Didier Tholot veut être reconnu comme entraîneur à Sion

La question est toujours la même au FC Sion: jusqu'à quand va
tenir l'entraîneur? Aujourd'hui à la tête de l'équipe sédunoise,
Didier Tholot fera-t-il mieux qu'Alberto Bigon, qui a "le record de
longévité" (34 matches) depuis la reprise de Christian Constantin
en 2003?



Le Français de 45 ans, qui avait déjà coaché les Valaisans durant
25 rencontres en Challenge League (2003-2004), a de bons atouts à
faire valoir. Travailleur et proche des joueurs, le jeune
entraîneur est motivé et plaît au président. En attendant le
verdict du totomat, Tholot, rencontré à Martigny, évoque le FC
Sion, sa carrière, l'accident qui l'a rendu plus fort et sa
philosophie. Interview.

"Le but est de toujours faire mieux"

tsrsport.ch: Après avoir réussi vos
premiers objectifs avec Sion ce printemps (éviter la relégation et
la conquête d'une 11e Coupe de Suisse), quelles sont vos prochaines
échéances en Valais?



DIDIER THOLOT: Le but est de toujours faire mieux
qu'avant. Je veux aller le plus loin possible avec cette équipe,
autant en Suisse qu'en Europa League.



tsrsport.ch: Votre victoire en Coupe a-t-elle
renforcé votre position au FC Sion?



DIDIER THOLOT: J'ai peut-être réussi mes premiers
objectifs, mais je ne vis pas avec des événements passés. Mon
intérêt désormais est sur cette saison. Je commence une nouvelle
aventure avec un groupe qui a de bonnes capacités.



tsrsport.ch: Justement, comment analysez-vous
le début de championnat?



DIDIER THOLOT: Ce n'est pas suffisant! Nous
sommes déjà en déficit de points. Après 3 matches, nous avons
peut-être marqué 5 buts, mais nous nous en sommes pris 6, dont 3 à
la 90e... On voit bien où on doit s'améliorer. Je ne dirais pas que
nous manquons de poids en défense, mais nous payons cash des
erreurs individuelles. Celles-ci anéantissent la générosité que
nous montrons durant les 80 premières minutes de jeu. Nous devons
désormais récupérer ces points perdus. Pour cela, nous devons être
plus concentrés et appliqués.

"Notre contingent n'est pas encore complet"

tsrsport.ch:

Comment
jugez-vous votre groupe? Quel est votre véritable
potentiel?

DIDIER THOLOT:

La concurrence y est saine. Nous
sommes devenus plus compétiteurs dans l'âme. Mais il reste une
bonne marge de progression. D'ailleurs, nous ressentons les départs
d'Olivier Monterrubio et de Virgile Reset. Nous sommes encore en
train de chercher des remplaçants aux deux Français. Notre groupe
n'est pas encore au complet.

tsrsport.ch:

Monterrubio parti, Emile Mpenza
peut-il devenir votre nouveau leader?

DIDIER THOLOT:

Ce n'est pas un leader naturel,
mais plutôt sur le terrain. Le Belge, par son âge et son palmarès,
est néanmoins une référence pour l'équipe. Mpenza est un gros
travailleur. Il cherche toujours à s'améliorer. Si tout le monde
donne le 120% de son potentiel, cela va nous permettre de prendre
des points et de la confiance.

tsrsport.ch:

La confiance est-elle déjà
touchée au sein de l'équipe?

DIDIER THOLOT:

Non. Nous n'allons pas tout
remettre en cause après 3 matches. Vous savez, l'équilibre entre
les points gagnés et perdus est très fragile. Nous devons continuer
à travailler pour faire pencher la balance du bon côté.

"C'est moi qui fais l'équipe"

Je ne serais pas
ici, si je ne pouvais pas gérer moi-même mon contingent...

Didier Tholot

tsrsport.ch:

Etes-vous déjà sous
pression?

DIDIER THOLOT:

Non. Je n'ai pas le couteau sous
la gorge...

tsrsport.ch:

A Tourbillon, il y a la pression
du résultat. Comment la gérez-vous?

DIDIER THOLOT:

Dans tous les clubs où je suis
allé, je n'ai jamais vécu avec la peur. Je préfère avancer avec mes
idées, mes convictions. Cela ne me pose pas de problème de prendre
des décisions et de les assumer. C'est clair dans ma tête, je suis
là pour faire mon boulot. Si on est content de moi, je reste. Si on
n'est pas content de moi, je pars. Si moi-même je ne suis pas
content de moi, je m'en vais également! Après cela dépend comment
la pression est mise. Mais moi aussi j'en mets sur mon groupe.
Dirigeants, entraîneurs et joueurs, chacun a ses
responsabilités.

tsrsport.ch:

Quel est votre relation avec
Christian Constantin?

DIDIER THOLOT:

C'est une bonne relation entre un
président et son entraîneur. Mais si vous voulez savoir si c'est
moi qui fais l'équipe, la réponse est oui. Je ne serais pas ici, si
je ne pouvais pas gérer moi-même mon contingent...

"Un côté humain à ne pas négliger"

tsrsport.ch:

Votre récent passé de joueur vous
avantage-t-il en tant qu'entraîneur?

DIDIER THOLOT:

J'ai encore un esprit de joueur
qui me permet de mieux comprendre certaines situations. Il y a
aussi un côté humain qu'il ne faut pas négliger. Pour réussir,
l'entraîneur a besoin de ses joueurs. Mais avec moi, cela reste
toujours "donnant-donnant".

tsrsport.ch:

Quand un joueur devient
entraîneur, quel est le plus difficile?

DIDIER THOLOT:

Le plus dur, c'est surtout pour
les proches, qui nous suivent et nous soutiennent. On sait quand on
commence dans un club, mais on ne sait pas quand on finit. Parfois,
il faut vite tout chambouler dans sa vie. Après, tous les joueurs
n'ont pas les capacités de devenir coach. Il faut avoir envie, mais
aussi beaucoup travailler.

"Je me suis fait bouffer à Reims"

A Sion, c'est aussi
un moyen de me donner du temps pour revenir plus fort en France.
Didier Tholot
tsrsport.ch: Après 25 matches avec Sion en
ChL, vous êtes rentré en France. Pourquoi?



DIDIER THOLOT: C'était avant tout pour finir mon
diplôme d'entraîneur. La formation est plus intensifiée en France
qu'en Suisse, où c'est plus compliqué.



tsrsport.ch: Pourquoi être revenu en Valais à
la mi-avril pour reprendre le FC Sion?



DIDIER THOLOT: Mon expérience à Reims s'était mal
passée. J'avais besoin de temps pour m'imposer et je me faisais
bouffer de l'intérieur... Cette période de six mois m'a cependant
fait grandir. Je sais ce que je veux désormais.



tsrsport.ch: Vous vouliez donc rester à Sion,
malgré plusieurs offres de France!



DIDIER THOLOT: Je n'ai pas de plan de carrière.
Je ne serais pas revenu à Sion sans Christian Constantin. Après le
contexte difficile à Reims, c'est aussi un moyen de me donner du
temps pour revenir plus fort en France. Mon but à long terme est
d'être reconnu comme un coach compétent et travailleur.



Propos recueillis par Sébastien Clément