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Sergei Aschwanden est notre invité du lundi

Le Vaudois de 32 ans espère monter sur le podium à Pékin.
Le Vaudois de 32 ans espère monter sur le podium à Pékin.
Sergei Aschwanden prendra part en août à Pékin à ses troisièmes Jeux olympiques. Le judoka vaudois de 32 ans évoque sa préparation et ses objectifs de l'année.

Huit titres nationaux, quatre médailles européennes (2
victoires/2 fois 3e) et deux métaux aux Championnats du monde
(argent/bronze): il ne manque plus qu'un podium olympique pour que
Sergei Aschwanden puisse boucler un beau palmarès.



Qualifié pour les Jeux olympiques depuis sa 2e place à Hambourg
fin février, où il a réalisé son 300e ippon, le Vaudois tentera de
passer enfin le 1er tour. Après les déconvenues de Sydney et
d'Athènes, Pékin sera sa dernière chance olympique. Avant de
peaufiner sa forme en vue des Jeux, le judoka de 32 ans sera
outsider aux Européens de Lisbonne, dès le 11 avril. La suite
dépendra de l'envie.

"Tout faire pour réussir mon grand objectif olympique"

TXT: Quel est votre état de forme en cette
année olympique?




SERGEI ASCHWANDEN: Tout se passe bien. Je me sens
en forme. Je suis aussi plus libéré depuis que j'ai assuré ma place
pour Pékin. J'ai obtenu assez de points, reste à avoir la
confirmation de la sélection de Swiss Olympic, qui a le dernier
mot. Mais cette assurance est un avantage, car la saison est
longue. De plus, je vais avoir moins de pression aux Européens, la
dernière épreuve qualificative pour les JO 2008. Après ces joutes
continentales, je vais mettre tous les moyens de mon côté (décalage
horaire/conditions climatiques) pour réussir mon grand objectif
olympique.



- Lors de cette dernière année, vous avez changé de catégorie,
passant de -81 à -90 kg. Pourquoi ce choix?




SERGEI ASCHWANDEN: J'ai fait ce changement car
c'était devenu contre-productif. J'étais trop concentré sur mon
poids. Le fait de perdre 9-10 kg ne me gênait pas, mais il m'était
devenu plus difficile d'arriver à moins de 81 kg.



- Qu'est-ce que ça change pour vous?



SERGEI ASCHWANDEN: Pas grand-chose. Je dois
surtout adapter l'amplitude de mes mouvements, car mes rivaux sont
plus puissants et moins rapides. Mais j'ai encore du travail. Même
si mes résultats sont positifs, cela ne fait pas une année que je
suis en -90 kg.



- Qu'attendez-vous des Européens? Avec 4 médailles
continentales, y avez-vous encore quelque chose à
prouver?




SERGEI ASCHWANDEN: Si je n'avais plus rien à
prouver, j'arrêterais... Il faut constamment se remettre en
question. Bien sûr, je suis fier de mes 4 podiums européens. C'est
une source de motivation, mais c'est tout. Je vais à Lisbonne sans
penser à ça. En -90 kg, je serai dans la peau d'un outsider.



C'est en Europe qu'il y a la plus forte concurrence. Il faut être
au top pour prétendre à un podium. Après, du 1er au 3e rang, c'est
une question de chance. Un combat se joue sur des détails.

"La préparation pour les Jeux ne change pas"

- Vous allez ensuite vous
concentrer sur les JO. Qu'y a-t-il de différent
?



SERGEI ASCHWANDEN:

En soi, la compétition n'est
pas plus difficile. Ce sont tous les aléas qui sont différents. Il
y a plus de motivation, car c'est tous les 4 ans, et plus de
médiatisation. Sinon, la préparation ne change pas. Il faut
s'adapter au mieux aux conditions.



- Conquérir une médaille olympique, est-ce une obsession pour
vous
?



SERGEI ASCHWANDEN:

C'est le seul podium qui me
manque. Je vais essayer de tout mettre en oeuvre pour l'atteindre,
mais ce ne serait pas la fin du monde si je n'y arrivais pas. Tout
sportif doit aussi vivre avec ses défaites...



- Qu'avez-vous appris de vos deux grosses déconvenues
olympiques
?



SERGEI ASCHWANDEN:

Sydney et Athènes étaient
complètement différents pour moi. En 2000, je n'étais pas attendu.
Je n'avais réussi que très peu de résultats avant. Je n'ai pas de
reproches à avoir, comparé à 2004, où je n'ai pas été à la hauteur.
J'avais l'avantage de l'expérience, j'étais favori. Mais voilà,
c'est du judo! Tu peux perdre au 1er tour, même si tu fais tout
juste.



J'ai relativisé les choses et je pense avoir appris de ces
défaites. Je vais tout faire pour ne pas revivre cela, même si ce
scénario peut se reproduire. Cela dépend aussi du tirage au
sort.

"La pression est aussi là pour faire de bons résultats"

- Sentez-vous beaucoup de pression?



SERGEI ASCHWANDEN: Bien sûr! Mais je me la mets
aussi. Je ne peux pas oublier mes échecs olympiques. La pression
est aussi là pour faire de bons résultats.



- En ce qui concerne un éventuel boycott des Jeux, quel est
votre avis?




SERGEI ASCHWANDEN: Ces répressions à l'encontre
de certains peuples sont bien sûr tristes.Mais le problème existe
depuis 1000 ans. C'est difficile de demander aux sportifs de
boycotter les JO, alors qu'ils consacrent toute leur vie pour cette
compétition. De plus, ce ne sont pas les athlètes qui ont choisi la
Chine. J'espère que les politiques régleront ce problème avant
août.



TXT. Propos recueillis par Sébastien Clément

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Sergei Aschwanden express

La première chose que vous faites le matin: j'allume mon natel.

Votre meilleur souvenir: la réussite de mon bac. Ca m'a ouvert les portes pour faire du judo.

Votre pire souvenir: la défaite aux Jeux olympiques 2004 à Athènes.

Votre principale qualité: je suis quelqu'un d'ouvert.

Votre principal défaut: l'impatience.

Si vous n'aviez pas été judoka: je pense professeur de sport.

Pour vous le judo c'est: ma vie.

Pour vous le dopage c'est: de la m...

Votre idole: aucune. J'ai plutôt de l'admiration pour quelques personnes.

Votre devise: il faut vivre pleinement.

Votre salaire: il n'est pas haut et ce que je gagne passe dans l'achat d'équipements de judo.

"J'irai jusqu'aux Mondiaux 2009. Après, je regarderai d'année en année"

TXT: A 32 ans, comment voyez-vous la suite de votre carrière? Etes-vous satisfait de votre parcours?
SERGEI ASCHWANDEN: Je fais partie des "vieux"! J'irai jusqu'aux Mondiaux 2009. Après, je regarderai d'année en année si le plaisir et la santé sont toujours là. Par ailleurs, je vais commencer des études de sport en septembre.

Pour l'heure, je suis très satisfait de mon parcours. Je suis fier d'avoir été 15 ans au top et de participer à mes 3es JO. J'ai vraiment eu beaucoup de chance: des parents qui ont été derrière moi, tout un bon staff qui a forgé mon parcours. Et surtout, je n'ai pas été touché par de grosses blessures.

- Etes-vous un cas particulier en Suisse? Où en est la relève helvétique?
SERGEI ASCHWANDEN: C'est vrai qu'il y a beaucoup d'essais mais peu d'élus. Pour progresser, il faut aller chercher des partenaires d'entraînement à l'étranger. Ce que j'ai fait en intégrant un club munichois en 1997. On peut rester en Suisse, mais il faut beaucoup voyager. On a tout ce qu'il faut dans notre pays, mais il faut aller chercher "la baston" à l'étranger. Au niveau de la relève, nous nous trouvons face à un problème de structures dans notre pays. Le retard accumulé est énorme, comme c'est d'ailleurs le cas dans d'autres sports de haut niveau.