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Seydou Doumbia ou un parcours de footballeur atypique

Seydou Doumbia quittera Young Boys cet été pour rejoindre Moscou.
Seydou Doumbia quittera Young Boys cet été pour rejoindre Moscou.
C'est l'une des principales attractions de la Super League depuis plus d'un an. Né en Côte d'Ivoire, Seydou Doumbia fait le bonheur des Young Boys en inscrivant but sur but. Découverte d'un attaquant au parcours peu commun.

Il enfile les buts comme d'autres enfilent les perles.
Spectaculaire et rapide, Seydou Doumbia (22 ans) est depuis
plusieurs mois la superstar de Super League. Hélas pour ses
admirateurs et pour YB, il fera ses adieux à la Suisse cet été pour
rejoindre le CSKA Moscou.



Né à Abidjan, cet attaquant ivoirien a été sacré meilleur buteur
du championnat de Suisse la saison passée. Il est bien parti pour
rééditer cette performance avec déjà 17 buts inscrits lors du
présent exercice. tsrsport.ch a rencontré Seydou Doumbia après un
entraînement au Stade de Suisse. Il s'est confié en toute
sincérité, revenant sur un parcours un peu atypique.

"J'ai réussi à convaincre mes parents"

tsrsport.ch:

- Comment êtes-vous devenu
footballeur
?



SEYDOU DOUMBIA:

J'ai vécu toute mon enfance à
Abidjan et depuis tout petit déjà, je rêvais de devenir un bon
footballeur. J'adorais m'amuser avec le ballon. Par contre, je
n'aimais pas trop l'école. Puis, à l'âge de 12 ans, j'ai intégré le
centre de formation de la capitale ivoirienne. Quatre ans plus
tard, j'ai disputé un premier championnat, sans grand succès
puisque je n'ai inscrit qu'un seul but (rires). J'ai continué à
travailler, puis, en 2005, je suis devenu meilleur buteur du
championnat avec 15 buts en 20 matches.



tsrsport.ch:

- Est-ce que votre famille a
accepté votre choix pour le football
?



SEYDOU DOUMBIA:

Non non, ce n'était pas facile.
Elle voulait absolument que je fasse des études pour avoir un
"vrai" métier. On a eu beaucoup de discussions et même quelques
palabres! Je leur expliquais que je voulais absolument jouer au
foot, et finalement j'ai réussi à convaincre mes parents.



tsrsport.ch:

- En 2006, vous quittez votre
pays pour aller jouer au Japon. Un choix un peu surprenant,
non
?



SEYDOU DOUMBIA:

En fait, j'ai reçu à cette époque
plusieurs propositions de clubs français notamment, comme Lille,
Nice ou encore Guingamp. Le problème était alors que la France ne
donnait pas facilement de visa et je n'en ai pas obtenu. Une offre
japonaise s'est alors présentée. Je n'étais pas trop intéressé,
mais finalement j'ai quand même décidé de tenter l'aventure.

"J'ai même commencé à parler japonais!"

tsrsport.ch: - L'intégration en Asie n'a
pas dû être très évidente...




SEYDOU DOUMBIA: Au début, c'était même très
compliqué. Je ne jouais qu'une quinzaine de minutes par match. Avec
la barrière de la langue, il était quasiment impossible de discuter
avec mon entraîneur et mes coéquipiers. Je suis resté au Japon deux
ans et demi, et finalement j'ai pu m'intégrer. J'ai même commencé à
parler japonais! Il y a quand même eu quelques problèmes avec le
coach et j'ai été prêté dans un club de 2e division pour 6 mois. Ca
s'est bien passé, j'ai commencé à marquer beaucoup de buts. Cette
expérience au Japon est sans doute à la base de mon succès
aujourd'hui!



tsrsport.ch: - Ensuite, vous débarquez à
Young Boys. Un transfert rendu possible en grande partie grâce à
Thierry Doubaï (milieu de terrain ivoirien de YB).




SEYDOU DOUMBIA: Oui, tout à fait. On a grandi
ensemble à Abidjan et lui jouait depuis une année déjà à YB quand
je suis arrivé. Ca faisait déjà six mois qu'on parlait de cette
possibilité d'aller jouer en Suisse. Mon entourage m'a fortement
conseillé ce transfert. Puis, en juin 2008, ça s'est
matérialisé.

"Il faut rester fort dans la tête"

tsrsport.ch:

- Et c'est un transfert que vous
ne regrettez pas aujourd'hui
.



SEYDOU DOUMBIA:

Non, c'est aussi une très bonne
expérience, même si la première année a beaucoup ressemblé à celle
vécue au Japon avec un temps de jeu de 15-20 minutes par match.
Moi, je voulais montrer mes qualités, pouvoir m'exprimer sur le
terrain. C'est une situation difficile à gérer, il faut rester fort
dans la tête et travailler encore plus.



tsrsport.ch:

- On ne voulait peut-être pas
vous "brûler", vous êtes encore très jeune
.



SEYDOU DOUMBIA:

Oui, c'est en tout cas une bonne
expérience. Si demain je vais jouer en Angleterre ou en France, je
saurai comment me comporter si au début je dois prendre place sur
le banc des remplaçants. Je sais que la chance de jouer arrivera
forcément un jour. Mais quand on vit cette situation, on est
toujours déçu d'être cantonné à un rôle de remplaçant, car c'est
sur le terrain que chaque joueur veut être.

"J'espère que la Russie sera un tremplin"

tsrsport.ch: - Cet été, vous allez
rejoindre le CSKA Moscou. Ca veut dire que vous aimez jouer dans le
froid et la neige?




SEYDOU DOUMBIA: (rires) Non pas vraiment, en
fait. C'est le foot, aucun joueur ne sait où il évoluera demain.
Cela fait partie du métier.



tsrsport.ch: - On imagine que ça n'a jamais
été votre rêve d'évoluer un jour dans le championnat
russe...




SEYDOU DOUMBIA: Non, et au Japon non plus.
J'espère que ce sera un tremplin pour moi. J'ai toujours dit que
mon rêve était de jouer un jour en Angleterre, en Espagne ou en
Italie. Je vais aller en Russie pour me battre et essayer de
poursuivre ma progression.



tsrsport.ch: - Vous rêvez surtout de jouer à
Chelsea, pourquoi?




SEYDOU DOUMBIA: C'est surtout grâce à Didier
Drogba, mon "grand frère", qui évolue dans ce club depuis plusieurs
années. J'aime également la manière dont joue cette équipe.



Propos recueillis par Stéphane Altyzer

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"Ce serait un rêve d'aller en Afrique du Sud"

tsrsport.ch: - Vous rêvez de disputer la première Coupe du monde sur le continent africain cet été. Vous y pensez beaucoup?

SEYDOU DOUMBIA: C'est maintenant qu'il va falloir montrer que je mérite ma sélection. Il y a d'abord le championnat de Suisse à conquérir avec YB, c'est un objectif auquel je pense beaucoup. Je dois faire de bonnes prestations pour convaincre le coach. Mais il est vrai que ce serait un rêve d'aller en Afrique du Sud. J'espérais déjà participer à la CAN 2010, ça ne s'est pas donné. Si je ne suis pas sélectionné pour le Mondial, ce n'est pas la fin du monde. Il faut continuer à se battre.

tsrsport.ch: - Vahid Halilhodzic, coach de la Côte d'Ivoire, vous a-t-il dit quelles étaient vos chances d'aller au Mondial?

SEYDOU DOUMBIA: Il m'a juste dit de continuer à marquer des buts, d'avoir beaucoup de temps de jeu et de ne pas me décourager. Je pense que j'ai quand même des chances d'être sélectionné pour ce grand rendez-vous.

tsrsport.ch: - Jamais une équipe africaine n'a pu aller loin dans une Coupe du monde. L'une des raisons serait que le spectacle prime sur l'aspect défensif et plus tactique du football. C'est vrai?

SEYDOU DOUMBIA: Il faut quand même avouer que les équipes africaines aiment jouer offensif avec tous les bons attaquants qu'elles possèdent. Mais bon, maintenant elles savent qu'il faut également travailler dur défensivement. Cette année, j'espère qu'il y aura des surprises et que la Côte d'Ivoire ou un autre pays africain puisse aller en finale et remporter le titre!

Seydou Doumbia express

Plat préféré: la cuisine africaine.

Boisson préférée: le coca.

Lieu de vacances favori: la Côte d'Ivoire, bien entendu. Chaque fois que j'ai des vacances, je retourne au pays.

Footballeurs préférés: Didier Drogba et Samuel Eto'o.

Principale qualité: la vitesse.

Principal défaut: je ne saurais y répondre.

Meilleur souvenir: le titre de meilleur buteur de Super League la saison passée.

Pire souvenir: quand je suis arrivé au Japon et que j'étais le seul Africain du championnat.

Le foot, c'est: une passion et un plaisir de pouvoir le jouer à ce niveau. C'est aussi important de donner du plaisir aux spectateurs.

Si pas footballeur: aucune idée, je n'ai jamais pensé à cela.

Votre salaire: (rires) je ne peux pas le dire.