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Carlos Varela, le "bad boy" du foot suisse et de NE Xamax

Depuis un an et demi, Carlos Varela a fait la paix avec les arbitres.
Depuis un an et demi, Carlos Varela a fait la paix avec les arbitres.
Avec l'arrivée de Hakan Yakin à Lucerne, le passage de Carlos Varela de Berne à Xamax est peut-être l'un des plus gros transferts de l'été en Suisse. Tsrsport.ch a rencontré l'Espagnol de Genève, qui rêve de briller à Neuchâtel.

Footballeur de talent, Carlos Varela (bientôt 32 ans) n'est plus
à présenter. Réputé "bad boy" et provocateur, on l'aime ou on le
déteste. Mais ce qui est sûr, c'est que sur un terrain, l'ailier
genevois au passeport espagnol donne toujours tout. Sans
compter.



Véritable clubiste, Varela a profité de l'été pour revenir en
Suisse romande, où Neuchâtel Xamax en a fait sa plus belle
acquisition en même temps que le leader d'un groupe relativement
jeune.



Alors que la Super League reprend ses droits ce weekend,
tsrsport.ch a rencontré à Neuchâtel un jeune marié - c'était en
décembre dernier, avec Patricia, une Espagnole rencontrée à Berne -
qui se dit assagi. A vos protège-tibias, c'est du 100%
franchise.



tsrsport.ch: - Pourquoi avoir choisi NE
Xamax?




CARLOS VARELA: J'aurais pu aller en France (réd:
Nantes, Grenoble,... Dubaï et Los Angeles Galaxy), mais je devais
attendre la fin du mercato, fin août. Je n'ai pas eu la patience.
Et quand on me montre de l'intérêt comme l'a fait Xamax, avec le
président et le coach, ça me touche, me donne envie. Quand on
t'accueille pareillement, à bras ouverts, c'est presque plus beau
que le salaire. Et du moment que c'était à Neuchâtel, en Romandie,
je n'ai pas voulu attendre.

"Xamax a tout pour devenir une grande équipe"

tsrsport.ch:

- Les
ambitions ne sont pas les mêmes à la Maladière qu'à Young
Boys..
.



CARLOS VARELA:

Pas pour le moment. Mais quand on
parle d'avenir, Xamax est sur le bon chemin pour devenir ce qu'est
YB, voire mieux. Avec ce nouveau stade, on sent que la ville est
derrière son club. En plus, c'est quand même la meilleure équipe
romande de la saison passée. Il manque 1-2 saisons au milieu de
classement et ensuite on pourra viser plus haut. Xamax a tout pour
devenir une grande équipe.



tsrsport.ch:

- C'est justement ce projet qui
vous a motivé à venir à Neuchâtel
?



CARLOS VARELA:

Oui, même si je ne serai peut-être
plus là pour voir le résultat (rires)! Notre équipe est jeune, il y
a quelque chose à construire. Mais ce sera un combat du 1er au
dernier match.



tsrsport.ch:

- A Neuchâtel, on était aussi à
la recherche d'un leader. Ce sera vous
?



CARLOS VARELA:

Ce terme est souvent revenu dans
les négociations, même si ce sont mes qualités de joueur dont on a
d'abord parlé. Mais quand tu vois la moyenne d'âge du groupe, je
deviens automatiquement un leader. Qui plus est quand les jeunes
savent que tu as joué près de 340 matches de Super League. Mais le
vestiaire, ce n'est pas trop mon truc. Je ne pourrai jamais gueuler
ou être un leader si je ne suis pas content de moi sur le terrain.
Et je suis très exigeant avec moi-même et rarement content de mes
matches. Etre leader, c'est sur le terrain que ça se passe. Tu dois
montrer que tu mouilles le maillot. Dans ma carrière, j'ai vu
beaucoup de gars qui faisaient semblant d'être leaders. Un type qui
me tape 15 fois dans le dos et qui gueule "allez les gars, on va
gagner", ça ne m'a jamais rien apporté. On peut donc être leader en
se la fermant. On est tous pro, chacun sait ce qu'il doit faire.
Mais je ne dis pas qu'il ne faut pas dialoguer.

Dans ma carrière,
j'ai vu beaucoup de gars qui faisaient semblant d'être
leaders

tsrsport.ch:

- Réputé
"bad boy" du championnat, vous dites pourtant avoir
changé..
.



CARLOS VARELA:

Oui, et j'en remercie les arbitres
et leur chef, Urs Meier. Des réunions ont été organisées en ma
faveur. Les arbitres savent désormais que le public jouait avec ma
fougue et les spectateurs aussi. Il y a eu plein d'exemples où moi
j'ai pris le coup et le rouge juste après. Mon ex-entraîneur à YB,
Martin Andermatt, m'a aussi bien aidé et les arbitres, qui ont
désormais compris ma façon de fonctionner, se sont bougés pour
effacer cette image qui me suivait partout. Ressentir l'appui des
arbitres m'a aidé à davantage "encaisser". Là, je me sens moins
seul.



tsrsport.ch:

- Vous avez alors failli quitter
la Suisse..
.



CARLOS VARELA:

J'en avais marre. D'au tant qu'en
Suisse alémanique,le "Blick" poussait beaucoup en ma défaveur... Je
n'ai jamais eu plus d'un match de suspension, mais je laissais
quand même mon équipe à 10 et le match d'après j'étais
indisponible. Ca a fini par peser énormément. Le foot, c'est des
émotions, mais là ça devenait in- supportable. Mais après ces
déclarations, les arbitres sont venus vers moi et ont réagi. Et
depuis un an et demi, je n'ai pas à me plaindre d'eux.



tsrsport.ch:

- Partir jouer à l'étranger
n'était donc plus une envie pour vous
?



CARLOS VARELA:

J'ai toujours eu des contrats très
longs, de 4-5 ans, ce qui m'a souvent bloqué. Moi, je suis un
clubiste, je ne veux pas signer 1 an. Je suis aussi d'un naturel
prudent, et j'ai besoin d'assurance. Quand on me proposait 2, 3 ou
5 ans, je choisissais toujours le maximum sans hésiter. Ca me
permettait d'être plus stable dans ma vie privée et j'avais moins
peur de me blesser. Je jouais à fond.



tsrsport.ch:

- Vous n'êtes donc pas
"aventurier"
?



CARLOS VARELA:

Trois fois j'aurais pu aller à
l'étranger. J'avais déjà le fax à la maison. Mais ça n'a jamais été
une ambition. Moi, je suis né en Suisse et mon rêve était de jouer
un match de Super League pour pouvoir raconter à mes enfants que
j'avais joué au plus haut niveau. Là, j'en suis à plus de 340!

"Jamais eu de raison de quitter le foot suisse"

tsrsport.ch:

-
Vous vous estimez donc chanceux
?



CARLOS VARELA:

Oui, car sur 13 ans de carrière,
j'en ai joué 10 pour des clubs qui ont fini dans le top-3 et ai
goûté à la Champions League. Je n'ai donc jamais été "à la rue", me
disant que j'aurais peut-être plus de chance à l'étranger. En fait,
je n'ai jamais eu de raison de quitter le foot suisse. Je profite
de chaque instant. Un jour, tout ça s'arrêtera, et ça me
manquera!



tsrsport.ch:

- Et le Genevois que vous êtes
est de retour en Suisse romande..
.



CARLOS VARELA:

J'avais encore 2 ans de contrat à
YB mais l'entraîneur pensait à un autre joueur pour mon poste. Moi,
dès que je ne m'identifie plus à 100% pour un club, mais seulement
à 99%, ça ne me convient plus. YB me laissait partir libre à
l'étranger, mais pas en Suisse. Mais par respect pour ce que j'ai
donné pendant 4 ans, ils ont finalement lâché du lest. Là, je suis
fier de revenir en Romandie, fier d'être à Xamax, club romand no1
de par ses installations et son classement de la saison écoulée.
Après le titre à Servette, les meilleures années à Bâle et les
finales de Coupe et de championnat avec YB, j'espère revivre du
positif avec Xamax. C'est aussi une façon de boucler la boucle
puisque c'est à la Maladière que j'ai disputé mon 1er match en
Ligue nationale. Je pourrais donc peut-être y jouer le
dernier...



Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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"Etre fier de jouer sur synthétique"

tsrsport.ch: - De Berne à Neuchâtel, ce qui ne change pas, c'est le synthétique...

CARLOS VARELA: Au vu des terrains que nous avons en Suisse, c'est quelque chose que j'apprécie. En Valais, ou même à Bâle et Lucerne, on a 2-3 matches par année sur de bons terrains, ensuite c'est la catastrophe! A Bellinzone, on voit la terre, à Aarau le sable! Au début, le synthétique a été très critiqué à Berne car YB gagnait tout à domicile. Puis, en 2008/09, YB était la meilleure équipe à l'extérieur mais pas à la maison! On en était presque content. La Juventus, Wolfsburg ou Galatasaray, qui sont venues à Berne, ont toutes apprécié le synthétique car elles aiment jouer au foot. C'est peut-être triste, mais on doit être fier d'évoluer sur cette surface, de pouvoir jouer le jeu que les gens aiment. Mais il est clair qu'il faut être technique et rapide.

J'ai eu la chance d'aller à Manchester, Liverpool ou La Corogne, et je vous promets que la pelouse n'est pas plus haute que sur un terrain en herbe synthétique. Là-bas, les balles trop longues fusent aussi, la pelouse est aussi arrosée une heure avant la partie... Le synthétique, ce sont des conditions de jeu internationales, mais les gens, joueurs y compris, ne s'en rendent pas compte car il sont habitués à voir des choux-fleurs sur le terrain! Ce qui se rapproche le plus des stades mythiques, c'est le synthétique! Il suffit d'aller le voir pour vérifier... Les critiques sont donc avant tout psychologiques.

tsrsport.ch: - Vous n'avez pas le passeport suisse. Jamais voulu jouer pour la Nati?

CARLOS VARELA: Tous mes coaches m'ont posé la question, mais personne ne savait que je n'avais pas le passeport! Je me sens parfaitement suisse, mais si je suis double-national au foot, c'est parce que je suis assimilé. En fait, à Bâle, Christian Gross avait fait les démarches pour moi car le sélectionneur Enzo Trossero avait fait de moi sa priorité no1. Mais comme le militaire ne m'attirait pas, je marquais mon intérêt en laissant faire les autres. Puis, après 6 mois, Trossero n'était plus là et Koebi Kuhn préférait bosser avec ses M21 de l'époque...

tsrsport.ch: - Ca ne vous a donc jamais frustré?

CARLOS VARELA: Non, même si c'est sûrement une fierté pour ceux qui y vont. Mais il ne faut pas se voiler la face. Jusque-là, ça n'a jamais été un équipe qui a fait plaisir aux yeux. Les gars ne se sont jamais battus à fond alors qu'ils avaient un super public. Avant, cette équipe était trop "jet-set", avec des joueurs qui avaient l'impression que, parce qu'ils jouaient dans tel ou tel club, il n'avaient pas besoin de mouiller le maillot. Hakan Yakin, avec qui j'ai joué 6 ans et même habité, me l'a confirmé. En plus, il ne fallait surtout pas s'écarter de la "ligne" car on aurait pu te critiquer. Ca ne m'a jamais attiré. Et puis j'aime bien mes weekends de congé quand la Nati joue (rires).

tsrsport.ch: - Vous êtes supporter du Real Madrid. Que pensez-vous des sommes astonomiques déboursées cet été par le club madrilène?

CARLOS VARELA: C'est mon équipe, alors je ne vais pas me plaindre! Ce sont certes de très grosses sommes, mais il ne faut pas négliger ce que le joueur va rapporter au club. Le transfert de Beckham, à l'époque, était gratuit, mais avec la vente de maillots, ce sont des millions qui sont entrés en caisse. Il ne faut pas oublier non plus que ce sont des joueurs concernés 24h sur 24 par leur club, qui sont là tous les weekends. Ils jouent 60 matches ou plus par saison, alors que nous, après 30, on est déjà sur les genoux! S'ils se ratent sur un match, ils se font "descendre" par la presse. Tout ça, ça se paie. Le foot, c'est du business. Je comprends mieux la vie de footballeur parce que j'en suis un. Cette vie n'est pas toujours facile, comme les gens pourraient le penser...

Carlos Varela express

1ère chose faite au réveil: Je me lève et, 10' après, je suis parti. Donc je fais un bisou à ma femme, sans quoi la journée ne commence pas bien.

Boisson favorite: Coca.

Repas préféré: steak-frites.

Musique favorite: house et musique espagnole. Le guitariste et chanteur Carlos Varela? Je ne connais pas mais il occupe toute la place dans Google!

Lieu de vacances préféré: Ibiza.

Meilleur souvenir: mon mariage, en décembre 2008.

Pire souvenir: la mort de ma maman.

Qualité/défaut: généreux et impatient.

Idole: mon papa. Mais mon joueur préféré est Francesco Totti, de la Roma.

Devise: dans la vie, tu récoltes ce que tu sèmes, bien ou pas. Si tu donnes, tu reçois, si tu fais du mal, on t'en fait.

Le foot, c'est: un hobby au début. Je ne voulais pas devenir pro. C'est ma maman qui m'a inscrit au foot. Elle savait ainsi où j'étais, et pas en train de faire des bêtises avec les copains. A part être le plus beau métier, c'est une fête et ça doit rester ainsi. Le foot est la seule chose qui permet de réunir des peuples qui se détestent autour de la même fête.

Le dopage, c'est: l'argent en est la cause, même si on en trouve pas trop en foot. C'est ce qu'il y a de pire, de la triche. Comment un athlète qui gagne peut-il être fier en sachant qu'il s'est dopé? La seule raison au dopage, c'est qu'il y a trop d'argent en jeu.

Si pas footballeur: j'avais commencé comme monteur-électricien, donc...

Salaire: je le dirais cash, mais par respect pour les jeunes de mon équipe, je ne peux pas. Je ne me plains pas.