Timea Bacsinszky est notre invitée du lundi
A 19 ans, Timea Bacsinszky vivra ses premiers Jeux olympiques, à Pékin. La Vaudoise ne se met pas la pression car elle désire jouer pour le plaisir et acquérir de l'expérience.
Exclu du programme des Jeux en 1924, le tennis a fait son retour
aux JO en 1988 à Séoul. D'abord boudé par les meilleurs, le tournoi
retrouve peu à peu son lustre. Ainsi, Roger Federer en a fait un
des objectifs de sa saison. Le Suisse et son rival Rafael Nadal
feront figure de favoris. Mais la particularité des JO rend toute
prévision aléatoire. Ainsi, qui se souvient encore qu'à Athènes,
Nicolas Massu s'était imposé en finale face à Mardy Fish?
A Pékin, outre Federer, Wawrinka, Patty Schnyder, Emmanuelle
Gagliardi et Timea Bacsinszky représenteront la Suisse. Une
première pour la Vaudoise. Interview.
"J'espère ne pas être trop intimidée"
tsrsport.ch: Vous disputerez à Pékin vos
premiers JO. Quels sont vos sentiments?
TIMEA BACSINSZKY: Avant tout, j'espère ne pas
être trop intimidée par cet événement. Je pense qu'en arrivant
là-bas, il y aura beaucoup de sollicitations. Après un ou deux
jours, ça devrait aller mieux. Je vais là-bas pour bien jouer et
avoir du plaisir.
tsrsport.ch: Roger Federer ne logera pas au
village olympique. Et vous?
TIMEA BACSINSZKY: Je serai au village olympique.
Ce sera sympa. Pour moi, ce sera l'inconnue. Je me réjouis
d'apprendre de tous ces athlètes et de partager des moments avec
d'autres sportifs.
tsrsport.ch: Le tennis est revenu récemment
aux JO. Quelle importance accordez-vous à cette épreuve?
TIMEA BACSINSZKY: Aujourd'hui, un tournoi du
Grand Chelem a une plus grande valeur. Les joueurs misent d'abord
sur ces épreuves, même si un succès aux JO est aussi intéressant.
Personnellement, je ne savais pas si je pourrais disputer cette
compétition. Du coup, l'accent n'a pas été mis sur cette
épreuve.
Le tennis est très médiatisé par rapport à d'autres sports mais la
valeur d'une médaille n'est pas la même que dans les sports où l'on
se prépare durant 4 ans pour ce seul objectif.
Pas de préparation particulière
tsrsport.ch:
Le
tournoi se disputera sur dur. Appréciez-vous cette
surface?
TIMEA BACSINSZKY:
En fait, nous jouons la plus
grande partie de l'année sur dur. Je ne pense donc pas avoir de
problèmes particuliers, même si tous les durs ne sont pas
identiques. Je dois dire que je n'ai pas vraiment de préférence.
Pendant longtemps, j'appréciais davantage la terre battue. Mais
cette saison, je n'y ai pas fait de bons résultats.
tsrsport.ch:
Avez-vous effectué une
préparation spécifique pour les Jeux?
TIMEA BACSINSZKY:
Non. Je me prépare surtout pour
les tournois de fin d'année, dont l'US Open qui arrive déjà une
semaine après la fin des Jeux.
"Il faudra s'habituer aux conditions climatiques"
tsrsport.ch: On parle beaucoup de la
pollution, de la chaleur et de l'humidité. Craignez-vous ces
conditions?
TIMEA BACSINSZKY: Mon coach m'a déjà averti que
je ne devrais pas passer trop de temps dehors. Et il a entièrement
raison car c'est un choc pour le métabolisme. Nous ne restons que 2
semaines, mais il faut malgré tout faire très attention à sa santé.
Pas seulement pour la carrière sportive, mais aussi pour après.
Lorsque nous sortirons, il faudra mettre le masque fourni par Swiss
Olympic. Mais, comme ma compétition se joue dehors, il faudra tout
de même s'habituer aux conditions.
tsrsport.ch: Et pour vous, qui sont les
favoris des tournois olympiques?
TIMEA BACSINSZKY: Chez les femmes, je pense que
les Serbes Ivanovic et Jankovic, en tête de la WTA, sont favorites.
Je pense qu'actuellement, ces 2 joueuses sont au-dessus des autres
sur le dur.
Chez les hommes, nous devrions assister à un duel Federer - Nadal
très, très intéressant. Bien sûr, il faudra se méfier de Djokovic.
D'autres peuvent aussi surprendre. Je pense notamment à Gilles
Simon qui joue très bien actuellement et qui vient de battre
Federer. Et puis des surprises sont possibles!
"Je me vois bien dans le top-50"
tsrsport.ch: Vous êtes actuellement 61e à
la WTA. Quels sont vos objectifs futurs?
TIMEA BACSINSZKY: Honnêtement, je me vois bien
dans le top-50 d'ici la fin de l'année. Jusque-là, j'ai peu de
points à défendre. Ensuite, 2009, c'est encore loin! Mais je veux
toujours progresser dans le classement et atteindre le top-30 à la
fin de l'année prochaine.
tsrsport.ch: Que vous manque-t-il encore pour
tutoyer les toutes meilleures?
TIMEA BACSINSZKY: Ca ne se joue pas sur
grand-chose. Lorsque je joue contre elles, la différence se fait
sur de petites erreurs techniques, c'est minime. Il faut
travailler, mettre l'accent sur le physique et être plus
constante.
tsrsport.ch: Dans le tennis féminin, la
puissance a pris beaucoup d'importance. Qu'en
pensez-vous?
TIMEA BACSINSZKY: Oui, depuis quelques années le
tennis féminin est beaucoup plus physique. Nous sommes obligées
d'avoir un corps bien formé pour des échanges plus longs et plus
intenses.
C'est clair que lorsqu'on a une bonne masse physique au départ,
c'est un énorme avantage. C'est pourquoi je dois encore davantage
mettre l'accent sur le plan physique.
Propos recueillis par Aline Gagnebin
Publié Modifié
Timea Bacsinszky express
Votre meilleur souvenir: le tournoi de Zurich en 2006. Issue des qualifications, j'avais échoué en 1/4 de finale contre Maria Sharapova.
Votre pire souvenir: le dernier, c'était il y a 3 semaines lorsque j'ai été éliminée sans gloire à Budapest, dans mon pays d'origine et devant des amis que je n'avais pas vu depuis longtemps.
Votre devise: ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse.
Le tennis pour vous, c'est: c'est ce qui me permet de vivre des émotions. Je suis une privilégiée de pouvoir vivre cela lorsque je suis sur un court.
Le dopage, c'est: vraiment dommage pour le sport. Je préférerais arrêter ma carrière plutôt que d'y toucher.
Les JO, c'est: un événement incroyable qui véhicule des sensations fortes.
C'est magnifique de voir des gens de tant de nations se réunir pour le sport
La Chine, c'est: un pays très intéressant culturellement que je voudrais bien visiter une fois.
Principales qualités: je suis très, trop, généreuse. Et je souris toujours.
Principal défaut: je suis trop gentille, parfois naïve.
Adolescence sous pression
tsrsport.ch: Votre nom est arrivé très rapidement sur le devant de la scène médiatique. On vous a présenté comme la nouvelle Martina Hingis. Cela a-t-il été difficile à gérer?
TIMEA BACSINSZKY: Oui, c'était difficile lorsque j'avais 14 ou 15 ans et jusqu'à l'année passée. J'avais l'impression que beaucoup d'espoirs étaient placés en moi et du coup, je me mettais personnellement beaucoup de pression. Cela m'a certainement freiné. Je n'arrivais pas à atteindre mes objectifs. Ensuite, j'ai pris conscience que ma carrière je la jouais pour moi et non pour satisfaire les espoirs d'autres personnes.