Elle nage, elle pédale et elle court plus que jamais. A 36 ans,
Magali Di Marco Messmer soigne sa forme à l'approche de l'été. Son
mois d'août, Magali ne le passera toutefois pas comme beaucoup
d'autres femmes de son âge allongée sur un transat dans les
Baléares. Son truc à elle, c'est plutôt l'effort extrême, la sueur
et l'adrénaline.
Médaillée de bronze à Sydney en 2000, la Chaux-de-Fonnière
installée à Troistorrents rêve de récidiver en Chine. Même si elle
ne fera pas partie des favorites, elle croit dur comme fer à
l'exploit olympique. Au bénéfice d'un début de saison idéal, à
l'instar des autres triathlètes helvétiques, Magali Di Marco
Messmer a mis tous les atouts de son côté pour Pékin. A un peu plus
de deux mois du grand-rendez 2008, la jeune maman se confie.
Un exploit en chinois?
TXT: - Vous avez connu un début de saison
idéal avec une 3e place lors de votre première course en Coupe du
monde voici 15 jours. De bon augure pour la suite.
DI MARCO MESSMER: Oui, c'est vraiment génial de
commencer la saison avec un podium. Généralement, il me faut un
plus de temps pour être au top de ma forme.
- Vous avez beaucoup progressé dans la course à pied, votre
discipline faible jusqu'ici. Les espoirs les plus fous sont donc
permis à Pékin cet été.
DI MARCO MESSMER: Oui, tout est possible! Je ne
pars pas favorite, loin de là, mais tout peut arriver dans cette
course d'un jour et il faut y croire. Je travaille très dur pour
cela.
Absente à Athènes en 2004
- En 2004, vous aviez manqué les JO pour ne pas vous être
annoncée à temps dans le programme anti-dopage de Swiss Olympic.
Pékin sera-t-il une revanche?
DI MARCO MESSMER: Pas du tout. Je n'ai aucune
rancoeur à avoir. Quand j'ai repris la compétition il y a cinq ans,
mon objectif n'était pas Athènes mais Pékin. Ca prend du temps de
se reconstruire après une "pause" de trois ans.
- A Pékin, on annonce des conditions dantesques pour les
athlètes. Est-ce que ça vous fait peur, d'autant plus que vous
souffrez d'asthme à l'effort?
DI MARCO MESSMER: J'ai une autorisation pour
prendre des médicaments, ça ne devrait donc pas me poser de
problèmes. Maintenant, nous savons à quoi nous attendre. Je me
prépare physiquement et mentalement à affronter ces conditions
extrêmes. Nous avons déjà pu tester les réactions de notre corps en
laboratoire et Swiss Triathlon prépare au mieux notre
acclimatation. Mais pour répondre à votre question, ça ne me fait
pas peur. Dans le cas contraire, ce serait déjà bien mal parti!
Loin de la fièvre olympique
- Les triathlètes seront
en Corée du Sud avant la compétition, ne logeront pas au village
olympique et ne participeront pas à la cérémonie d'ouverture. Ces
JO, vous les vivrez d'assez loin...
DI MARCO MESSMER:
Je ne pense pas. Les JO, c'est
quelque chose de spécial. L'encadrement ne sera pas du tout le même
que lors des déplacements en Coupe du monde. D'assez gros moyens
seront mis en oeuvre pour nous assurer la meilleure préparation. De
plus, nous serons une véritable délégation olympique et nous ne
serons pas les seuls à ne pas loger au village olympique.
- Et le parcours de ces Jeux, vous le connaissez
déjà?
DI MARCO MESSMER:
Oui, et je l'apprécie beaucoup.
Je l'ai déjà fait trois fois en Coupe du monde. Ca n'a jamais
vraiment fonctionné, pour diverses raisons, mais je sais quelles
sont les qualités nécessaires sur ce parcours. Je travaille donc
avec des points de repère.
- Comment expliquez-vous que la Suisse, qui a un réservoir
d'athlètes limité, fasse toujours partie des plus grandes nations
du triathlon?
DI MARCO MESSMER:
Je dois dire que le niveau
général de l'équipe n'a jamais été aussi élevé. Tant chez les
hommes que chez les dames, les résultats de ce début de saison sont
fabuleux. Les raisons de ce succès? Il est lié à l'approche du
coach national, qui laisse une grande marge de liberté dans nos
structures d'entraînement. Chaque athlète a en effet besoin d'un
environnement différent pour exprimer totalement ses qualités.
C'est à mon avis une des clés de la réussite en compétition.
"Le corps est fait pour se surpasser"
- Vous êtes connue pour être dure
dans l'effort. C'est un peu anachronique dans une société comme la
nôtre...
DI MARCO MESSMER: Oui, je suis toujours effarée
de voir à quel point on inculque à la jeunesse cette notion de
victoire facile sans effort. Par le passé, on valorisait davantage
l'activité physique et le sport en général. Actuellement, ce n'est
plus le cas. Pourtant, je suis convaincue que le corps est fait
pour se dépenser et se surpasser.
- Y a-t-il du plaisir dans l'effort?
DI MARCO MESSMER: Bien sûr. Le plaisir procuré
par l'adrénaline et les endorphines ainsi que toutes les émotions
du sport donnent envie de continuer.
- A 36 ans et après avoir déjà connu une première reconversion
difficile il y a 7 ans, vous devez pourtant gentiment déjà penser à
l'après-sport.
DI MARCO MESSMER: Je n'ai pas trop en vie de
répondre à cette question. Tout le monde me la pose. Mais
actuellement, je suis en pleine forme et j'ai envie de me
concentrer sur ce que je fais. En principe, j'ai prévu de continuer
la compétition encore quelques années.
- Est-ce que votre médaille de bronze à Sydney vous fait
encore rêver?
DI MARCO MESSMER: Ca commence à sembler loin dans
ma mémoire. J'ai l'impression que c'était quelqu'un d'autre même si
ça restera toujours gravé en moi.
TXT. Propos recueillis par Samuel Jaberg
Magali Di Marco Messmer express
La première chose que vous faites le matin: je m'habille dans la tenue dans laquelle je vais m'entraîner en premier et je vais réveiller mon fils.
Votre meilleur souvenir: la rencontre de mon mari au Costa Rica.
Votre pire souvenir: je suis plutôt de nature positive, j'ai donc oublié.
Votre principale qualité: naturelle.
Votre principal défaut: un peu têtue.
Votre idole: j'admire certaines personnes mais je n'ai pas d'idole.
Le triathlon, pour vous, c'est: natation, vélo, course (rires).
Si vous n'aviez pas été triathlète: géologue (ndlr: elle a d'ailleurs sa licence universitaire en poche).
Votre devise: celui qui se bat peut perdre ou gagner, celui qui ne se bat pas perd toujours.
Votre salaire: je gagne à peu près autant qu'une secrétaire qualifiée.
Les questions qui fâchent
- Votre sport n'a pas été épargné par le dopage, avec notamment le contrôle positif de Brigitte McMahon il y a trois ans. Estimez-vous que le combat est désormais plus efficace?
DI MARCO MESSMER: Je pense que le triathlon est assez épargné. Je n'ai pas l'impression de courir parmi des extraterrestres même s'il y a bien sûr encore quelques performances suspectes.
- Subissez-vous encore beaucoup de contrôles inopinés?
DI MARCO MESSMER: Moins que l'année passée (7), où après le "cas" McMahon, j'ai été particulièrement ciblée. Mais dès que je réalise de bonnes performances, je vois pointer les contrôleurs.
- Avec les événements au Tibet, on a beaucoup évoqué la question du boycott des JO, ce qui a eu le don de passablement vous irriter...
DI MARCO MESSMER: Je crois que la question du boycott de la cérémonie d'ouverture n'est plus vraiment à l'ordre du jour. Mais c'est vrai qu'on nage dans l'hypocrisie la plus totale. On n'a jamais évoqué l'éventualité d'un boycott économique. Les politiciens aimeraient bien qu'on boycotte à leur place, c'est un peu facile. Bien sûr, ce qui se passe parfois en Chine me choque. Mais je pense que la situation s'est déjà améliorée. De plus, la Chine est un pays qui ne ressemble pas aux autres et qui est très complexe.