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Michel Pont est notre invité du lundi

Michel Pont, entouré de Trix et Flix, rêve d'un Euro 08 réussi.
Michel Pont, entouré de Trix et Flix, rêve d'un Euro 08 réussi.
A un peu plus 5 mois de l'Euro 2008, Michel Pont fait le point.L'entraîneur- assistant de l'équipe de Suisse évoque les blessures, les critiques et la succession de Köbi Kuhn.

Le millésime 2008 est à nos portes et avec lui les espoirs les
plus fous. Dès le 7 juin, toute la Suisse retiendra son souffle
pour vivre aux exploits de son équipe nationale de football.
L'attente pour cet Euro 2008 est immense. A un peu plus de cinq
mois du coup d'envoi, l'occasion était belle de faire le point avec
Michel Pont. L'entraîneur-assistant de la Nati est conscient que la
Suisse s'apprête à vivre un moment unique et espérons-le
inoubliable.



Aux côtés de Köbi Kuhn depuis 2001, Michel Pont (53 ans) se livre
sans retenue, évoquant toute la préparation d'ici au jour J à Bâle.
Interview.

"Physiquement, on doit progresser"

TXT: - Quels enseignements a tiré le staff
de l'équipe nationale sur 2007?




MICHEL PONT: Le but était cet élargissement du
cadre, évaluer le plus de joueurs possibles. Il y a aussi l'aspect
physique. On a vu lors du Mondial en Allemagne qu'on doit
absolument progresser si on veut aller plus loin. Tous les joueurs
ont passé une série de tests sur lesquels on s'appuie pour
individualiser l'entraînement. On appelle à la responsabilisation
de chacun. Ils ont une gamme d'exercices à réaliser. Il y a
vraiment un suivi. Les entraîneurs de la Fédération sont en contact
avec eux et iront les voir sur place.



- Physiquement, où se situent les joueurs à cinq mois de
l'Euro 2008?




MICHEL PONT: D'un joueur à l'autre, il y a
évidemment des variations. Certains jouent beaucoup et sont très
bien. D'autres, c'est le contraire. C'est dans cette optique qu'on
insiste pour que chacun fasse ses "devoirs" d'entraînements
individuels à la maison. Mais aujourd'hui, l'état physique de
l'équipe nationale est bon, il s'est même nettement amélioré. Le
seul problème, ce sont les blessures qui font que le travail doit
recommencer chaque fois. Mais avec les évaluations de cet automne,
on sait sur quel point repartir.



- Certains joueurs comme Behrami ou Gygax sont tout de même
très souvent blessés. Est-ce uniquement de la poisse ou y a-t-il
autre chose derrière?




MICHEL PONT: A vrai dire, on se pose exactement
la même question! En n'ayant pas plus les joueurs à disposition, il
est difficile de comprendre. La poisse entre en ligne de compte,
mais il y a quand même une instabilité ou en tout cas une nervosité
qui monte. Gygax, par exemple, évolue dans une équipe qui est
dernière. Il sait qu'il doit jouer pour retrouver sa place en
équipe nationale. L'aspect psychologique joue certainement aussi un
rôle dans ces blessures.

"Les critiques des collègues me dérangent"

- Avec la blessure de Mueller, Senderos
et Djourou vont jouer un rôle important à l'Euro. Mais ils risquent
de ne pas jouer beaucoup avec Arsenal..
.



MICHEL PONT:

Effectivement, cela nous préoccupe.
Pour Senderos, on ne se fait pas trop de soucis. Avec le nombre de
matches qu'Arsenal joue (8-9/mois) et la Coupe d'Afrique, il sera
aligné suffisamment. Pour Djourou, c'est différent. Au retour des
Africains, il ne sera que 4e défenseur. Arsène Wenger en est tout à
fait conscient, j'en ai parlé avec lui. Evidemment, chacun défend
ses intérêts, mais je pense que Djourou aura assez de temps de jeu
d'ici juin.



-Comment réagissez-vous aux critiques d'anciens internationaux
qui sont souvent plus virulents que les médias
?



MICHEL PONT:

Ce sont surtout les critiques des
"collègues" entraîneurs qui me dérangent le plus. Ils émettent des
jugements sans savoir ce qui se passe au sein même de l'équipe.
Quant aux anciens internationaux, ça se comprend parce qu'il y a
toujours cette envie de se mettre en avant, eux qui ne sont plus
sous les feux de la rampe. Il y a beaucoup d'émotionnel sur
l'équipe nationale, l'attente est tellement grande. On s'y est
préparé avec Koebi, car on est conscient de tout ce qui va nous
tomber sur la tête d'ici le 7 juin.

"Adrénaline positive et non surmotivation"

- L'aspect mental va aussi entrer en ligne de compte. Le
risque de voir les joueurs surmotivés ou au contraire tétanisés
existe. Comment y faire face?




MICHEL PONT: Effectivement, il faudra trouver le
juste milieu, une adrénaline positive et non une surmotivation
comme les Français l'ont eue en ouverture du Mondial de rugby. Du
reste, je rencontrerai Bernard Laporte (ndlr: ex-coach des Bleus)
pour évoquer cette approche du premier match. En 2007, Köbi a aussi
voulu voir la motivation individuelle des joueurs sans mettre de
pression. Il y a eu de bonnes et de moins bonnes surprises dont il
tiendra compte, bien sûr, dans sa sélection finale des 23.



-En 2007, par la force des choses, l'équipe a souvent évolué
avec un seul attaquant. Qu'en sera-t-il à l'Euro?




MICHEL PONT: : L'équipe joue selon les qualités
du moment. Bien sûr que la blessure de Frei mais aussi l'assise
défensive ont changé la donne. Il y avait par exemple une
complémentarité sur une équipe type avec Vogel, Wicky et Cabanas.
Maintenant, le fait d'évoluer avec un attaquant et demi plus les
deux ailiers très offensifs sur les côtés, on peut aussi
interpréter cela en 4-2-4. C'est plus l'intention qui compte. Tout
dépend de l'esprit et de ce qui se passe derrière
l'attaquant.



TXT. Propos recueillis par Stéphane Altyzer

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Michel Pont express

La première chose que vous faites le matin: je me gicle le visage avec de l'eau glacée au minimum cinq fois.

Votre meilleur souvenir: la naissance de mes enfants. Sportivement, le premier qui me vient en tête est une demie de Coupe de Suisse avec Carouge en 1977

Votre pire souvenir: ma blessure à la cheville en 1977, qui m'a contraint à mettre un terme à ma carrière.

Pour vous, le football c'est: une passion mais c'est aussi un fantastique vecteur de communication.

Si vous n'aviez pas été footballeur: je me serais bien vu interprète, j'adore les langues. Ou physiothérapeute.

Pour vous, le dopage c'est: super (rires). Non, sérieusement, c'est un problème de société.

Votre devise: ne fais pas à quelqu'un d'autre ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse.

Votre idole: je n'en ai pas. Mais j'admire Zidane pour son côté humain, tout comme Pelé. J'adore également Kaka par ce qu'il dégage, sa loyauté.

Votre salaire: je n'ai pas le droit de le dire contractuellement. Mais il tourne entre 50'000 et 150'000 francs.

Michel Pont: "Bien sûr que le poste m'intéresse"

- Par rapport à la succession de Köbi Kuhn, êtes-vous toujours candidat?
MICHEL PONT: Non, je ne suis pas candidat! Aujourd'hui, je n'ai eu aucun contact avec l'ASF et je ne veux surtout pas tirer de plan sur la comète. Mais, évidemment, je ne vais pas vous mentir, le poste de sélectionneur m'intéresse.

- On a tout de même le sentiment que l'ASF ne mise pas sur vous. Déçu?
MICHEL PONT: Ce sont des conclusions de journalistes! Je n'ai pas l'impression que l'ASF a donné un avis sur celui-ci ou celui-là. Moi, je suis totalement neutre dans cette affaire-là.

- On va tout de même se projeter sur l'après-Euro. Est-ce que vous envisagez de faire un break ou de poursuivre vos activités d'entraîneur?
MICHEL PONT: Très sincèrement, je n'en ai aucune idée. Si l'avenir est dans l'équipe de Suisse, je sais par expérience comment cela va se passer. Mais il est évident que je vais rester dans le monde du football. Je veux faire profiter de mon expérience où que ce soit. Mais ce n'est pas le principal de savoir ce qui va se passer le 1er juillet. Mon seul objectif, c'est que d'ici le 7 juin à 17h59, on ait tout mis en oeuvre pour préparer au mieux l'équipe pour ce grand rendez-vous.