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Ariella Kaeslin, joyau de la gymnastique helvétique

Ariella Kaeslin, joyau au service de la gymnastique helvétique.
Ariella Kaeslin, joyau au service de la gymnastique helvétique.
Cinquième aux Jeux de Pékin et championne d'Europe en titre, Ariella Kaeslin fait figure de cheffe de file de la gymnastique suisse. En attendant les JO de 2012, la Lucernoise veut décrocher une médaille aux Mondiaux de Londres (13-18 octobre).

Ariella Kaeslin n'est pas du style à se laisser démonter.
Lorsqu'on lui dit que



son gabarit (1m67 pour 55 kilos) tranche avec celui des autres
gymnastes, plus petites et fluettes, la Lucernoise, 22 ans le 11
octobre, fait la sourde oreille. Lorsqu'on lui parle de pression,
Kaeslin évoque le plaisir qu'elle éprouve en en pratiquant la
gymnastique; lorsqu'on revient sur sa 5e place dans le concours du
saut aux Jeux olympiques de Pékin, ses yeux s'illuminent et son
regard se porte vers "London 2012".



La Suisse compte un véritable joyau, qui a la médaille d'or au
saut et la médaille d'argent dans le concours général lors des
Championnats d'Europe de Milan en avril dernier. tsrsport.ch a
rencontré la "sportive suisse 2008" avant les Championnats du monde
de Londres qui se disputeront du 13 au 18 octobre. Objectif de la
Lucernoise: une médaille.

La gym pour canaliser son hyperactivité

tsrsport.ch:


Pourquoi avoir choisi la gym?



ARIELLA KAESLIN:

Petite, j'étais une fille
hyperactive. Je n'arrêtais pas une seule seconde. Alors ma mère m'a
proposé de faire de la gymnastique. Cela m'a tout de suite plu.
J'avais 4 ans lorsque j'ai commencé.



tsrsport.ch:

Plus jeune, pensiez-vous pouvoir
atteindre un tel niveau
?



ARIELLA KAESLIN:

Cela a toujours été un rêve
d'arriver là ou je suis aujourd'hui, de pouvoir disputer des Jeux
et de gagner des médailles. Je ne vous cache pas que c'est une
grosse surprise de mesurer tout le chemin parcouru. Jamais une
Suissesse n'avait atteint ce niveau. C'est un rêve qui est devenu
réalité.



tsrsport.ch:

Justement, réalisez-vous que
vous êtes la première Suissesse à avoir décroché une médaille d'or
à des Championnats d'Europe
?



ARIELLA KAESLIN:

Je n'y pense pas vraiment. C'est
plutôt le fait que les gens me rappellent mes performances qui me
fait prendre conscience de ce que j'ai réussi. Toucher pareillement
le public est un sentiment très plaisant.

"22 ans ce n'est plus très jeune"

C'est une grosse
surprise de mesurer tout le chemin parcouru

tsrsport.ch:

Ces résultats vous ont-ils donné
plus de confiance
?



ARIELLA KAESLIN:

Incontestablement. Réussir de
bons résultats vous rend plus connue. Cela constitue un avantage
lors de l'attribution des notes. Cela n'enlève cependant rien au
fait qu'il faut s'entraîner encore et progresser pour obtenir des
résultats.



tsrsport.ch:

Pensez-vous pouvoir encore
franchir des paliers
?



ARIELLA KAESLIN:

C'est pour cela que je
m'entraîne dur tous les jours. Je ne pense pas encore avoir atteint
mes limites. Les Championnats du monde de Londres seront pour cela
une belle occasion de faire mes preuves.



tsrsport.ch:

A 22 ans, vous faites figure de
"vieille" dans votre sport, non
?



ARIELLA KAESLIN:

Disons que l'âge des gymnastes a
un peu augmenté mais c'est vrai que 22 ans, ce n'est plus très
jeune. Aussi longtemps que j'aurai du plaisir à m'entraîner et à
disputer des compétitions, je continuerai.

Les Jeux de Londres dans un coin de la tête

tsrsport.ch:

Vous ne vous êtes donc pas fixé
une limite d'âge
?



ARIELLA KAESLIN:

Je peux simplement dire que je
suis fière de tout le travail accompli. Les Jeux de Londres en 2012
sont évidemment dans un coin de ma tête.



tsrsport.ch:

Quel est votre
quotidien
?



ARIELLA KAESLIN:

Je me réveille tous les jours à
06h00. Ce n'est pas vraiment facile de concilier sport et études,
mais pour le moment, je m'en sors. C'est un sacré défi. Je vais au
collège économique à Bienne. Je suis mes études à un rythme adapté,
soit huit ans au lieu de quatre. Il me reste encore deux années,
les plus importantes, pour obtenir mon baccalauréat.



tsrsport.ch:

Le fait de pratiquer les
"métiers" d'étudiante et de gymnaste n'engendre-t-il pas beaucoup
de fatigue
?



ARIELLA KAESLIN:

Ce n'est pas facile tous les
jours. Mais ne pratiquer que mon sport ne serait, je pense, pas non
plus idéal pour mon équilibre. Le fait d'oublier la gymnastique un
instant dans la journée me permet d'être plus concernée et d'avoir
davantage la "niaque" aux entraînements. Dans certains pays comme
les Etats-Unis ou la Chine, les filles se dédient totalement à la
pratique de la gym. Cela comporte des avantages et des
inconvénients.

Un mental d'acier forgé depuis toute petite

tsrsport.ch:

Comment
se fait-il que vous ayez réussi, alors que d'autres, peut-être plus
talentueuses, ont échoué
?



ARIELLA KAESLIN:

Mon entourage - parents,
entraîneurs, manager... - m'a permis d'arriver là où j'en suis
aujourd'hui. Tous ces gens sont vraiment extraordinaires. Toute
seule, je n'y serais pas parvenue. Je ne sais pas si je suis plus
forte que les autres gymnastes. Je peux simplement dire que depuis
toute petite, je fais beaucoup d'exercices mentaux avec ma maman.
Cela m'aide probablement.



tsrsport.ch:

Par rapport à beaucoup d'autres
sports, la gymnastique rime peut-être encore plus avec discipline
et rigueur. Jamais eu envie de tout plaquer
?



ARIELLA KAESLIN:

C'est normal d'avoir eu l'une ou
l'autre fois cette pensée. Je pense que tout le monde, quel que
soit le métier exercé, en a eu ras-le-bol. C'est humain en fin de
compte, mais pour ma part, j'ai toujours su trouver la motivation
et me recadrer.



tsrsport.ch:

Où trouvez-vous la motivation
dans ces moments durs
?



ARIELLA KAESLIN:

Je pense à tout le travail déjà
accompli et aux objectifs que je me suis fixés.

Trois ans avant "London 2012"

tsrsport.ch:

Les Mondiaux de Londres, du 13 au
18 octobre, ne sont qu'une étape intermédiaire avant votre
objectif, les Jeux de Londres en 2012
.



ARIELLA KAESLIN:

A mes yeux, les Jeux olympiques
représentent le moment culminant dans la carrière d'un sportif.
Mais avant de rêver des Jeux, je pense avoir de très bonnes chances
pour réussir un résultat top aux Championnats du monde. Ceux-ci se
disputeront dans la même arène que lors des Jeux
olympiques...



tsrsport.ch:

Votre objectif aux Mondiaux de
Londres est d'obtenir une médaille en effectuant des sauts
dynamiques, propres et des réceptions stables. Si vous y parvenez
cela signifie-t-il que vous y arriverez également aux Jeux
olympiques
?



ARIELLA KAESLIN:

C'est difficile de savoir ce qui
peut se dérouler en 3 ans. De plus, je ne sais pas vraiment qui
prendra part à ces compétitions. Et en fin de compte, peu importe
le plateau présent. Je ne me concentre que sur mon programme et je
fais ce dont je suis capable.



propos recueillis par Miguel Bao

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"Le plus gratifiant est de pouvoir servir d'exemple pour les jeunes"

tsrsport.ch: Votre vie a-t-elle changé depuis votre 5e place aux Jeux de Pékin et vos deux médailles aux Européens de Milan?

ARIELLA KAESLIN: Un peu tout de même. On commence à me reconnaître dans la rue et parfois on m'aborde. Je suis en outre davantage invitée à certaines soirées. Je profite du moment présent. C'est très plaisant. Mon entourage me dit que je suis restée la même.

tsrsport.ch: Le fait d'être sur le devant de la scène vous dérange-t-il?

ARIELLA KAESLIN: C'est une facette du métier. Si cela marche, je suis plus sollicitée par les médias, plus souvent invitée lors de soirées ou galas. Je ne vais pas me plaindre. Mais pour moi, le plus gratifiant est de pouvoir servir d'exemple pour les jeunes.

LE SPORT AVANT LES ETUDES

tsrsport.ch: N'est-ce pas déprimant de constater que la gym n'a pas autant d'impact et ne rapporte pas beaucoup d'argent, par rapport au tennis ou au football?

ARIELLA KAESLIN: Ce n'est pas le bon raisonnement. On ne peut pas comparer le tennis ou le football avec la gym. Je ne pratique pas la gym pour l'argent mais parce que c'est ma vie. Maintenant, si je peux gagner de l'argent au travers de mon sport, tant mieux...

tsrsport.ch: A partir du moment où l'on ne peut pas vivre de son sport, les études sont d'autant plus importantes!

ARIELLA KAESLIN: Les études sont importantes, mais actuellement, je place la gymnastique devant.

tsrsport.ch: Avez-vous une idée de ce que vous ferez après la gymnastique?

ARIELLA KAESLIN: Aucune idée. Je prends les événements les uns après les autres. Je pense d'abord à mon sport, puis aux études. Ensuite on verra bien.

LAISSER UN PEU DE TEMPS AUX JEUNES

tsrsport.ch: Vous êtes la cheffe de file de la gym suisse. Y-a-t-il une relève?

ARIELLA KAESLIN: Il y a une grosse concurrence qui me stimule et me pousse à faire toujours mieux. Il faut simplement laisser un peu de temps aux jeunes.

tsrsport.ch: Le groupe auquel vous faites allusion atteindra-t-il votre niveau?

ARIELLA KAESLIN: Difficile à dire. Aux filles de trouver leur propre chemin, qui les mènera peut-être à faire mieux que moi. J'essaie de les aider par mes conseils et mon expérience.

Ariella Kaeslin express

Première chose faite le matin: je bois un café, ma boisson préférée.

Plat préféré: les sushis.

Lieu de vacances préféré: New York.

Principale qualité: mon assiduité. Je fais tout pour atteindre mes objectifs.

Principal défaut: jamais contente de moi.

La gym c'est: ma vie.

Un rêve: une médaille aux Jeux olympiques de Londres.

Meilleur souvenir: ma 5e place aux Jeux olympiques de Pékin.

Pire souvenir: un concours à Chiasso, où j'avais "réussi" un festival de chutes. C'était la honte...

Une devise: no risk, no fun.

Une idole: j'en ai plusieurs, mais avant tout le monde, je dirais Roger Federer.

Salaire: (rires) je ne parle jamais argent!