A 21 ans, Johan Djourou fait preuve d'une maturité
exceptionnelle. Il n'a beau être "qu'un gamin" sur la carte
d'identité, mais déjà le défenseur d'Arsenal est un grand monsieur.
Jamais un mot de travers, toujours disponible et une attitude
résolument "zen".
Sur la touche depuis janvier en raison d'une blessure? L'Ivoirien
d'origine ne s'affole pas, conscient de ses qualités et que son
heure viendra. Ou reviendra, d'ici à l'Euro 2008, son
objectif.
C'est à quelques heures d'une demi-finale retour de la Ligue des
champions entre Liverpool et Arsenal -il n'avait pas été convoqué-
qu'il s'est confié. En toute franchise, comme à son habitude.
"Cela m'a permis de connaître mon corps"
TXT: - Johan, cela fait plus de 2 mois que
vous n'avez pas joué avec Arsenal. Comment allez-vous?
JOHAN DJOUROU: Ca va beaucoup mieux, merci. En
fait, depuis mon retour de Birmingham, en janvier, j'ai eu une
pubalgie. Et comme cela faisait un moment que cela me gênait, il
fallait laisser du temps à la guérison. Cela m'a permis de
connaître mon corps, de faire un travail sur moi-même.
- Mais l'Euro approche, et vous avez besoin de temps de
jeu...
JOHAN DJOUROU: Mais je viens de jouer trois
matches avec la réserve, et je devrais bientôt réintégrer la 1ère
équipe. Franchement, ça ne m'inquiète pas.
"J'ai dû motiver Arsène Wenger pour qu'il me laisse
partir"
- Vous avez passé les six premiers mois de la saison à
Birmingham. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça a bien
marché (13 matches joués)...
JOHAN DJOUROU: Comme je connaissais déjà quelques
anciens "Gunners", mon intégration a été très rapide et facile.
Mais j'ai dû motiver Arsène Wenger pour qu'il me laisse aller vivre
cette expérience. J'avais besoin de me sentir dans la peau d'un
titulaire indiscutable, un leader. Pour moi, c'était une expérience
incroyable. J'y ai connu 2 entraîneurs (ndlr: Steve Bruce d'abord
puis Alex McLeish), mais j'ai à chaque fois joui d'une grosse
liberté.
- Revenir à Arsenal alors que vous étiez titulaire à
Birmingham, n'était ce pas un pari un peu risqué?
JOHAN DJOUROU: Mon prêt était de 6 mois et je
n'ai donc pas eu mon mot à dire. Arsène Wenger souhaitait me
récupérer car quelques joueurs partaient à la Coupe d'Afrique des
Nations. Il m'a dit: "tu reviens et tu joues". Je ne pouvais que me
montrer confiant.
Pas toujours facile d'être titulaire
- Puis la blessure est
survenue...
JOHAN DJOUROU:
En football, tout va toujours très
vite, et le hasard a fait que je me blesse à ce moment-là. Et
entre-temps, nos Africains sont rentrés de la Coupe d'Afrique...
Avec des gars comme Kolo Touré ou William Gallas, ce n'est pas
toujours facile d'être titulaire, mais il y a tellement de
rencontres qu'il y en a pour tout le monde. La preuve, avec 30
matches, j'ai joué une grosse saison l'an dernier. A Arsenal, tu
dois de toute façon montrer tous les jours de quoi tu es
capable.
- En février, la possible arrivée de Djourou en prêt au FC
Zurich a été évoquée. Alors, rumeur ou pas?
JOHAN DJOUROU:
Il est vrai que j'ai discuté une
fois avec Bernard Challandes (ndlr: coach du FC Zurich) mais il n'a
jamais vraiment été question que j'aille là-bas. Et finalement,
comme je me suis blessé, j'étais mieux à Londres.
Arsène Wenger, un vrai gentleman
- Arsenal, c'est un gros club, mais de l'extérieur, on a
surtout l'impression que c'est une grande famille, avec dans le
rôle du père, un Arsène Wenger très protecteur envers ses
hommes...
JOHAN DJOUROU: Malgré l'énormité de
l'organisation et les ambitions très élevées, c'est vrai que nous
formons une très grande famille. Des physios aux entraîneurs, tout
le monde s'entend à merveille. Pour ce qui est d'Arsène Wenger,
c'est un vrai gentleman, qui sait se faire respecter. C'est tout
simplement l'entraîneur parfait, selon moi. Et dans la détection
des jeunes, il a un flair incroyable et ne se trompe quasi
jamais.
- Et visiblement, il semble vous apprécier puisque vous avez
signé un nouveau contrat de 6 ans en 2006!
JOHAN DJOUROU: Chaque fois qu'il parle de moi,
c'est en bien. Parfois, j'en suis même surpris. Je lui suis très
reconnaissant de m'avoir donné ma chance. A 21 ans seulement, c'est
exceptionnel de pouvoir signer un contrat aussi long avec d'aussi
bonnes conditions.
- Le doublé Championnat-Champions League était encore
envisageable il y a peu. Là, tout semble s'être
envolé...
JOHAN DJOUROU: Nous avons connu un début de
saison exceptionnel. A Arsenal, personne ne s'attendait vraiment à
compter à un moment six points d'avance. Mais nous avions alors
100% de réussite. Il n'était tout simplement pas possible que ça
continue de la sorte. Puis les Manchester United, Liverpool et
Chelsea sont montés en puissance alors que nous, nous avons connu
un passage plus difficile en championnat.
TXT/Propos recueillis par Daniel Burkhalter
Johan Djourou express
La première chose que vous faites au réveil: je prends une bonne douche.
Votre plat préféré: la cuisine africaine en général. Il y a de très bons restaurants spécialisés à Londres, mais c'est la cuisine de ma grand-mère, quand je rentre à Genève, que je préfère.
Votre boisson préférée: l'eau. Je ne bois d'ailleurs que ça.
Si vous n'aviez pas été footballeur: je serais peut-être devenu cuisinier. J'étais assez fort en cuisine à l'école, et en vivant seul (ndlr: ce n'est désormais plus le cas), on apprend à bien se débrouiller.
Votre principale qualité: la gentillesse et la simplicité.
Votre principal défaut: trop gentil!
Votre idole: Michael Jordan. Mais c'est plus un modèle qu'une idole. J'ai vu tous les films qui lui sont consacrés.
Votre salaire: disons que je gagne bien assez pour un gars de 21 ans.
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LE PORTRAIT DU GENEVOIS
Né le 18.01.1987
Taille/poids 1m92/89,5 kg
01.01.08 Arsenal
09.08.07-31.12.07 Birmingham
27.08.03-08.08.07 Arsenal
24.02.96-27.08.03 Et.Carouge
En équipe nationale depuis le 01.03.2006
16 sélections/1 but
"J'adore jouer et avoir le ballon dans mes pieds"
- Et l'équipe de Suisse? Que vous inspire la débâcle face aux Allemands?
JOHAN DJOUROU: Je ne m'y attendais franchement pas du tout. C'était même une surprise de constater une telle différence entre nos deux équipes...
- Cela semble vous inquiéter...
JOHAN DJOUROU: Mais bien sûr que ça m'inquiète. On prend un coup quand on ramasse 4-0! Mais n'oublions pas que tous ces matches n'étaient qu'amicaux. Et qu'on le veuille ou non, c'est dans l'inconscient que ça se passe. Mais dès que l'Euro commencera, on n'aura pas le choix. Il faudra être prêt devant notre public. Sinon... (il soupire).
Plus que quelques semaines
- Vous avez hâte d'y être?
JOHAN DJOUROU: Oui et non. D'un côté, ce sera une expérience exceptionnelle, incroyable, mais de l'autre, il ne reste que quelques semaines pour atteindre un meilleur niveau...
- La concurrence est rude pour une place en défense, en équipe de Suisse. Vous rêvez d'être sélectionné en tant que demi défensif?
JOHAN DJOUROU: (il rit) Je n'ai jamais joué à ce poste avec Köbi Kuhn, mais il est vrai que j'ai cette polyvalence qui peut m'aider. Les coaches connaissent mes qualités.
- Cette place au milieu, elle vous tient vraiment à coeur, non?
JOHAN DJOUROU: J'adore jouer et avoir le ballon dans mes pieds. Et de plus en plus, je me rends compte que j'aime aller vers l'avant. C'est donc beaucoup plus difficile quand tu es défenseur. Quand j'étais petit, j'étais d'ailleurs buteur et ne pensais pas finir derrière.