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Marc Rosset, une "grande gueule"

Le Genevois s'est toujours senti à la maison à Roland-Garros.
Le Genevois s'est toujours senti à la maison à Roland-Garros.
Marc Rosset, retiré du tennis professionnel il y a trois ans, ne mâche pas ses mots à l'heure d'évoquer la génération actuelle, Swiss Tennis ou le dopage. Interview.

Considéré comme une "grande gueule", Marc Rosset (37 ans) a
surtout été, avant l'émergence de Federer, l'un des plus beaux
palmarès tennistique suisse, avec 15 titres ATP, 8 en double, une
9e place ATP en septembre 95, la finale de Coupe Davis 1992 et,
surtout, le titre olympique sur l'ocre de Barcelone.



Pro entre 1988 et 2005, le Genevois a aligné les coups d'éclats
et... les contre-performances, menant sa barque à sa guise, allant
même jusqu'à se fâcher avec son entourage (Oberer, Hlasek). Le
"grand Marc", on l'a aimé ou on l'a détesté. Mais il est toujours
resté le même: timide, mais franc. La preuve!



TXT: - Vous vous faites très discret. Que
devient Marc Rosset?




MARC ROSSET: Tout va très bien pour moi, je vous
rassure! Je m'occupe de ma société (ndlr: MRB Tennis Concept,
fondée notamment avec le Français Frédéric Bouvier) et de certaines
autres choses qui ne regardent que moi.



- Justement, quel est le but de votre société, MRB Tennis
Concept?




MARC ROSSET: Nous organisons des journées à la
carte pour les entreprises dans les grands tournois, mais le but
premier est l'organisation de camps pour les enfants. J'adore les
enfants et je prends beaucoup de plaisir à me retrouver parmi eux à
Genève.



- Il vous est aussi arrivé d'aller épauler Marat Safin. Marc
Rosset de viendra-t-il coach à l'avenir?




MARC ROSSET: Non, aucune chance. Je n'ai pas du
tout l'âme d'un coach. Marat, je l'ai assisté pendant 3 semaines
parce que c'est un copain, mais c'est tout. Mon activité avec les
enfants pendant les vacances d'été me suffit.

"Aujourd'hui, seuls 3 joueurs sortent du lot"

- Mais suivez-vous encore le tennis pro? Et qu'en
pensez-vous?




MARC ROSSET: Oui, je regarde des parties à la TV.
Mais aujourd'hui, il n'y a que 3 joueurs qui sortent du lot
-Federer, Nadal et Djokovic-, qui se battent pour les grands
tournois. Aujourd'hui, le niveau de jeu est plus fort qu'à mon
époque, il n'y a aucun doute. Par contre, au niveau de la densité
de bons joueurs, ce n'est plus ça. Quand je jouais, il y avait les
Sampras, Agassi, Courier, Chang, Becker, Stich ou autre Kafelnikov.
Soit 10-15 grands joueurs qui étaient devant au classement.
Aujourd'hui, on voit que David Ferrer est 5e mondial sans avoir
gagné le moindre tournoi du Grand Chelem ou Masters Series. Même
Stan Wawrinka est 10e en ayant gagné un simple petit tournoi, et
même pas cette année...



- A quoi attribuez-vous cela?



MARC ROSSET: C'est une question de génération. Il
y a eu un boom du tennis avec les Borg et McEnroe, alors que
j'avais 6 ou 7 ans. Mais cela a donné une vocation à de jeunes
joueurs comme moi. Voilà pourquoi ma génération était davantage
"fournie". Il ne faut pas oublier non plus que le tennis est moins
à la mode, que les enfants ont désormais un grand choix de
sports.

"Federer serait devenu Federer dans n'importe quel pays!"

- En Suisse, on a un peu l'impression
que Roger Federer est l'arbre qui cache la forêt..
.



MARC ROSSET:

Quand Becker était numéro un, il y a
eu un grand boom en Allemagne. A-t-on dix joueurs pros en
Suisse?



- La superbe de Federer n'a donc pas beaucoup d'effets en
Suisse
?



MARC ROSSET:

Le tennis suisse a eu la chance
d'avoir de grands joueurs comme Guenthardt, Hlasek, Rosset ou
Federer mais je ne pense pas que le bénéfice en revienne à la
fédération. Federer, il aurait pu naître dans n'importe quel pays,
il serait devenu Federer!

"Bienne est un choix curieux de Swiss Tennis"

- Ne travaille-t-on donc pas juste?



MARC ROSSET: Ce n'est pas à moi de le dire.
L'argent est comme partout le nerf de la guerre. Il faut investir
des moyens, instaurer des programmes de détection. Dommage aussi
que les anciens joueurs ne soient pas mis en contact avec les
jeunes... Et que dire du choix de Swiss Tennis de s'installer à
Bienne. C'est sympa, c'est au milieu du pays, mais cela ne sert pas
à grand-chose. Prenons l'exemple de Genève: beaucoup de tennismen
français sont établis et s'entraînent dans le coin. Evoluer à leur
contact pourrait stimuler les jeunes. Non, Bienne est un choix
curieux.

Souvenir mitigé de l'édition 1996 de Roland-Garros

- Roland-Garros débute ces jours à Paris. Vous y avez été
demi-finaliste en 1996. Un tournoi spécial pour vous?




MARC ROSSET: Paris, pour un Genevois, c'est tout
près alors on se sent un peu à la maison. Ensuite, il est vrai que
j'y ai été demi-finaliste et j'ai gagné le double avec Jakob Hlasek
en 1992.



- Cette demi-finale face à Michael Stich, elle vous laisse des
regrets?




MARC ROSSET: J'ai un souvenir mitigé de cette
édition 1996. Car si je devais gagner une fois en Grand Chelem,
c'était là. J'aurais joué contre Kafelnikov en finale et je menais
11-1 contre lui... Mais je suis tombé sur du bon Stich et je suis
passé au travers...



- Marc, votre titre olympique de Barcelone, vous y pensez
encore?




MARC ROSSET: C'est quelque chose qui est resté
dans la mémoire des gens, et dans la mienne. Mais le temps file,
c'était il y a 16 ans déjà...



TXT/Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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Marc Rosset express

La première chose que vous faites le matin: ben j'ouvre les yeux!

Votre boisson préférée: le thé froid.

Votre devise: elle me vient de Georges Deniau (ndlr: ex-coach Coupe Davis): tout ce qui ne tue pas rend plus fort.

Votre principale qualité: l'honnêteté.

Votre principal défaut: trop... honnête

Votre salaire: je n'en ai plus!

Votre idole: c'était Ayrton Senna.

Si vous n'aviez pas été tennisman: aucune idée! Peut-être pilote de F1...

Mais avec 202cm, vous êtes trop grand! Avec des "si", j'aurais été plus petit, et donc pilote de F1!

Le sport, c'est: on dit que c'est sain, mais au niveau pro, ça ne l'est pas! Quand tu t'entraînes 5-6h par jour, plus le physique, ça laisse des traumatismes.

Le dopage, c'est: interdit, mais est-ce que ça doit l'être? Comment demander à des cyclistes de rester 5-6h sur leur vélo et de devenir toujours meilleurs? C'est du sport-business. Un 100m en 12", ça n'intéresse personne. Selon le sport, tout le monde sait qu'il faut prendre des trucs pour réussir. Pourquoi ne pas introduire une assistance médicale. Chez les pros, bien sûr!

"Federer n'a que 2 adversaires dangereux à Roland-Garros"

- Et Federer, a-t-il une chance de gagner à la Porte d'Auteuil, ou comme Sampras, il ne s'y imposera jamais?
MARC ROSSET: Federer a plus de chances de le gagner car il n'a que deux adversaires vraiment dangereux, Nadal et Djokovic. Et si Nadal fait une contre-performance, Roger a une voie royale.

- Federer trouvera-t-il le moyen de battre un jour Nadal à Paris? La tactique du Bâlois face à l'Espagnol étaitelle la bonne jusque-là sur terre?
MARC ROSSET: Quand on joue un défenseur comme l'est Nadal, il n'y a pas d'autre choix que de jouer l'attaque à tout-va, mais cela comporte des risques. Le pourcentage coups gagnants-erreurs doit rester favorable. On l'a vu, dès que celui-ci baisse, Nadal en profite.

- Comme à Hambourg, Federer a souvent mené largement avant de voir Nadal revenir. Ca se joue dans la tête?
MARC ROSSET: Contre Nadal, Federer doit en faire davantage que contre les autres. Garder ce niveau est difficile.

- Et Stanislas Wawrinka, champion junior de Roland-Garros 2003, quelles sont ses chances de briller là-bas?
MARC ROSSET: Roland-Garros, c'est physiquement que ça se gagne ou se perd. Si tu peux éviter de jouer des 5 sets en début de tournoi et conserver une bonne forme physique, chaque joueur a ses chances. On a vu à Rome que Stan a les moyens de briller sur terre battue. Tout dépendra du tirage au sort.