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Fabian Cancellara est notre invité du lundi

Fabian Cancellara veut ramener l'or de Pékin cet été.
Fabian Cancellara veut ramener l'or de Pékin cet été.
A 27 ans, Fabian Cancellara a des projets plein la tête. Engagé sur les routes du Tour de Suisse jusqu'au 22 juin, le Bernois en profite pour évoquer ses rêves les plus fous.

Fabian Cancellara est un champion qui ne perd pas son temps. Sur
son palmarès, les succès de prestige s'accumulent à une vitesse
incroyable. Cette année, Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo sont
venus s'ajouter à un livre d'or déjà bien garni. Mais "Spartacus"
n'est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Le colosse
d'Ittigen aime les nouveaux défis, même s'ils peuvent paraître
complètement fous.



Ainsi, Fabian tentera un jour de remporter le Tour de France.
Mission impossible, ambition démesurée? Lui, en tout cas, il y
croit. Avant cela, il va tout mettre en oeuvre pour ramener l'or du
contre-la-montre à Pékin, son grand objectif de l'année. Le début
de la préparation passe par le Tour de Suisse. Sur ses terres, le
Bernois entend faire plus que de la figuration. L'homme fort du
cyclisme suisse évoque avec enthousiasme et sérénité ses
projets.

"J'espère pouvoir m'illustrer chez moi"

TXT: - Après un début de saison tonitruant,
vous vous êtes accordé une pause bien méritée. Le Tour de Suisse,
ça marque le retour aux choses sérieuses.




FABIAN CANCELLARA: Oui, de mi-février à
Paris-Roubaix, j'ai vécu une période très intense avec des succès
fantastiques (ndlr: Tour de Californie, Milan-San Remo et
Tirreno-Adriatico). C'était très important pour moi de pouvoir
déconnecter afin de me redonner du jus pour mes objectifs futurs.
J'espère déjà atteindre un bon niveau sur le Tour de Suisse mais
dès maintenant je suis totalement tourné vers mon grand but de
l'année: les Jeux olympiques.



- Abordez-vous néanmoins ce Tour de Suisse avec certaines
ambitions?




FABIAN CANCELLARA: La Boucle nationale est très
difficile cette année mais elle n'en demeure pas moins une très
belle course. Trois arrivées d'étape ont lieu dans mon canton,
j'espère pouvoir m'illustrer dans l'une d'elles.

"J'aime les deux cultures de mes parents"

- En pleine fièvre de l'Euro,
n'est-ce pas difficile pour le Tour de Suisse d'exister
médiatiquement
?



FABIAN CANCELLARA:

Je sais qu'un succès de ma
part pourrait attirer l'attention sur l'épreuve. Ce qui est sûr,
c'est que je vais regarder les matches à la télévision après les
étapes avec une bonne bière à la main (rires).



- Votre père est Italien et votre mère Bernoise. Etes-vous
donc plutôt "Squadra Azzurra" ou "Nati"
?



FABIAN CANCELLARA:

: Je vote Köbi! Plus
sérieusement, je me sens Suisse dans l'âme mais j'aime les deux
cultures de mes parents. Je prends le meilleur de ce qui se fait
dans chaque pays. Par ailleurs, le passeport italien me rend
parfois bien service à la douane!

"Il faut savoir utiliser la tête"

- On a parfois l'impression de voir du Roger Federer chez
Fabian Cancellara. Comme lui, vous avez les pieds sur terre mais
vous assumez vos ambitions.




FABIAN CANCELLARA: Je ne suis pas Roger et Roger
n'est pas Fabian. Il a réalisé des choses énormes dans le tennis et
moi je tente de faire de mon mieux dans le cyclisme. Mais Roger est
quelqu'un d'exceptionnel. Dans la vie ou dans le sport, il reste le
même. C'est un grand professionnel dans tous les domaines. Je suis
sûr que lorsque je le verrai à Pékin, il sera le même qu'à Athènes
il y a 4 ans. Je pense néanmoins que nous avons quelque chose
d'essentiel en commun: nous aimons la vie.



- Vous semblez imperturbable sur votre vélo. Où trouvez-vous
cette incroyable force mentale pour chaque fois vous surpasser dans
les moments importants?




FABIAN CANCELLARA: Avec mes victoires, j'apprends
chaque fois un peu plus à me connaître. L'expérience et les points
de repères positifs accumulés me servent dans les moments cruciaux.
Il ne suffit pas de donner le maximum sur le vélo, il faut savoir
utiliser la tête.

"Mon rêve? gagner le Tour de France!"

- Est-ce que le doute existe parfois dans la tête de Fabian
Cancellara?




FABIAN CANCELLARA: Non, le doute n'existe pas.
C'est possible que dans quelques années, quand je n'atteindrai plus
les résultats souhaités, je me mette à douter. Mais pour l'instant,
je ne regarde pas derrière. Je me fixe toujours de nouveaux
objectifs.



- Dans ces objectifs, le Tour de France a-t-il une place de
choix?




FABIAN CANCELLARA: Remporter un jour le Tour de
France est un rêve. Cette année, j'ai fait quelques résultats en
montagne qui prouvent que c'est possible dans le futur. Mais pour
l'instant, je pense aux JO, c'est plus réaliste.



- Pour gagner un jour le Tour de France, il vous faudra perdre
de la masse musculaire, donc de la puissance.




FABIAN CANCELLARA: Je fais actuellement 82 kg et
je suis conscient que je devrai perdre du poids pour mieux gravir
les cols. Mais d'autres avant moi, comme Miguel Indurain, ont
prouvé que c'était possible de garder de la puissance tout en
progressant en montagne.

"Je ne veux pas avoir de
regrets"

- Et cet été, avec quels objectifs
aborderez-vous la Grande Boucle
?



FABIAN CANCELLARA:

Je ne sais pas encore où
s'arrêtera le Tour de France pour moi. Je devrai jauger la
situation au moment voulu. Cette année, il n'y a pas de prologue
mais un contre-la-montre le 4e jour. Si j'obtiens un résultat
probant ce jour-là, je ne vais pas tout jeter à la poubelle en ne
pensant qu'à Pékin. Au niveau mental, je sais que ça ne me posera
pas de problème d'arriver à Paris. Et la force emmagasinée sur le
Tour de France me servira pour la suite, même si l'enchaînement
avec les Jeux olympiques ne sera pas facile.



- Les projets ne manquent donc pas!



FABIAN CANCELLARA:

Oui, je ne veux pas avoir de
regrets quand j'arrêterai le vélo dans quelques années. Ca serait
bien sûr joli d'avoir trois Paris-Roubaix sur le palmarès mais
c'est encore plus beau quand les succès sont diversifiés.



TXT/Propos recueillis par Samuel Jaberg

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Fabian Cancellara express

Votre plus grande qualité: ma force, tant physique que mentale.

Votre plus grand défaut: je ne suis pas très ordré. J'oublie parfois certains rendez-vous.

Votre idole: Miguel Indurain. C'est un rouleur avec un gabarit comme le mien et il a gagné 5 fois le Tour de France.

Le cyclisme, pour vous, c'est: le plus beau des sports et très facile à pratiquer. Il suffit d'avoir un vélo!

Votre devise: dans la vie, rien n'est donné.

Si vous n'aviez pas été cycliste: footballeur, peut-être. Mais sous les ordres de Köbi Kuhn ou d'Hans-Ueli Müller en 5e ligue, ça je ne sais pas! (rires).

Votre meilleur souvenir: j'ai en plusieurs. Je dirais tout ce qui touche à ma famille et les succès en cyclisme.

Votre pire souvenir: je n'en ai pas.

Votre salaire: il me convient.

"Mon but est de ramener l'or de Pékin!"

- Cet été, vous serez l'espoir no1 de toute une nation à Pékin. La pression sera énorme sur vos épaules.
FABIAN CANCELLARA: Bien sûr que la pression sera plus grande que jamais. Mais jusqu'à présent, j'ai prouvé que j'avais toujours bien réussi à maîtriser la pression. J'arrive à en tirer du positif. Mon but est de ramener l'or, pour moi et pour mon pays, et cela décuple encore mes forces. Je sais exactement comment appréhender cette épreuve. Et dans un contre-la-montre, le 70% de la course se joue dans la tête.

- Les conditions seront toutefois bien particulières à Pékin. Comment allez-vous préparer cette échéance?
FABIAN CANCELLARA: J'arriverai deux semaines avant la compétition à Pékin. Je vais faire le maximum pour éviter la moindre faute dans la préparation. C'est trop important. Les Jeux olympiques n'ont lieu que tous les quatre ans, on n'a pas le droit de se rater.

- Connaissez-vous déjà le parcours?
FABIAN CANCELLARA: Je l'ai vu sur DVD et j'ai déjà discuté avec des membres de Swiss Olympic qui sont allés sur place. Le parcours du contre-la-montre est difficile mais pas fantastique. Pékin n'offre pas 10'000 possibilités.