Quelques gouttes de sueur perlent sur le front des athlètes. Certains lèvent des poids pendant que d’autres dansent au-dessus d’un parcours d’obstacles avec une agilité féline. L’effort se lit sur leur visage rougi. Tapis dans l’ombre, un homme les observe discrètement tout en prenant des notes sur son calepin. Cet homme, c’est Patrick Flaction, préparateur physique des meilleurs skieurs du pays.
Pourtant, rien ne prédestinait ce natif de la Vallée de Joux à embrasser la carrière de préparateur physique. A la sortie de l’école, c’est vers un tout autre métier qu’il se tourne. "J’ai commencé par faire le métier de bûcheron. C’est là que j’ai appris à utiliser mes mains et à faire des mouvements économiques". Mais l’appel des cimes enneigées a été plus fort que celui des arbres verdoyants. "J’en faisais enfant et rapidement je me suis tourné vers la profession d’entraîneur puis de prof de sport à Macolin".
C'est une jolie histoire
Avant une rencontre qui va tout changer. Un appel, pour être précis, d’une jeune fille de 14 ans, Lara Gut-Behrami. La Tessinoise lui fait part de son envie de travailler avec lui. L’opportunité est trop belle pour qu’il la laisse filer. "Je l’ai suivie à plein temps de ses 14 ans jusqu’en 2019".
D’autres athlètes font alors appel à lui comme Daniel Yule ou Loïc Meillard. "Ils m’ont fait cet honneur de me faire confiance. Aujourd’hui, on a 20 athlètes de différents sports et 3 entraîneurs. C’est une jolie histoire", sourit-il avant de narrer ce qui lui plaît tant dans son métier: "La relation avec l’athlète, les échanges, trouver les meilleurs solutions, construire leur performance, leur avenir et d’être un soutien pour amener leur niveau physique à ce qu’il souhaite".
Je ne suis pas là pour être leur ami
Une exigence qui lui vaut parfois quelques griefs de la part de ses protégé(e)s. "Je ne suis pas là pour être leur ami, réplique-t-il. Je suis là pour les amener le plus loin physiquement. Quand c’est dur, ils peuvent m'envoyer un message pour me dire qu’ils me détestent mais c’est le jeu. Quand je propose une séance, c’est parce que j’estime que c'est ce qu’il faut faire. Mais il m’arrive de corriger un exercice", sourit-il malicieusement.
Malgré son rôle primordial, Patrick Flaction s’efface volontiers, restant plus volontiers dans l’ombre de ses athlètes. "Que l’on soit psy, physio, entraîneur, on est tous des entraîneurs de l’ombre. C’est bien l’athlète qui fait sa carrière, c’est lui qui doit être devant et c’est à lui d’être dans la lumière. En aucun cas, ce sont les personnes qui travaillent pour lui qui doivent être mises en avant. Nous, on est là pour les soutenir eux et les encourager".
Et de poursuivre: "Je suis un élément dans leur inter-saison. Je suis avec eux quand ils sont à la maison je suis dans la salle quand c'est dur pour les encourager. Je suis cette personne de back office et c’est une position privilégiée. Je ne suis pas au pied du podium pour les féliciter. Mais mon succès ce n’est pas si ils gagnent ou pas. C’est quand ils sont heureux en bonne santé, qu’ils n’ont pas mal et qu’ils peuvent faire leur sport en toute liberté. La victoire, c’est la cerise sur le gâteau", conclut-il tout sourire.
Salquenen, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud
La peur de l'appel
Patrick Flaction le concède volontiers: lorsqu'il reçoit un appel le matin d'un de ses athlètes, il n'est jamais tranquille. "Ce n'est jamais l’heure où ils m’appellent c’est l’heure à laquelle ils skient. Je n’aime pas les téléphones entre 08h00 et midi. Ca me fait toujours sursauter car on n’est jamais à l’abris d’un accident. Ils poussent la machine très loin et même si on a la sensation d’avoir tout fait ce que l’on devait faire, le risque zéro n’existe pas".