Fränzi Aufdenblatten est notre invitée du lundi

Débarrassée de ses soucis de santé, Aufdenblatten a pu se
préparer idéalement. Satisfaite de son matériel, elle a retrouvé
son sourire et le plaisir de skier. La Valaisanne a déjà chaussé
une première fois les skis, lors du géant d'ouverture à Soelden
(ndlr: 33e). La skieuse, qui a connu ses premiers résultats en
Coupe du monde dans l'épreuve des virages longs, se sent désormais
plus à l'aise en super-g et en descente C'est dans une de ces deux
disciplines que la leader de l'équipe suisse espère fêter une
première victoire. Interview.



TXT: La saison va maintenant vraiment
commencer. Comment vous sentez-vous?



FRÄNZI AUFDENBLATTEN:La préparation a été
excellente par rapport à la saison dernière. Je me suis aussi très
bien adaptée au matériel. Je me sens en pleine forme, même si c'est
souvent difficile de savoir exactement où l'on en est.



- Vous avez également pu profiter d'un séjour en
Nouvelle-Zélande!



FRÄNZI AUFDENBLATTEN: Oui. C'est la meilleure
chose qui est arrivée depuis longtemps. D'une part, nous avons pu
skier sur de la neige artificielle et dans des conditions idéales.
D'autre part, nous avons pu descendre des pistes différentes. C'est
une bonne motivation.

"Skier avec les hommes a été une expérience fantastique"

- Vous avez suivi des entraînements avec Patrice Morisod et
les messieurs. Que retirez-vous de cette expérience?



FRÄNZI AUFDENBLATTEN: Beaucoup, j'espère. Je suis
convaincue que cela va payer tôt ou tard. C'était une expérience
fantastique. Nous avions parfois l'impression d'avoir touché nos
limites, mais Cuche ou d'autres passaient encore 2m à l'intérieur
dans les courbes! Cela nous poussait à nous surpasser. La
motivation était énorme. Nous ne voulions pas perdre 10 secondes
sur les hommes.... Nous pouvons vraiment remercier les messieurs
car nous avons été les seules bénéficiaires de cette
expérience.



- A l'entre-saison, l'équipe féminine a aussi changé
d'entraîneur. Comment s'est passée la transition?



FRÄNZI AUFDENBLATTEN: Cela a été assez facile,
parce que nous connaissions déjà Stephan Abplanalp. Ce que
j'apprécie, c'est de n'avoir plus un coach unique. Je peux ainsi
travailler avec d'autres, et profiter des qualités de chacun.



- Même si le ski est un sport individuel, l'ambiance dans
l'équipe est aussi importante...



FRÄNZI AUFDENBLATTEN: Depuis 2 ou 3 ans,
l'ambiance est excellente. Nous sommes très soudées. Nous avons un
bon équilibre entre les plus anciennes et les jeunes. Nous nous
motivons beaucoup.



- Vous êtes désormais considérée comme une des leaders de
l'équipe. Acceptez-vous ce rôle?



FRÄNZI AUFDENBLATTEN: C'est déjà le cas de puis
quelques années. On attend des résultats de ma part. J'ai ainsi un
peu de pression, mais cela permet aux jeunes de skier plus
librement. Cela m'a manqué lorsque j'ai débuté.



- Plusieurs jeunes ont réalisé de bons résultats. Une nouvelle
motivation?



FRÄNZI AUFDENBLATTEN: C'est clair. Si Nadia
(ndlr: Styger) va plus vite que moi, ça me paraît normal. Mais si
Lara Gut ou Dominique Gisin me dépassent, je fais tout pour me
retrouver à nouveau devant.

"Mon grand but est de fêter une première victoire"

- Est-ce que les bons résultats
des messieurs ont une infuence sur vous?

FRÄNZI AUFDENBLATTEN:

C'est clair. Voir que les
Suisses peuvent aussi gagner et que ce ne sont plus huit
Autrichiens devant, cela aide beaucoup. Et puis, nous avons
actuellement d'excellents contacts avec l'équipe masculine.
Buechel, Cuche ou Défago sont toujours prêts à partager leurs
expériences.



- Cette année, il n'y a ni JO ni Mondiaux. Quels sont vos
objectifs?

FRÄNZI AUFDENBLATTEN:

Cela ne me dérange pas de
vivre une saison plus tranquille. Mon grand but est de fêter un
premier succès en Coupe du monde. J'espère vraiment que ce sera
pour cette saison.



- Grâce aux bons résultats, le public suisse suit davantage le
ski. Avez-vous ressenti ce nouvel intérêt?

FRÄNZI AUFDENBLATTEN:

Les succès de l'équipe
masculine sont importants. Si les hommes vont bien, tout le ski
suisse se porte bien. On le sait. Maintenant ce serait bien si les
femmes pouvaient suivre. Nous allons tout faire pour...



- Vous pratiquez les disciplines de vitesse. N'avez-vous
jamais peur?

FRÄNZI AUFDENBLATTEN:

Souvent, à la TV, les gens
ne se rendent pas compte de la difficulté... Ils ont l'impression
que c'est facile. Au départ, nous avons du respect pour la piste.
Ensuite, tout est question de confiance...

"Pour l'instant, je vis mon rêve"

- Pensez-vous parfois à l'après-ski?



FRÄNZI AUFDENBLATTEN: Lorsque je vois ma soeur
qui fait physiothérapie ou mon frère qui est à l'Université, je me
pose parfois des questions. Mais pour l'instant, je vis mon rêve.
Et si tout se passe bien, je vais sûrement encore continuer cinq
ans ou plus.



- Quelle est votre vision du monde du ski et du Cirque
blanc?



FRÄNZI AUFDENBLATTEN: En Suisse, le ski sera
toujours important, notamment pour le tourisme. En Coupe du monde,
on pourrait faire autrement, notamment au niveau du nombre de
courses: par exemple en faire moins, mais organiser de grands
événements... Mais ce n'est pas moi qui décide...



TXT. Propos recueillis par Aline Gagnebin