Révélée au public le 19 septembre 2000, après la médaille
d'argent olympique décrochée dans le concours par équipes d'épée à
Sydney, Sophie Lamon entend regoûter aux joies des Jeux, à
Pékin.
La Valaisanne, à Paris depuis 2004 afin de s'entraîner avec le
maître d'armes Daniel Levasseur, aura l'occasion de se rapprocher
de la capitale chinoise. Pour ce faire, l'étudiante en 3e année
d'économie devra s'illustrer aux Mondiaux de St-Pétersbourg, qui se
disputeront du 28 septembre au 8 octobre.
Reléguée l'année passée au-delà de la 400e place du classement
mondial en raison d'une absence de 18 mois, Sophie Lamon (22 ans)
remonte la pente.
"J'ai vécu une année et demie assez rude"
TXT: Vous avez été opérée de la hanche
droite le 20 octobre 2005. Comment vous étiez-vous
blessée?
SOPHIE LAMON: En fait, c'était une malformation
sur l'os. Ce problème s'est aggravé avec la répétition des
mouvements sur l'articulation lors des entraînements.
Depuis le mois de janvier de cette année, j'ai repris de façon
optimale. Je suis heureuse d'avoir pu remonter sur une piste
d'escrime en bonne santé. Là, je peux affirmer que la mauvaise
période est derrière moi. J'avais vécu une année et demie assez
rude.
- Votre 6e rang obtenu aux Européens de Gand (ndlr: son
meilleur résultat en individuel chez les seniors) en juillet
démontre que vous avez récupéré.
SOPHIE LAMON: J'ai eu de la peine à retrouver mes
sensations au début de l'année mais depuis avril et mai je me sens
beaucoup mieux lors des compétitions. Je me sens bien
physiquement.
"Je n'ai jamais réellement douté"
- Avez-vous douté pendant la longue période d'inactivité
forcée?
SOPHIE LAMON: Pas vraiment car je n'avais pas
totalement coupé la pratique de l'escrime. Lorsque j'étais
immobilisée au niveau des jambes, j'apprenais la technique avec
l'entraîneur. J'avais envie de pouvoir remonter sur une piste
d'escrime et de m'entraîner comme je le faisais avant. J'ai
travaillé dans ce sens-là, jamais en doutant ou en voulant laisser
tomber.
- Reléguée pendant votre absence au-delà du 400e rang mondial,
vous êtes désormais 31e. Que de chemin parcouru...
SOPHIE LAMON: Comme j'avais manqué plus d'une
saison, je n'avais pas pu défendre mes points acquis l'année
d'avant. Je n'ai participé à aucune épreuve Coupe du Monde en 2006.
Ceci explique cette dégringolade. Le plus important pour moi est de
savoir où j'en suis maintenant au niveau des sensations.
- Un mot sur la préparation en vue des Mondiaux de
St-Pétersbourg?
SOPHIE LAMON: Après ma 6e place aux Européens de
Gand, je me suis reposée. J'ai repris dès la fin du mois de juillet
avec différents stages en Suisse, en Italie et en France. Le fait
d'avoir changé d'environnement et d'avoir pu s'entraîner avec
d'autres athlètes ont été des éléments positifs.
"A 22 ans, j'ai encore le temps"
- Votre objectif en
Russie?
SOPHIE LAMON:
Avec un coefficient de 3, cette
compétition est la plus importante en vue d'une qualification pour
les Jeux olympiques. En cas de résultat positif, ce tournoi
permettrait de prendre une bonne option pour Pékin.
Atteindre les huitièmes de finale en Russie serait un bon pas dans
cette direction, tout en sachant que de janvier à avril, il y aura
d'autres épreuves Coupe du Monde qualificatives.
- Vous avez été sacrée 2 fois championne du monde juniors
(ndlr: USA 2000 et Autriche 2005). Que vous manque-t-il pour l'être
aussi chez les seniors?
SOPHIE LAMON:
Je suis contente d'avoir récolté
ces 2 titres mais le cap à franchir chez les seniors est important.
Je travaille pour atteindre le meilleur niveau. On dit qu'en
escrime l'on atteint sa plénitude entre 27 et 32 ans. A 22 ans,
j'ai encore le temps.
"Les Jeux de Sydney ne sont plus qu'un souvenir"
- A 320 jours des Jeux de Pékin, quels souvenirs gardez-vous
de ceux de Sydney, où vous aviez glané l'argent?
SOPHIE LAMON: On parle d'un événement qui date de
7 ans. Ca reste un moment mémorable mais ce n'est plus qu'un
souvenir. Je n'y pense quasiment jamais. Ce sont les gens qui m'en
parlent.
- Réalisez-vous que vous êtes la plus jeune médaillée
olympique suisse?
SOPHIE LAMON: Non, pas tellement. En fait, je
n'ai jamais été trop sensible ce genre de statistiques. C'est vrai
que lorsque j'avais remporté la médaille d'argent par équipes à
Sydney, les médias avaient fait les gros titres sur mon âge (ndlr:
15 ans).
- Le concours d'épée dames par équipes a été sacrifié aux Jeux
de Pékin pour des raisons de contingentement...
SOPHIE LAMON: Exactement. C'est pour cela que
nous devons nous qualifier par la voie individuelle. Actuellement,
l'équipe de Suisse est très jeune. Obtenir une médaille aurait été
de toute façon très difficile. Par contre, pour les Jeux olympiques
de Londres en 2012 nous pouvons avoir bon espoir, pour autant bien
sûr que le concours par équipes d'épée soit à nouveau au
programme.
TXT. Propos recueillis par Miguel Bao
Portrait de Sophie Lamon
Née le 8 février 1985 à Sion
Multiple championne suisse
Championne du monde cadette en 2000 (South Bend/USA)
Vice-championne olympique par équipes à Sydney en 2000
2e de la Coupe du Monde de la Havane en 2003
Double championne du monde juniors en 2005 (individuel et par équipes à Linz/AUT)
6e des Européens de Gand en juillet 2007
Sophie Lamon express
La première chose que vous faites le matin: je fais ma toilette.
Votre meilleur souvenir: j'ai beaucoup d'images et de sensations mais aucune pour le moment ne dépasse les autres.
Votre pire souvenir: mon problème à la hanche a été un moment difficile mais les événements ont bien tourné.
Pour vous l'escrime, c'est: je n'ai pas d'autre passion qui l'égale.
Si vous n'aviez pas été épéiste: j'aurais pratiqué un autre sport en compétition. Je ne sais pas lequel.
Votre devise: la pensée positive.
Votre idole: aucune.
Le dopage: c'est quelque chose qui existe, qu'il ne faut pas nier et contre lequel il faut lutter.
Votre principale qualité: volontaire.
Votre principal défaut: impatiente.
Votre salaire: l'argent que je touche me permet à peine de payer ce que me coûte l'escrime.
L'escrime, une affaire de famille chez les Lamon
- Pourquoi avoir choisi l'escrime?
SOPHIE LAMON: Ca s'est fait naturellement. Mes 2 parents ont été escrimeurs. J'ai baigné dans ce milieu là. A 5 ans, j'ai demandé à commencer et je n'ai plus arrêté. Sans mes parents, je ne sais pas comment j'aurais pu découvrir ce sport. J'ai tout de suite accroché.
- N'êtes-vous pas déçue que l'escrime ne soit pas très médiatisée?
SOPHIE LAMON: Tant que l'escrime demeurera un sport amateur, je ne pense pas que les choses évolueront. En fin de compte, ce n'est pas plus mal que l'escrime soit un peu mise de côté par les médias. Ca la préserve des maux dont les autres sports sont rongés. TXT/bao