoire, acheter du matériel...

LE PORTRAIT DE SARAH MEIER

Née le 04.05.1984. Résidence: Bülach (ZH)
Taille 1m64

Jeux olympiques
Nagano 1998: 13e
Turin 2006: 8e

Championnats du monde
Vancouver 2001: 12e
Washington 2003: 19e
Dortmund 2004: 13e
Moscou 2005: 14e
Calgary 2006: 6e
Tokyo 2007: 7e
Göteborg 2008: 6e

Championnats d'Europe
Vienne 2000: 16e
Bratislava 2001: 5e
Lausanne 2002: 13e
Budapest 2004: 10e
Turin 2005: 10e
Lyon 2006: 4e
Varsovie 2007: 2e
Zagreb 2008: 2e
Helsinki 2009: forfait

Championnats de Suisse
Winterthur 2008: 1ère
Genève 2007: 1ère
Biasca 2006: 1ère
Lausanne 2005: 1ère
Zoug 2003: 1ère
Genève 2001: 1ère
Lugano 2000: 1ère
Lausanne 1999: 2e