Karel Novy, une dernière sortie pour l'équipe

Karel Novy, le sociétaire du SC Uster, spécialiste du libre et
du papillon, disputera le relais 4x100m libre. Après avoir couru
individuellement lors des précédentes éditions, il est cette fois
ravi de faire partie d'une équipe:"aujourd'hui, c'est plus facile
pour moi de me motiver pour un groupe", avoue-t-il.



Karel Novy partira dès mardi pour Singapour afin de préparer au
mieux sa dernière sortie olympique. Interview.

"Un engagement pour l'équipe"

tsrsport.ch: Vous disputez à Pékin vos 3es
Jeux olympiques. Comment voyez-vous cette nouvelle
expérience?



KAREL NOVY: La première fois, la qualification
était déjà un but atteint en soi. La 2e fois, je voulais confirmer,
faire des résultats. Cette fois, je suis davantage au service de
l'équipe puisque je ne dispute que le relais.



tsrsport.ch: Est-ce que c'est très différent
lorsqu'on s'aligne en individuel ou avec une équipe?



KAREL NOVY: Pour moi oui. Actuellement, par
rapport à ma carrière, je n'ai plus d'ambitions individuelles. Par
contre, j'arrive toujours à me motiver pour que le relais réussisse
un bon résultat.



tsrsport.ch: Avez-vous adopté une préparation
spécifique en vue des JO?



KAREL NOVY:En fait, je m'entraîne un peu moins
qu'avant, mais plus spécifiquement. J'essaie avant tout de trouver
du plaisir à nager. Je recherche moins l'aspect purement sportif,
mais j'y vais davantage avec les émotions.



tsrsport.ch: Certains coéquipiers sont à
l'étranger. L'entraînement jusqu'ici s'est fait plutôt
individuellement...



KAREL NOVY:Exactement. Je m'entraîne tout seul
actuellement. Mais nous partons mardi à Singapour et c'est là que
nous peaufinerons les détails. Exactement. Je m'entraîne tout seul
actuellement. Mais nous partons mardi à Singapour et c'est là que
nous peaufinerons les détails.

"Nous sommes bons dans les passages"

tsrsport.ch: Est-ce qu'en relais, vous
travaillez spécialement les passages?



KAREL NOVY: Oui. Dans notre équipe, les
positions, en tout cas de 3 nageurs sur 4, sont toujours les mêmes
depuis quelques années. Ainsi, nous nous connaissons parfaitement.
Et ces dernières années, nous avons toujours été parmi les
meilleurs du monde dans cet exercice.



tsrsport.ch: Quels sont vos
objectifs?



KAREL NOVY: Avec la qualification pour les JO,
nous avons déjà atteint un but. Maintenant, nous sommes 11es et les
8 meilleures équipes disputeront la finale. Et lorsqu'on sait qu'il
y aura 5 ou 6 dixièmes de différence entre les équipes 7 et 12,
tout est possible...



tsrsport.ch: L'utilisation de certaines
combinaisons a créé la polémique. Quel est votre avis?



KAREL NOVY: Je ne pense pas que l'utilisation de
ces combinaisons soit une bonne évolution pour la natation. En
outre, il y a une question de fair-play. Il faut que tout le monde
ait les mêmes chances au départ. Actuellement, ceux qui ont ces
combinaisons auront un avantage, soit réel, soit psychologique. De
manière générale, je ne pense pas que cette manière de
"matérialiser" le sport soit bon pour l'athlète.

"Les entraînements sont plus spécifiques"

tsrsport.ch:

Comment
expliquez-vous qu'il y ait toujours beaucoup de records battus lors
des grands événements?

KAREL NOVY:

Peut-être y a-t-il l'effet des
combinaisons. Ainsi, depuis l'apparition de cette fameuse nouvelle
tenue, il y a près de vingt records du monde qui sont tombés...
C'est une explication. En outre, les athlètes se préparent de plus
en plus spécifiquement. Les jeunes débutent aussi plus tôt, avec
une certaine discipline qui n'existait pas pour ceux de ma
génération. Et dans les grands pays de natation, on repère les
talents de plus en plus tôt. Cela peut aussi avoir une
influence.

tsrsport.ch:

On dit aussi qu'il y a des
bassins plus rapides que d'autres!

KAREL NOVY:

Oui, c'est vrai. C'est une question
d'architecture. C'est aussi psychologique, par exemple selon la
position des tribunes. Les piscines plus profondes sont les plus
adéquates pour la natation. Mais c'est plus ou moins partout la
même chose.

tsrsport.ch:

Connaissez-vous déjà le bassin
olympique de Pékin?

KAREL NOVY:

Non, pas du tout. Je n'ai vu que des
photos. Je ne sais pas si le bassin est rapide. Je pense que les
courses iront plus vite qu'à Athènes parce qu'elles se courront à
l'intérieur. Les conditions seront uniformes.

"trois nages et une maladie"

tsrsport.ch: Les nageurs s'alignent souvent
dans plusieurs disciplines (libre/papillon/dos). Seuls les
spécialistes de brasse se limitent à cette seule technique. Quelle
en est l'explication?



KAREL NOVY: Lorsque je suis arrivé à Zurich, mon
entraîneur m'a dit: "en natation, il y a 3 sortes de nages, et une
maladie, la brasse..." Trois techniques sont plutôt des nages où
l'on glisse. Par contre, dans la brasse, il y a un temps d'arrêt
dans chaque mouvement. C'est une nage beaucoup plus saccadée.



tsrsport.ch: Vous venez d'être dépossédé de
vos records de Suisse du 50m libre et du 50m papillon. Quel est
votre sentiment?



KAREL NOVY: Ce n'est en tout cas pas une
frustration. Je dirais même que c'est de bon augure, car selon les
records, ils dataient déjà pas mal. Celui du 100m libre, qui a été
battu l'an passé, je le détenais déjà depuis 7 ans Mon seul regret
est que ces nageurs, qui battent mes meilleures marques, n'arrivent
que maintenant. Ma carrière est en train de se terminer et j'aurais
bien aimé avoir davantage de concurrence pour me pousser il y a 3
ou 4 ans.

"Il n'y aura pas d'après-Pékin"

tsrsport.ch: De plus de plus de nageurs
suisses partent à l'étranger. Est-ce une nécessité pour
progresser?



KAREL NOVY: Oui et non. Cela dépend de ce que
voulez faire. Si vous voulez faire des études et du sport, vous
avez intérêt à partir. C'est notamment plus facile sur le plan
financier.



tsrsport.ch: Justement, comment gérez-vous le
côté financier?



KAREL NOVY: Durant toute ma carrière, j'ai
travaillé à côté, j'ai fait mes études. Et on vit très modestement.
C'est une bonne leçon de vie. A l'exception de cette fois, c'était
plus facile les années olympiques. Les sponsors étaient plus
faciles à trouver.



tsrsport.ch: Regrettez-vous que la natation
ne soit pas plus médiatisée en Suisse?



KAREL NOVY: Lorsque j'étais au sommet de ma
carrière, j'aurais répondu oui. Aujourd'hui, je pense que ce n'est
pas forcément un avantage. Je ne pense pas que d'être très
médiatisé nous aide beaucoup. Il n'y a pas vraiment de corrélation
entre presse et argent.



tsrsport.ch: Vous avez maintenant 28 ans,
comment voyez-vous l'après-Pékin?



KAREL NOVY: Il n'y aura pas d'après-Pékin. Je
sais déjà que je vais finir mes études et prendre ma retraite
sportive. Je ne pensais déjà pas disputer encore ces Jeux. Je vais
rester dans la Fédération pour aider les jeunes.



Propos recueillis par Aline Gagnebin