Le 31 mai dernier, Massimo Lombardo (36 ans) a mis un terme à 17
ans de carrière en disputant un ultime match de Challenge League
avec le Stade Nyonnais. International à 19 reprises (1 but), le
Tessinois a connu ses plus beaux succès à GC (2 titres/1
Coupe).
Mais il a aussi vécu des moments pénibles, notamment lors d'une
saison à Perugia, ainsi que lors de la faillite de Servette ou de
la relégation de NE Xamax en Challenge League.
Ambassadeur de Terre des Hommes, Lombardo porte un regard serein
sur son parcours, à l'aube d'une carrière de directeur technique à
Nyon et d'entraîneur des M15 du Team Vaud. Interview.
"Je ne voulais pas que ce soit le foot qui ne veuille plus de
moi"
tsrsport.ch: Vous avez décidé de prendre
votre retraite. Qu'avez-vous ressenti lors de votre dernier
match?
MASSIMO LOMBARDO: J'étais surtout soulagé que le
Stade Nyonnais ait pu conserver sa place en Challenge League. C'est
vrai que c'était un peu spécial. Mais j'avais pris ma décision il y
a deux mois et j'étais serein. Après une carrière de 17 ans, je ne
voulais pas que ce soit le football qui ne veuille plus de moi. Je
ne voulais pas perdre les motivations qui m'avaient amené à jouer
durant toutes ces années. Je n'aurais pas pu me le pardonner parce
que j'ai trop de respect pour tout ce que j'ai fait durant toute ma
carrière.
tsrsport.ch: Est-il difficile de tourner la
page, de quitter le terrain?
MASSIMO LOMBARDO: Je vais continuer dans le monde
du football, avec Stade Nyonnais, mais surtout avec une équipe de
jeunes que j'aurai du plaisir à entraîner. Les terrains ne vont
donc pas me manquer. C'est plus facile ainsi.
tsrsport.ch: Est-on bien préparé en Suisse
pour se reconvertir après sa carrière?
MASSIMO LOMBARDO: Personnellement je voudrais
réussir dans le monde du football. Maintenant, je me suis rendu
compte, lorsqu'on fait les cours d'entraîneur, qu'il y a beaucoup
de monde et qu'en Suisse, il y a peu de places. Je compte sur mon
expérience et ma passion.
"Je me dis parfois que j'aurais pu faire mieux"
tsrsport.ch:
Vous avez eu une carrière de 17
ans. Avec du recul, quel regard portez-vous sur votre
parcours?
MASSIMO LOMBARDO:
J'ai beaucoup de souvenirs.
J'ai fait beaucoup. Je me dis parfois que j'aurais pu faire mieux.
Mais je me dis aussi que j'ai vu beaucoup de joueurs avec davantage
de qualités que moi et qui n'ont pas fait ce que j'ai fait. Je
regarde en arrière avec sérénité. J'ai vécu ces moments avec
beaucoup de passion et de plaisir. J'ai particulièrement apprécié
les années passées à GC parce qu'on avait joué la Champions League,
gagné des Championnats. Mais de tous les clubs où j'ai évolués, je
garde des bons souvenirs.
tsrsport.ch:
Vous avez vécu un transfert
pénible en Italie. Regrettez-vous ce choix?
MASSIMO LOMBARDO:
L'expérience à Perugia a été
difficile, mais aussi extraordinaire parce que j'ai été confronté à
un autre monde. Il y a beaucoup de pressions des dirigeants, des
supporters. C'est difficile. On avait "l'obligation" de remonter en
Serie A. On a réussi après un barrage. C'était une saison épuisante
parce que tout est vécu avec plus de passion en Italie. Après le
match, tu pars tout de suite à l'hôtel pour y rester une semaine
pour préparer le match suivant... Je ne connaissais pas ça. C'était
passionnant de voir le monde du foot en Italie.
"Il manque un club représentatif pour la région lémanique"
tsrsport.ch: Vous allez entraîner des
jeunes. Quels conseils donneriez-vous à un joueur qui rêve de
devenir pro?
MASSIMO LOMBARDO: Il y a beaucoup de joueurs de
talent. Mais le football doit être un plaisir. En Suisse, il n'y a
pas les structures comme dans d'autres pays. Souvent, les jeunes
sont confrontés à un choix. Faut-il continuer les études ou faire
du foot? Mais je pense qu'il faut surtout vivre le football avec
plaisir et avoir de la patience.
tsrsport.ch: Beaucoup de jeunes veulent
partir à l'étranger. Quel est votre avis?
MASSIMO LOMBARDO: Si on veut faire ce pas, il
faut surtout bien choisir son club. Certains clubs et certains pays
sont plus formateurs que d'autres. L'Italie, par exemple, n'a pas
de clubs formateurs. Il y toujours la pression du résultat. En
Angleterre ou en France, il y a des clubs qui sont formateurs.
C'est intéressant de partir, car ailleurs le niveau du foot est
plus élevé. Il y a des possibilités, mais il faut bien choisir. A
Arsenal notamment, on a vu des exemples de joueurs qui ont pu se
former et ensuite évoluer en Premier League.
tsrsport.ch: Le foot en Suisse romande connaît
pas mal de soucis. Quel est votre avis?
MASSIMO LOMBARDO: J'ai connu la faillite à
Servette. Mais je ne peux pas vraiment répondre à cette question.
Ce que je peux dire, c'est que les gens ont besoin de s'identifier
à un club. On l'a vu avec Bâle ou Zurich. En Suisse romande, on a
besoin d'un club phare. Aujourd'hui, il n'y a que NE Xamax et Sion.
Il manque vraiment un club représentatif pour la région
lémanique.
Propos recueillis par Aline Gagnebin
"De grands moments" avec l'équipe de Suisse
tsrsport.ch: Vous avez également porté le maillot de l'équipe de Suisse. Qu'est-ce que cela a représenté pour vous?
MASSIMO LOMBARDO: C'était extraordinaire. Je suis d'origine italienne mais c'est en Suisse que j'ai vécu toutes mes expériences footballistiques. C'est particulier de porter le maillot national. Tout un pays est derrière vous. J'ai joué mon premier match avec Artur Jorge juste avant l'Euro en Angleterre. Même si j'ai joué mes 19 matches en l'espace de 7-8 ans, même si l'équipe n'a pas connu autant de succès qu'aujourd'hui, cela a été de grands moments.
tsrsport.ch: Vous avez la double nationalité. Comment avez-vous fait votre choix de porter le maillot de la Suisse?
MASSIMO LOMBARDO: C'est vrai que j'avais toujours eu comme rêve de jouer pour l'Italie. A la maison, j'ai grandi dans une culture italienne. Après, on devient plus réaliste. Dans mon cas, je n'ai ensuite plus eu de doute sur le choix du maillot.
Massimo Lombardo express
La première chose que vous faites le matin: j'embrasse mon fils.
Principal défaut: très orgueilleux.
Principale qualité: honnête.
Meilleur souvenir: la naissance de mon fils.
Pire souvenir: je n'en ai pas.
Lieu de vacances de rêve: Ibiza.
Plat préféré: la pizza.
Boisson préférée: l'eau gazeuse.
Le dopage: Je ne veux pas dire que c'est une façon de tricher. Ce serait trop facile. Je pense que c'est pour un athlète un moyen de sortir du lot, de réussir quelque chose d'extraordinaire.C'est parfois aussi la pression de l'argent qui amène des gens à se doper.
Personnalité que vous admirez: Je ne vais pas dire un sportif. Nelson Mandela.