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Thabo Sefolosha a un an pour réussir en NBA

Souriant, humble, simple,...: les qualités de Thabo sont nombreuses.
Souriant, humble, simple,...: les qualités de Thabo sont nombreuses.
L'Helvétie n'est pas un pays de basket. Un "petit" Suisse a tout de même réussi à se faire une place dans le championnat le plus relevé du monde. Rencontre en toute simplicité avec Thabo Sefolosha, premier Suisse en NBA.

Humble, souriant, enthousiaste: Thabo Sefolosha n'a pas changé,
malgré trois saisons dans la prestigieuse NBA. "Si j'inscrivais
30 points par rencontre, peut-être que je serais différent"
,
plaisante le Veveysan.



Premier Suisse à évoluer dans le championnat américain, "celui qui
amène la joie" (signification du prénom Thabo en dialecte
sud-africain) a une année - la dernière? - pour montrer ce qu'il
vaut en NBA. Transféré en février dernier par les Chicago Bulls au
Thunder d'Oklahoma, l'international helvétique de 25 ans évoque sa
carrière et revient pour tsrsport.ch sur une saison
"mouvementée".

Une passion née devant la "Dream Team"

tsrsport.ch: Comment vous est née cette
passion pour le basket?




THABO SEFOLOSHA: Elle a commencé vers l'âge de
8/9 ans en allant jouer dehors avec des copains. Il n'y avait pas
cette structure d'équipe. Je me sentais libre et je trouvais cet
esprit sympa. J'adorais ce côté streetbasket, un contre un, deux
contre deux.



tsrsport.ch: D'autres sports avant le
basket?




THABO SEFOLOSHA: J'avais joué au football. Et
puis il y a eu les Jeux olympiques de Barcelone en 1992 et
l'incroyable "Dream Team" américaine. J'ai commencé à regarder des
revues de basket et à me procurer des cassettes vidéos. C'est ainsi
que tout a commencé.



tsrsport.ch: Il y a 9 ans, vous évoluiez à
Vevey Riviera. Vous rendez-vous compte de tout le chemin
parcouru?




THABO SEFOLOSHA: C'est vrai qu'avec un peu de
recul, tout s'est passé très vite. Si je m'en rends compte? Oui,
tout de même car j'ai beaucoup travaillé. Quand je regarde en
arrière, c'est assez incroyable.



tsrsport.ch: Laurent Molinari et Yves
François, deux entraîneurs de vos débuts à Blonay, disaient que
vous étiez maigrichon et pas très travailleur...




THABO SEFOLOSHA: (rires) Ce n'est pas faux.
J'avais un peu de facilité. J'étais fluet et je me faisais
bousculer à droite et à gauche. J'étais loin d'être le plus fort
physiquement. Encore maintenant d'ailleurs. Jeune, avec de la
facilité, j'avais tendance à juste me faire plaisir. D'où peut-être
une certaine nonchalance au départ.

La France et l'Italie avant la NBA

tsrsport.ch:

A l'âge de 18 ans, vous êtes
parti en Bourgogne, à Chalon-sur-Saône. Etait-ce nécessaire pour
atteindre votre rêve, à savoir la NBA
?



THABO SEFOLOSHA:

Il le fallait. En Suisse, même
si tu joues bien, je ne suis pas certain qu'il y ait des recruteurs
qui viennent observer les joueurs de talent pour la NBA. La chance
m'a été donnée de poursuivre ma progression en France. C'était le
bon timing pour partir.



tsrsport.ch:

Manu Schmitt (ex-entraîneur
des Geneva Devils et de l'équipe nationale), alors responsable
du centre de formation de Chalon-sur-Saône, vous a convaincu de
rejoindre la Bourgogne. Il a contribué à votre
éclosion..
.



THABO SEFOLOSHA:

Absolument. Il a cru en moi dès
le départ. Il y est pour beaucoup dans mon parcours. Je pourrais
remercier beaucoup d'autres personnes.



tsrsport.ch:

Puis il y a eu l'étape italienne
à Biella en 2006 avant le grand saut en NBA. Vous êtes le premier
Suisse à atteindre la NBA. Réalisez-vous
?



THABO SEFOLOSHA:

En étant le premier, c'est
quelque chose qui va rester dans le basket suisse. Ca me fait
plaisir, c'est évident, mais je ne focalise pas.

"Aux Etats-Unis, c'est beaucoup plus individualiste"

tsrsport.ch: Pensez-vous que d'autres
Suisses peuvent évoluer en NBA?




THABO SEFOLOSHA: Je pense que dans 10 ans ce sera
possible. Le talent est là. Il faut beaucoup travailler et donner
aux jeunes l'envie de se dire que c'est réalisable. Il faut leur
montrer le chemin via des filières sport/étude et des centres de
formation.



tsrsport.ch: La probabilité pour un Suisse de
jouer en NBA est minuscule. Vous avez en quelque sorte gagné à
l'Euro Millions!




THABO SEFOLOSHA: On peut le voir comme ça, mais
je vous assure qu'il y a plus de travail qu'en jouant simplement à
l'Euro Millions (rires).



tsrsport.ch: Quelle est la principale
différence entre la NBA et le basket européen?




THABO SEFOLOSHA: Aux Etats-Unis, c'est beaucoup
plus individualiste. On forme une équipe mais c'est aussi beaucoup
chacun pour soi. En NBA, le jeu en équipe est beaucoup moins
exploité qu'en Europe.



tsrsport.ch: Une saison de NBA est très
longue. 82 matches pour les équipes qui ne disputent pas les
playoff!




THABO SEFOLOSHA: On passe la moitié de son temps
dans les avions, les hôtels et les salles de basket. On n'a pas une
seule minute. C'est une vie où l'on est un peu déconnecté.

Bryant et James "très impressionnants"

tsrsport.ch:

Avez-vous vécu votre rêve
américain
?



THABO SEFOLOSHA:

Tout basketteur rêve de la NBA.
J'ai commencé à réaliser ce rêve. Maintenant, je veux m'inscrire
comme un bon joueur dans cette ligue.



tsrsport.ch:

Vous est-il déjà arrivé
d'arrêter de jouer suite à un magnifique geste d'un
adversaire
?



THABO SEFOLOSHA:

Ca arrive. Il y a des joueurs
comme LeBron James ou Kobe Bryant qui sont très
impressionnants.



tsrsport.ch:

Vous avez pourtant déjà contré
Kobe Bryant
!



THABO SEFOLOSHA:

Il faut parfois avoir un peu de
chance (rires).



tsrsport.ch:

Ces deux joueurs sortent du
lot..
.



THABO SEFOLOSHA:

Certains soirs il n'y a vraiment
rien à faire contre eux.



tsrsport.ch:

Un monde vous sépare.



THABO SEFOLOSHA:

J'évolue dans la même ligue en
sachant que j'ai beaucoup de travail. Je ne pars jamais vaincu.

"D'un jour à l'autre, on peut être transféré"

tsrsport.ch: Le basket est-il désormais un
métier ou une passion?




THABO SEFOLOSHA: Les deux. Une passion d'abord
mais lorsque l'on passe 6 mois de son temps loin de la maison,
c'est un métier. La saison est longue, les attentes du public
énormes. Mais il ne faut pas oublier l'essentiel en fin de compte:
le basket reste un jeu et il faut avoir du plaisir.



tsrsport.ch: Le 19 février dernier, les
Chicago Bulls vous ont transféré à Oklahoma...




THABO SEFOLOSHA: C'était le dernier jour pour
cette période de transferts. Je rentrais de l'entraînement. J'avais
éteint mon téléphone. Et c'est mon frère qui m'a annoncé la
nouvelle. Je me suis dit que j'allais jouer dans une équipe où
j'aurais enfin plus de temps de jeu. J'étais content de partir. La
NBA peut paraître brutale. D'un jour à l'autre, on peut être
transféré. Cela fait partie du business. On sait que ça peut vite
changer.



tsrsport.ch: Vous arriverez en fin de contrat
en 2010.




THABO SEFOLOSHA: J'ai une année pour montrer ce
que je vaux en NBA. La saison prochaine va déterminer les 3 ou 4
prochaines années de ma vie. Si je devais rentrer en Europe, les
championnats d'Espagne ou d'Italie m'intéresseraient.



Propos recueillis par Miguel Bao

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Une grande reconnaissance pour ses parents

tsrsport.ch: Votre père est musicien et votre mère artiste peintre. Y sont-ils pour quelque chose dans votre choix pour le basket?

THABO SEFOLOSHA: Ils ne m'ont jamais vraiment orienté vers tel ou tel sport. C'est moi qui ai choisi le basket. Par contre, ils m'ont transmis leur passion artistique. Si je suis arrivé aussi loin, c'est en grande partie grâce à eux

tsrsport.ch: Leur côté artistique vous a-t-il justement aidé dans votre carrière?

THABO SEFOLOSHA: Je pense que oui. Mes parents avaient pris des parcours atypiques. Ils ont choisi leur chemin avec la musique et la peinture, alors pourquoi pas moi avec le sport?

tsrsport.ch: Avant votre départ en Bourgogne, en 2002, votre mère avait lourdement insisté auprès du club de Chalon-sur-Saône pour que vous finissiez vos études (bac en Sciences économiques et sociales) parallèlement au basket...

THABO SEFOLOSHA: Les études étaient sa priorité. Et elle avait raison. Ma mère ne m'a jamais mis des bâtons dans les roues pour le basket, mais les études primaient.

Un grand frère aussi basketteur

tsrsport.ch: On disait à l'époque que votre frère Kgomotso était meilleur.

THABO SEFOLOSHA: Au un contre un il me battait toujours.

tsrsport.ch: Pourquoi avez-vous réussi à atteindre la NBA et pas votre frère, qui évolue en Junior College actuellement?

THABO SEFOLOSHA: Il y a plusieurs tentatives d'explications. Le brin de chance entre en ligne de compte. J'ai été au bon endroit au bon moment.... Peut-être que j'ai montré plus d'envie que les autres.

Thabo Sefolosha express

Première chose faite le matin: je pense à ma fille.

Repas préféré: les lasagnes.

Boisson préférée: le thé froid.

Meilleur souvenir: la naissance de ma fille.

Pire souvenir: je n'en ai pas encore.

Principale qualité: la gentillesse.

Principal défaut: souvent en retard.

Devise: une seule vie à vivre.

Si vous n'aviez pas été basketteur: professeur d'école peut-être.

Joueur de NBA le plus sympa: Joakim Noah.

Joueur de NBA le plus redoutable: LeBron James. Une fois il avait marqué 16 points. Je m'étais dit que nous avions fait un bon match. Les 2 fois suivantes, il avait inscrit 41 et 41 pts...

Le dopage: Un fléau. On veut voir des humains, pas des machines ou des clones

Salaire: 2,75 millions de dollars par année. Je ne me rends pas vraiment compte de ce que cela représente. Cela permet de faire plaisir.

La carrière du Veveysan

2001-2002: Vevey Riviera Basket (LNA)
2002-2005: Chalon-sur-Saône (France-ProA)
2005-2006: Angelico Biella (Italie-SerieA)

2006: Drafté par les Philadelphia 76ers (13e tour) puis transféré aux Chicago Bulls
2006 juillet: Summer League à Orlando (Chicago Bulls)
2006-février 2009:Chicago Bulls (NBA)
Février 2009-...: Oklahoma City Thunder (NBA)

Ses records en NBA:

Points: 22, deux fois.
Total rebonds: 13 contre Détroit le 19 janvier 2008.
Rebonds offensifs: 5 contre Détroit le 19 janvier 2008.
Rebonds défensifs: 10 contre Détroit le 4 avril 2007.
2 points: 9 réussis contre Portland le 6 février 2008.
3 points: 4 réussis contre Philadelphie le 26 mars 2008.
Lancers francs: 8 réussis contre Denver le 11 mars 2009.
Passes décisives: 7 contre Milwaukee le 17 avril 2008.
Interceptions: 5 contre Sacramento le 10 mars 2009.
Contres: 4, trois fois.
Evaluation: 27 contre Portland le 6 février 2008.

Record avec l'équipe nationale suisse:
Points: 30 contre la Slovaquie à Bratislava en 2005.