Vladislav Tretiak (57 ans) est l'un des meilleurs gardiens de
but que le hockey ait jamais connu. L'ancien portier de l'URSS et
du CSKA Moscou a marqué des générations de fans dans le monde.
Entre 1970 et 1983, le Russe, sélectionné 288 fois, a tout gagné
avec son équipe nationale. Il détient d'ailleurs le record du
nombre de médailles glanées lors des Mondiaux (13, dont 10 fois
l'or).
A son palmarès, il n'aura manqué qu'une Coupe Stanley. Hélas pour
celui qui fut drafté en 1983 par Montréal, il ne put jamais
traverser l'Atlantique, la guerre froide battant son plein.
Rencontre avec une légende en marge du Mondial.
Une victoire mémorable à Berne en 1971
tsrsport.ch: Y a-t-il un titre ou une
victoire qui vous a procuré plus de joie que les autres au cours de
votre carrière?
VLADISLAV TRETIAK: Difficile à dire, il y en a eu
tellement... Il y a tout de même une victoire qui m'a procuré un
plaisir particulier. Elle est survenue ici même, à Berne, lors du
Championnat du monde 1971. L'Union soviétique avait battu la Suède
8-0, et par la suite nous avions décroché la médaille d'or. Après,
je pourrais citer notre succès en finale contre le Canada lors de
la Canada Cup 1981, ou encore le titre lors du Mondial 1983 en
Allemagne.
tsrsport.ch: Votre pire souvenir doit
sûrement être lié aux JO 1980, où l'équipe des Etats-Unis, composée
de jeunes universitaires, vous avait battu (4-3), et avait ensuite
raflé la médaille d'or.
VLADISLAV TRETIAK: Effectivement, je peux dire
qu'il s'agit de ma pire défaite. Viktor Tikhonov m'a sorti après la
première période, alors que le score était de 2-2. Il a fait une
erreur de coaching, il l'a d'ailleurs lui-même reconnu plus tard.
Après le premier tiers, nous pensions qu'il ne s'agissait que d'un
mauvais passage, et que le match ne pouvait pas nous échapper. Mais
par la suite, le "Miracle on ice" s'est produit...
"J'aurais adoré évoluer en NHL"
tsrsport.ch:
Vous avez mis un terme à votre
carrière relativement tôt, en 1984, à 32 ans. Etait-ce dû à la
déception de ne pas pouvoir quitter l'URSS afin de rejoindre
Montréal, en NHL?
VLADISLAV TRETIAK:
A cet instant, j'avais déjà
gagné beaucoup de titres. J'aurais adoré évoluer en NHL et y gagner
la Coupe Stanley, mais on ne peut pas tout avoir dans la
vie...
tsrsport.ch:
Wayne Gretzky est votre ami
depuis sa venue chez vous en 1982. Rêviez-vous de pouvoir être son
coéquipier en club?
VLADISLAV TRETIAK:
J'aurais bien voulu, oui. Au
moins, nous avons joué ensemble dans un film enregistré à Moscou,
lors de l'une de ses visites en Russie.
"Il n'était pas nécessaire de nous faire travailler
autant"
tsrsport.ch: A l'époque, les entraînements
menés par vos entraîneurs en club et en équipe nationale étaient
rudes. Comment avez-vous fait pour survivre?
VLADISLAV TRETIAK: (Rires). Ma santé et une bonne
dose de discipline me l'ont permis. Avec le recul, je pense que ce
que l'on exigeait de nous en URSS était exagéré. Il n'était pas
nécessaire de nous faire travailler autant.
tsrsport.ch: On dit souvent que les gardiens
sont des personnes étranges, très différentes des joueurs de champ.
Vrai?
VLADISLAV TRETIAK: Ce qui rend les portiers si
différents, c'est qu'ils doivent rester 60' sur la glace. Cela
exige une grosse préparation mentale.
"Nous aurions déjà dû gagner en 2007 à Moscou"
tsrsport.ch: Que pensez-vous des trois
gardiens russes présents au Mondial en Suisse?
VLADISLAV TRETIAK: Alexander Eremenko, Ilya
Bryzgalov et Vasili Koshechkin sont tous trois d'excellents
portiers et se comportent en vrais professionnels. Je suis très
content d'eux.
tsrsport.ch: La victoire au Mondial 2008 a
été comme une libération pour la Russie.
VLADISLAV TRETIAK: Oui, exactement. Le fait de
gagner au Canada, l'année du centenaire de la fédération
internationale, ajoutait à notre bonheur. Mais en fait, nous
aurions déjà dû gagner en 2007 à Moscou. Nous avions perdu sur un
coup de malchance en prolongation, face à la Finlande lors des
demis (1-2).
Propos recueillis par Michaël Taillard
"Les Suisses ont fait de gros progrès"
tsrsport.ch: Que pensez-vous du hockey helvétique et de l'équipe de Suisse?
VLADISLAV TRETIAK: Par rapport à l'époque où je jouais contre les Suisses, de gros progrès ont été faits. La formation me semble très efficace désormais. Les résultats sont visibles dans le succès des ZSC Lions en Ligue des champions. C'était une énorme surprise. Pour ce qui est de l'équipe nationale, elle a eu beaucoup de peine dans ce Mondial jusqu'à présent. Peut-être est-ce dû à la nervosité de jouer à domicile. Mais face à la Suisse, la France et l'Allemagne, qui me semblent ne pas avoir donné leur pleine mesure contre la Russie, ont vraiment joué à 100%.
Vladislav Tretiak express
Musique préférée: ça dépend de mon humeur, mais j'aime bien la musique classique, surtout Beethoven, et le rock.
Lieu de vacances favori: j'adore la mer, le soleil. Mais en général, je prends peu souvent des vacances, à cause de mon job de président de la fédération russe de hockey et de mes activités en tant que membre de la Douma (ndlr: le parlement russe).
Si vous n'aviez pas été hockeyeur: je serais probablement devenu pilote d'avion, comme mon père.
Le hockey, pour vous c'est: un sport populaire pour les hommes.
Le palmarès de Vladislav Tretiak
Carrière professionnelle: 1968-1984.
Club: CSKA Moscou.
Championnat de l'ex-URSS: titré en 1970, 1971, 1972, 1973, 1975, 1977, 1978, 1979, 1980, 1981, 1982, 1983.
Coupe de l'ex-URSS: 1969, 1973, 1974, 1975, 1976, 1977, 1979.
Meilleur joueur du championnat de l'ex-URSS: 1974, 1975, 1976, 1981, 1983.
Equipe nationale
Jeux olympiques: or en 1972, 1976, 1984; argent en 1980.
Mondiaux: or en 1970, 1971, 1973, 1974, 1975, 1979, 1981, 1982, 1983; argent en 1972, 1976, 1978; bronze en 1977.
Canada Cup: or en 1981; bronze en 1976.
NHL: 138e choix au total lors de la draft en 1983, choisi par les Canadiens de Montréal (0 match).