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Pascal Mancini, un sprinter passionné

Pascal Mancini sera le premier relayeur du 4x100m helvétique.
Pascal Mancini sera le premier relayeur du 4x100m helvétique.
Pascal Mancini se prépare à disputer ses premiers Mondiaux dans l'épreuve du relais 4x100m. Le futur gymnasien de 20 ans, qui aime particulièrement cette épreuve en équipe, rêve de battre le record de Suisse à Berlin.

Jeune homme de tout juste 20 ans, Pascal Mancini disputera les
Mondiaux de Berlin avec le relais 4x100m. Une course qu'il apprécie
tout spécialement.



Le Fribourgeois et ses coéquipiers, repêchés par la Fédération
suisse, espèrent battre le record national. "Mais ça ne sera pas
facile", avoue le spécialiste du sprint, qui rêve de disputer les
JO 2016 sur 100m et ceux de 2020 en tant que boxeur.



Mancini a toutefois "sa" recette pour réussir, comme il l'indique
sur son site internet:



1. S'entraîner pour repousser ses limites.



2. Atteindre ses limites quand il le faut.



3. Le seul qui peut te freiner c'est toi-même, alors ne fais pas
le con, donne le maximum!



4. Maîtriser l'événement.



5. Récolter l'énergie que les autres perdent en ayant peur et
utilise-la pour les devancer.



Avant de partir pour l'Allemagne, Pascal Mancini s'est confié à
tsrsport.ch.

"Battre le record de Suisse est déjà ambitieux"

tsrsport.ch: Comment votre choix s'est
porté sur l'athlétisme, un sport qui peut paraître moins "fun"
aujourd'hui?




PASCAL MANCINI: J'étais attiré par ce sport, mais
mes parents n'étaient pas très enthousiastes à l'idée de me
véhiculer. J'ai donc laissé cela de côté. Plus tard, j'ai participé
à des concours locaux. J'ai gagné et j'ai été sélectionné pour
participer à des concours cantonaux que j'ai à nouveau remportés.
J'ai ensuite été sélectionné pour les Championnats de Suisse et là
encore, sans entraînement spécifique, je me suis imposé. Le club
d'Estavayer-le-Lac m'a ensuite contacté. Et là, ma carrière a
débuté.



tsrsport.ch: Un de vos objectifs de la saison
était de courir le relais aux Mondiaux Elite. Vous n'avez pas
réussi les minima mais avez été repêché par la Fédération. Cela
a-t-il été une surprise?




PASCAL MANCINI: Non. Nous n'étions pas sûrs, mais
nous étions plutôt confiants. Nous avions quand même un bon
potentiel et nous avions réussi la limite l'année passée. Et le
relais a toujours été quelque chose d'important pour la Fédération.
Je ne me suis pas dit que je partais, que c'était bon. Je ne
voulais pas trop y croire et être déçu ensuite.



tsrsport.ch: Et quels sont les objectifs aux
Mondiaux?




PASCAL MANCINI: C'est clair, que nous ne pouvons
pas prétendre participer à la finale... Notre objectif sera de
battre le record national, ce qui est déjà ambitieux. Avec la
pression, l'environnement, il faudra gérer tout ça et bien courir.
Ce ne sera pas évident. Personnellement, je vais aussi à Berlin
pour acquérir de l'expérience. Et dans cette optique, le relais est
idéal. Je prends le départ. Mais je ne suis pas seul. Je n'arrive
pas directement dans un grand rendez-vous en individuel. Cela
m'enlève un peu de pression.

"On peut gagner beaucoup de temps avec de bonnes
transmissions"

Je vise plutôt le
niveau européen, qui est plus accessible. Le niveau mondial, c'est
un autre monde!

Pascal
Mancini

tsrsport:

Vous
êtes 5 sélectionnés pour 4 places en relais. Savez-vous déjà
comment cela se passera
?



PASCAL MANCINI:

Moi, je serai en première
position, comme d'habitude. Il y aura ensuite Marc Schneeberger,
Marco Cribari et Reto Amaru-Schenkel, normalement. J'aimerais bien
que Cédric Nabe (ndlr: champion de Suisse et qualifié à Berlin sur
100m en individuel) fasse le dernier relais. Je trouve parfois que
Schenkel ne tire pas à la même corde. Mais c'est mon opinion et je
ne pense pas que l'entraîneur est de cet avis. Avec Reto
Amaru-Schenkel, Marco Cribari et Marc Schneeberger, nous nous
entraînons ensemble. En outre, les trois expériences avec Nabe, qui
est exilé aux Etats-Unis, n'ont pas été positives. Deux fois, il
n'a pas très bien couru et la 3e, il s'est blessé.



tsrsport:

Comment est-ce que vous vous
entraînez pour le relais? Est-ce que l'on peut aussi s'entraîner
seul
?



PASCAL MANCINI:

Seul, on ne peut pas entraîner le
passage de témoin. Mais par contre, je ne cours pas en ligne, mais
dans le virage, comme c'est le cas lorsque je dispute un relais.
Avec le groupe, nous avons fait 3 à 4 entraînements cette année, à
chaque fois de 3 jours. Avant Berlin, on s'est encore vu 2 jours à
Zurich.



tsrsport:

En relais, beaucoup se joue sur le
passage du témoi
n!



PASCAL MANCINI:

Oui, c'est très important. On
peut vraiment gagner beaucoup de temps avec de bonnes
transmissions.(...) Face à une équipe qui a le même potentiel de
base, nous pouvons gagner pratiquement une demi-seconde, seulement
avec de bons passages. Nous, nous passons le témoin au milieu, pas
vers le bas ni vers le haut. Je trouve que c'est une bonne
technique



tsrsport:

Pour un sportif individuel, comment
est perçu le relai
s?



PASCAL MANCINI:

C'est vraiment quelque chose
d'extraordinaire. Par exemple, aux Mondiaux M23, nous avons explosé
le record de Suisse, c'était un moment magique. C'est sympa de
pouvoir partager. Et puis, lorsqu'on court en équipe, ça nous aide
parfois à nous surpasser. On a l'envie de bien faire pour
l'équipe.

"Pourquoi ne pas viser une médaille européenne"

tsrsport:

Quelles sont les qualités
nécessaires pour être un bon sprinter
?



PASCAL MANCINI:

La morphologie est importante,
ainsi qu'une excellente condition physique et une bonne technique
de course. Et puis, il faut avoir un mental de gagneur et réussir à
se mettre tout de suite dans la course.



tsrsport:

En Suisse, vous avez peu
d'adversaires à votre niveau.Est-ce difficile
?



PASCAL MANCINI:

Ce n'est pas optimal. J'ai fait
un stage de 3 mois à Berlin où il y avait un sprinter de mon
niveau. C'était motivant. Lorsque j'étais plus fort dans la tête,
je le battais. Je devais me surpasser à chaque fois. Ensuite, j'ai
explosé, notamment sur 60m. Depuis mon retour, je n'ai pas pu
m'entraîner avec d'autres athlètes.



tsrsport:

Justement, que vous a apporté votre
stage en Allemagne
?



PASCAL MANCINI:

Il m'a apporté énormément.
L'entraîneur Ralph Moutchbahani m'a appris beaucoup de choses. Il a
simplifié ma vision des choses, de l'entraînement. Je fais
maintenant plus en qualité, mais moins en quantité.Je ne travaille
plus des choses qui ne servent à rien. Je me ménage davantage. Je
suis plus concentré et mon entraînement est plus diversifié. Ca ne
sert à rien de faire durant des heures le même exercice! C'est plus
facile en Allemagne, En Suisse, il n'y a pas vraiment de structures
d'entraînement. Je pense que je vais retourner faire des stages à
Berlin, de quelques semaines.



tsrsport:

Vous êtes jeune. Quels sont vos
objectifs à plus long terme
?



PASCAL MANCINI:

J'ai envie de disputer des
finales sur 60 et 100m aux Européens. Je vise plutôt le niveau en
Europe, qui est plus accessible. Il y a aussi moins de dopage. Si
on regarde le niveau mondial, c'est un autre monde. Pourquoi ne pas
viser des podiums européens. Et j'aimerais participer aux JO de
2012 et 2016. Au niveau chronométrique (ndlr: son record est
actuellement à 10"47), mon rêve est de descendre sous les 10". Je
peux gagner du temps en adoptant de nouvelles techniques de course
et également grâce à la musculation et une meilleure coordination
des mouvements.



Propos recueillis par Aline Gagnebin

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"Usain Bolt est impressionnant"

tsrsport: On a l'impression sur le sprint que le départ est très important?

PASCAL MANCINI: Les gens pensent effectivement que le départ est crucial. C'est vrai, mais pas dans le sens où on le pense. Ce n'est pas primordial d'être le premier devant. Le départ est important car il décide de toute la course. Il permet surtout d'avoir une bonne fin de course. Par exemple, Usain Bolt n'est pas le plus réactif, mais son départ lui permet ensuite d'être bien positionné. Il est bien en ligne et peut ensuite produire son accélération. Si on part trop vite, on peut se crisper, avoir une mauvaise position du bassin ou être trop vite relevé.

tsrsport: Que pensez vous d'Usain Bolt, triple médaillé d'or aux JO de Pékin et triple recordman du monde sur 100, 200 et 4x100m?

PASCAL MANCINI: C'est un autre niveau. C'est clair que l'on peut prendre exemple sur lui. Il faut prendre les bons trucs et essayer de les adapter à soi-même. Il ne faut pas essayer de faire exactement la même chose, sinon, ça ne va pas aller. C'est vrai que Bolt est impressionnant pour quelqu'un qui connaît vraiment le sprint. Je n'ai pas encore couru avec lui. Mais c'est quelque chose de spécial de courir avec les meilleurs. On a envie de les accrocher le plus longtemps. Mais ce n'est pas évident.

tsrsport: En Suisse, l'athlétisme est actuellement un peu en crise!

PASCAL MANCINI: C'est vrai qu'il n'y a pas de stars en Suisse pour le moment. C'est dur. Lorsqu'il y a quelqu'un devant, il tire tous les autres. L'athlétisme est un peu mis de côté, mais pas seulement en Suisse. Heureusement, il y a maintenant beaucoup de jeunes qui ont un bon potentiel. Après, il faut pouvoir les gérer. En outre, certaines disciplines ne sont peut-être pas très motivantes.

Pascal Mancini express

La première chose que vous faites le matin: je bois un jus de fruits, avec un citron pressé dedans.

Vacances de rêve: partir en Australie avec tous mes amis.

Principale qualité: je pense que je suis une personne bien.

Principal défaut: je suis un peu désordonné.

Plat préféré: filet d'autruche.

Boisson préférée: Red Bull.

Votre "idole": Maurice Green. Il devait aussi être dopé... Mais, j'aime sa personnalité. Aujourd'hui son style de course est un peu dépassé. C'est plutôt vers Usain Bolt qu'il faut regarder.

Pour vous, l'athlétisme c'est: un beau sport qui me permet de rencontrer des personnes bien. Il y a peu d'argent, mais beaucoup d'investissements personnels. C'est de riches rencontres.

Dopage: c'est de la triche, un moyen que trouvent certains sportifs lorsqu'ils ne savent plus quoi faire.

Salaire: la Loterie romande me verse 6000 francs par année. Et je touche aussi 500 francs par mois.