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Christian Constantin en veut encore

Le président de Sion est habitué à donner de la voix.
Le président de Sion est habitué à donner de la voix.
Christian Constantin est dans sa douzième année à la tête du FC Sion. Le Valaisan de 52 ans veut faire de son club une équipe de pointe, avec un nouveau stade et des infrastructures dignes de ce nom. Interview.

C'est l'une des personnalités les plus médiatiques en Suisse
romande. Il est adulé par certains et raillé par d'autres,
peut-être la majorité. Une chose est sûre, Christian Constantin (52
ans) ne laisse que peu de gens indifférent.



Ce Valaisan, amoureux de son coin de pays, est à la tête du FC
Sion pour la 2e fois après un premier passage dans les années 90.
En presque 12 ans de présidence, il peut se targuer d'avoir
licencié pas moins de 25 entraîneurs. Connu aussi pour son sens de
la formule, Christian Constantin n'a pas fini de faire parler de
lui. tsrsport.ch l'a rencontré dans son fief de Martigny.



tsrsport.ch: Vu le contexte économique et
l'impossibilité du foot suisse de rivaliser en Europe, faut-il être
"fou" pour investir dans un club comme le FC Sion?




CHRISTIAN CONSTANTIN: Non je n'investis pas, je
fais des dons. Le foot suisse n'a pas les mêmes recettes que dans
les autres pays (tv, loteries,...). En plus, hormis quelques
endroits maintenant, la Suisse n'a pas de stades événementiels qui
permettent de gagner de l'argent. L'intérêt du foot, c'est deux
choses: la passion et il faut en avoir parce qu'il y a beaucoup de
défaites! C'est aussi un instrument de communication. Avec le foot,
on a vite un sujet de conversation qui permet de gagner du temps
pour faire la connaissance d'autrui.



tsrsport.ch: La passion, justement, est-elle
toujours là? Allez-vous continuer encore durant de nombreuses
années à donner votre argent au FC Sion?




CHRISTIAN CONSTANTIN: J'ai dans la tête de
construire un vrai projet de foot. Je crois que d'ici quelques
années, internet et les téléphones portables vont supplanter les
télévisions. Je pense également que les clubs qui ne se développent
pas ne pourront plus participer aux compétitions européennes. Il ne
restera de la place en Suisse que pour très peu d'équipes. Les
clubs qui n'arrivent pas à attirer des spectateurs maintenant
risquent d'en avoir encore moins dans le futur.

"Le FC Sion ne pourra vivre que s'il a un nouveau stade"

tsrsport.ch: Comment se présente ainsi le
futur du FC Sion?




CHRISTIAN CONSTANTIN: La situation est claire. Le
FC Sion ne pourra vivre dans 2-3 ans que s'il a un nouveau stade.
Les infrastructures actuelles ne sont plus adaptées aux exigences
du foot, à savoir jouer en décembre ou en février. Il est également
impératif d'améliorer le confort pour nos spectateurs.



tsrsport.ch: Dans combien de temps le nouveau
stade du FC Sion sera-t-il en fonction?




CHRISTIAN CONSTANTIN: Actuellement, il y a une
opposition contre la construction du stade à Riddes. Le jugement se
tiendra au tribunal cantonal durant ces prochains mois. Ce sont des
procédures assez courantes dans notre pays qui retardent les
projets. Maintenant je sais que tant que les hommes seront des
hommes, des solutions pourront être trouvées. Actuellement, le club
est à 50-60% de ce qu'il devra être dans 3 ou 4 ans.



tsrsport.ch: Est-ce qu'il ne vous arrive pas
parfois d'en avoir marre de ce milieu?




CHRISTIAN CONSTANTIN: Je ne me pose plus ce genre
de question. Quand tu es jeune, tu te dis que tu vas gagner un peu
de pognon et arrêter à 50 ans. Et quand tu as 50 ans, tu pries pour
que le bon Dieu te laisse encore bosser 50 ans!

"Me débrouiller, c'est aussi m'occuper du FC Sion"

tsrsport.ch:

Vous allez donc rester encore un
"moment" à la tête du FC Sion..
.



CHRISTIAN CONSTANTIN:

Tant que j'ai du plaisir et
que j'ai envie de faire des choses, oui. J'espère surtout que Dieu
me laisse la santé. Le reste, je dois me débrouiller. Et me
débrouiller, c'est aussi m'occuper du FC Sion!



tsrsport.ch:

Venons-en à votre consommation
"record" d'entraîneurs. Comment en êtes-vous arrivé à ce
stade
?



CHRISTIAN CONSTANTIN:

Bon, il y a plusieurs
gammes d'entraîneurs. Dans les années 90, c'était essentiellement
le totomat qui réglait le cas. Maintenant, c'est une époque où les
coaches ont beaucoup moins de résistance psychologique et physique.
Je change plus souvent d'entraîneur en raison de leur propre
déficience que pour des aspects purement sportifs.



tsrsport.ch:

Prenons le cas de Lucien Favre.
Autant à Zurich qu'au Hertha, il a connu une première saison
mitigée. On ne l'a pas viré et il a obtenu des résultats la
deuxième année. Ca vous inspire quoi
?



CHRISTIAN CONSTANTIN:

Lucien a eu de la chance à
Zurich. S'il perdait le 1er match du 2e tour, il se faisait
licencier. Et à Hertha, la première année, il a quand même bien
réussi puisque le club était voué à la relégation. Mais, il ne faut
pas oublier qu'il a été limogé à Servette et qu'à Yverdon, ça s'est
aussi mal terminé.

"Le patron est le premier responsable"

tsrsport.ch: Mais ne pensez-vous pas
qu'avec un peu de patience, vos entraîneurs auraient aussi obtenu
des résultats?




CHRISTIAN CONSTANTIN: Avec Stielike, j'en ai eu
de la patience. Cinq mois, c'est beaucoup! Chaque entraîneur qui
signe à Sion connaît le contingent et les objectifs. Jamais un
technicien ne m'a dit qu'il aura besoin de 4-5 mois avant d'obtenir
des résultats. Mais si au départ, on m'assure que les objectifs
seront atteints et qu'ensuite on échoue et que c'est la faute à tel
ou tel, je ne suis plus d'accord. Mais en 11 ans de présidence,
j'ai quand même deux titres de champion, quatre Coupes de Suisse,
une promotion en Super League et huit participations à la Coupe
d'Europe. Pas mal, non?



tsrsport.ch: Ne devriez-vous pas accabler les
joueurs, qui ne semblent pas toujours concernés, plutôt que de vous
en prendre systématiquement aux entraîneurs?




CHRISTIAN CONSTANTIN: Non, le patron est le
premier responsable! Quand Uli Stielike m'affirme fin août que son
équipe n'est pas prête physiquement alors qu'il a été engagé au
mois de juin, c'est qu'il est responsable de cet état de fait.
Après, que les joueurs cherchent à mettre la faute ailleurs, quand
les résultats ne sont pas là, ça a toujours existé. Mais s'il y a
un vrai chef qui pose des exigences et qu'ensuite les joueurs n'y
répondent pas, c'est autre chose. Mais dans ce cas précis, je ne
peux pas couper la tête des joueurs.



Propos recueillis par Stéphane Altyzer

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"Si je pouvais choisir un grand joueur maintenant, j'opterais pour Steven Gerrard"

tsrsport.ch: Y a-t-il un joueur que vous auriez rêvé de voir évoluer au FC Sion?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Si je pouvais en choisir un maintenant, j'opterais pour Steven Gerrard. C'est un grand joueur doté d'un tel tempérament sur le terrain. Ca rejaillit sur ses coéquipiers et on sent que son équipe est toujours capable de revenir dans un match.

tsrsport.ch: On a l'impression que les attaques des médias ou des supporters à votre encontre ne vous atteignent pas...

CHRISTIAN CONSTANTIN: Je n'accorde aucune importance à cela. Il n'y a qu'une seule personne dont je ne me sentirais pas bien si elle m'attaquait, c'est moi-même! Le problème, c'est que ni les médias, ni les supporters n'ont toutes les données en mains pour se forger une véritable opinion.

tsrsport.ch: Dans votre emploi du temps chargé, avez-vous des moments de détente, des passe-temps ou des hobbies?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Il me reste la famille et les amis avec qui je partage de bons moments. Le passe-temps est par définition fait pour les gens qui ont de la peine à s'occuper avec leurs activités traditionnelles! Moi, je pourrais plutôt dire que je suis en manque de temps.

tsrsport.ch: Par contre, vous pratiquez du sport régulièrement...

CHRISTIAN CONSTANTIN: Oui, le mardi, le jeudi et le week-end. Au minimum 5h par semaine. J'ai un coach qui m'organise des séances, c'est vraiment du sérieux! La dernière fois, j'ai fait du rameur, du tapis de course, du vélo et de la musculation. Je ne suis pas prêt pour prendre la place d'un de mes joueurs mais je fais du sport pour me maintenir en bonne forme.

Christian Constantin express

Plat préféré: la raclette.

Boissons préférées: l'Henniez mangue, un bon vin rouge valaisan... même avec la raclette et le café.

Lieu de vacances favori: en hiver Zermatt. L'été, c'est sur la Méditerranée ou l'Atlantique en yacht.

Votre idole: ça dépend des jours et des situations.

Principale qualité: il y en a tellement que je n'en ai aucune idée! Non, je dirais l'authenticité.

Principal défaut: trop exigeant.

Le foot, c'est: un lien entre les hommes et les peuples.

Meilleur souvenir: des souvenirs familiaux et d'amitié.

Pire souvenir: sur le plan sportif, notre élimination à Liverpool en 1/8 de la Coupe des coupes en 1996. On menait 3-2 à la 75e et on s'est incliné 6-3 (ndlr: défaite 1-2 au match aller).

Votre devise: un con qui marche ira toujours plus loin qu'un intellectuel assis (rires).

Le dopage: j'ai le sentiment d'être dopé naturellement (rires).

Votre salaire: c'est ce que mon patron est capable de gagner...