Il pourrait bomber le torse, se dire qu'à seulement 25 ans il
présente un CV enviable référençant plusieurs titres de champion
national, une place de remplaçant dans la sélection et dès mardi,
une participation à la Ligue des champions contre le Real, Milan et
l'OM! Mais ce n'est pas le style de Johnny Leoni. Le gardien du FC
Zurich fait "simplement son travail" avec la ferme intention de
progresser tous les jours. Nul doute que le Valaisan de Sion aura
l'occasion de franchir un palier face aux Kaka, Ronaldinho et autre
Niang. En espérant que "ce rêve ne tourne pas au cauchemar avec des
défaites fleuves".
J'ai opté pour le
no1 car c'est un poste très spécial
Johnny
Leoni
tsrsport.ch:
Vous
avez commencé à taper dans un ballon dès l'âge de 6 ans. Pourquoi
avoir choisi le football finalement?
JOHNNY LEONI:
Tous mes amis étaient déjà inscrits
à l'école de football. J'y suis allé un mercredi après-midi et cela
m'a tout de suite plu.
tsrsport.ch:
Et vous étiez déjà décidé à
devenir gardien?
JOHNNY LEONI:
J'arrivais toujours en avance à
l'entraînement. Un jour, nous avons reçu les nouveaux équipements.
J'ai longuement hésité entre le maillot frappé du numéro 1 et celui
du numéro 10 parce que j'aimais aussi jouer devant. J'ai finalement
opté pour le numéro 1 car c'est un poste spécial.
tsrsport.ch:
Vous êtes un pur produit du FC
Sion. N'est-ce pas du gâchis de voir un de ses éléments évoluer
ailleurs?
JOHNNY LEONI:
Le but pour un jeune est d'arriver
en équipe première. Dans mon cas, la formation a porté ses fruits.
J'ai gravi tous les échelons. Je pense que le FC Sion est content
que l'un de ses jeunes soit parvenu à réussir ailleurs. En partant,
autant moi que le FC Sion y avons trouvé notre compte.
tsrsport.ch:
En attendant, Sion avait tardé
avant de vous lâcher à Zurich en 2003.
JOHNNY LEONI:
Je ne voulais plus continuer à
Sion. Je me suis donc entraîné seul de juin à septembre avant que
le transfert à Zurich devienne réalité.
"Je me suis toujours bien senti à Sion"
tsrsport.ch: Tout Valaisan rêve de jouer au
FC Sion. Porter une nouvelle fois ce maillot fait-il partie de vos
plans?
JOHNNY LEONI: Disons que je n'y pense pas pour le
moment. Je suis encore jeune. Je suis né et je me suis toujours
bien senti à Sion. Alors pourquoi ne pas finir ma carrière là-bas?
On ne sait jamais...
tsrsport.ch: Votre carrière parvient-elle
encore à vous impressionner?
JOHNNY LEONI: Je pars du principe que l'on peut
toujours faire mieux. Je suis très exigeant avec moi-même. Pour
l'instant, j'ai franchi un palier mais j'aimerais encore en passer
d'autres et si possible à l'étranger.
tsrsport.ch: Vous avez atteint votre premier
objectif, à savoir être titulaire en Super League, avec 3 titres de
champion national et une Coupe de Suisse au palmarès. A qui le
devez-vous?
JOHNNY LEONI: Tout d'abord à ma famille et ma
mère, qui m'a conduit à tous les entraînements. Il y a aussi
Monsieur Pittier, entraîneur des gardiens du FC Sion de l'époque. A
Zurich, Monsieur Favre m'a fait confiance. Ce n'était pas évident
car je n'avais que 21 ans et le gardien no1 de l'époque (ndlr:
Davide Taini) était capitaine. Beaucoup d'autres personnes ont
contribué à mon ascension. Je les remercie toutes.
tsrsport.ch: Vous avez été convoqué à
plusieurs reprises en équipe nationale mais n'avez jamais été
aligné...
JOHNNY LEONI: Pour moi, Diego Benaglio mérite la
place de numéro 1. Je suis derrière pour le soutenir. Pour
l'instant, je suis très content d'être dans le groupe. N'oublions
pas que je n'ai que 25 ans. Je n'ai aucun regret.
Si je pars à l'étranger, il faudra tout reprendre à zéro
tsrsport.ch:
Votre côté "cool" et la sensation de nonchalance que vous
dégagez ne vous desservent-ils pas?
JOHNNY LEONI:
Les gens qui me connaissent savent
comment je suis. Pour un gardien il est vraiment important d'être
tranquille, histoire de transmettre sa sérénité à la défense.
tsrsport.ch:
Vous étiez annoncé partant la
saison passée. Vous êtes pourtant resté...
JOHNNY LEONI:
J'avais souhaité partir à
l'étranger cet été. Ca s'est quasiment fait. Le fait que Zurich
dispute la Ligue des champions a fait cependant pencher la balance.
Je me plais à Zurich, mais tôt ou tard je partirai.
tsrsport.ch:
Vous attendez donc la bonne
offre et l'assurance d'être numéro 1...
JOHNNY LEONI:
La place de numéro 1 se gagne. Si
je pars à l'étranger, il faudra tout reprendre à zéro. Je suis
conscient de cet état de fait.
Le FC Zurich vu par Leoni
Le joueur du FC Zurich le plus technique: Eric
Hassli.
Le joueur le plus maladroit: (rires) vous
comprendrez que je ne puisse pas répondre à cette question.
Le plus grand simulateur sur le terrain:
justement, il nous manque un simulateur.
Le joueur qui a la plus grosse voiture: ils en
ont tous des grosses sauf moi.
Le joueur qui arrive le plus souvent en retard:
sans hésiter, je dis Okonkwo "Tico".
Le joueur du FC Zurich qui s'habille le mieux:
Vasquez.
La langue officielle dans le vestiaire: c'est un
mélange de français, d'allemand et d'anglais.
Bernard Challandes: un sacré motivateur, qui sait
parler aux troupes.
Si vous pouviez engager un joueur que vous affronterez en
Ligue des champions, lequel serait-il? Ronaldinho.
Propos recuillis par Miguel Bao
"J'espère que le Real nous sous-estimera"
tsrsport.ch: Grâce à vos performances à Maribor puis contre les Lettons de Ventspils, Zurich a atteint la Ligue des champions. Acceptez-vous l'appellation de "sauveur du FC Zurich"?
JOHNNY LEONI: Non. On gagne en équipe et on perd en équipe. Le rôle de gardien est parfois ingrat car les erreurs du dernier homme portent à conséquence. Je ne me considère pas comme un sauveur. J'ai simplement fait mon travail, comme le reste du groupe.
tsrsport.ch: Une fois la qualification acquise, vous rêviez d'affronter Barcelone, Liverpool et Porto... Ce sera finale ment le Real Madrid, le Milan AC et l'OM. Ce n'est pas mal non plus!
JOHNNY LEONI: Ce n'est que du bonheur. Barcelone ou Real, ça revient entre guillemets plus ou moins au même. L'ambiance au Vélodrome promet d'être chaude. Quant à affronter le Milan AC, c'est quelque chose d'extraordinaire. Nous sommes conscients que nous ne disputerons pas la Ligue des champions chaque année. A nous d'en profiter.
tsrsport.ch: Zurich devra franchir un palier contre ces équipes, se surpasser...
JOHNNY LEONI: J'ai pour habitude de dire que nos adversaires ont 2 bras et 2 jambes comme nous et qu'un match commence toujours à 0-0... Ca va être difficile mais pas impossible. On doit être conscient que logiquement l'on ne sera pas devant le Real au classement.
tsrsport.ch: La clé pour surprendre ces prestigieux adversaires?
JOHNNY LEONI: Ne commettre aucune faute et évoluer à 120% de nos possibilités. Nous dépenserons beaucoup d'énergie. J'espère que cela ne prétéritera pas notre parcours en championnat.
tsrsport.ch: Le FC Zurich va-t-il mettre le feu au Real Madrid mardi au Letzigrund?
JOHNNY LEONI: (rires) Je ne sais pas si on va allumer le feu mais je vous assure qu'on fera du mieux possible et qu'on essaiera de tenir le plus longtemps possible le 0-0.
tsrsport.ch: A vous entendre, Zurich a déjà partie perdue face au Real...
JOHNNY LEONI: Non, mais il faut se rendre compte que cette équipe compte dans ses rangs les meilleurs joueurs de la terre. Nous avons l'habitude de les voir à la TV. Ce sera difficile. A quelque part, j'espère que le Real nous sous-estimera. A nous de travailler comme nous ne l'avons jamais fait...
tsrsport.ch: Une chose est sûre, vous aurez du travail plein les gants! L'occasion de montrer vos qualités sur la plus grande scène européenne...
JOHNNY LEONI: On n'a pas de pression. Si l'on peut se montrer pourquoi pas, mais il faut toujours garder en tête que c'est l'équipe qui prime! Il ne faut pas oublier que cela reste un match de football, qu'il faudra rester concentré comme on l'est à Bellinzone ou face à une autre équipe. On ne peut pas être plus concentrés que d'habitude Pour moi, le football reste un plaisir avant tout. Je ne vois pas le motif d'être tendu ou anxieux. J'ai suffisamment de recul.
Johnny Leoni express
Pourquoi Johnny? Parce que mes parents étaient fans de Hallyday.
Repas préféré: plat chinois.
Boisson préférée: latte macchiato.
Vous êtes d'origine italienne. Quelle équipe du calcio soutenez-vous? la Juve
Principale qualité: ma disponibilité.
Principal défaut: je suis susceptible.
Meilleur souvenir: mon titre avec Zurich en 2006, lorsque Filipescu avait marqué à la 93e à Bâle.
Pire souvenir: un tournoi juniors à Sion. Nous n'avions pas réussi à accéder à l'épreuve finale à Bilbao.
Le football c'est: surtout du plaisir.
Si pas footballeur: employé de commerce
Une idole: Gianluigi Buffon.
Le joueur qui vous impressionne le plus: Raffael, du Hertha Berlin.
Le meilleur gardien de Super League: (rires) moi!
Le meilleur joueur de Super League: Xavier Margairaz.
Le club de vos rêves: Barcelone.
Salaire: Je gagne bien ma vie en Suisse.