Le capitaine des "bianconeri", à la Resega depuis 2000, vit
l'une des pires saisons de l'histoire du club. Trois entraîneurs se
sont succédé sur le banc, et une place en playoff est loin d'être
assurée. Titulaire incontestable de l'équipe de Suisse (185
sélections), le double champion national (2003/2006) sera lié avec
Fribourg jusqu'en 2012 dès la fin de la saison. L'attaquant de 31
ans évoque sans détours ses clubs actuel et futur, ainsi que les
Mondiaux au Canada en mai.
TXT: - Revenir un jour dans un club romand,
était-ce un souhait pour vous?
SANDY JEANNIN: Ca fait un petit bout de temps que
j'étais intéressé à un retour en Romandie. La dernière fois que j'y
ai évolué, c'était avec La Chaux-de-Fonds, alors que j'avais 17
ans. Je suis fier d'être Romand et j'ai envie de donner quelque
chose au hockey de cette région, qui compte beaucoup de joueurs
exilés. Et j'ai préféré revenir maintenant, alors que j'ai encore
un bon niveau, plutôt qu'à 36 ans, en fin de carrière. J'ai aussi
décidé de relever ce nouveau défi à Gottéron pour me relancer et me
remettre en question.
- Färjestad s'intéressait aussi à vous. Pourquoi avoir refusé
l'offre?
SANDY JEANNIN: Je n'ai jamais vraiment eu de
contacts sérieux avec les Suédois. Ensuite, Färjestad a changé
d'entraîneur et leur intérêt à mon égard n'a plus fait partie de
leurs priorités. Ca m'aurait intéressé d'évoluer en Suède. Mais je
ne tire pas un trait définitif sur une carrière à l'étranger. Il ne
faut jamais dire jamais. Si une offre sérieuse devait se présenter,
j'y réfléchirais. De toute façon, en rejoignant Fribourg-Gottéron,
j'ai privilégié l'aspect familial plutôt que l'aspect sportif.
"Je ne viendrai pas en vacances à Fribourg"
- Qu'espérez-vous de cette nouvelle expérience à
Fribourg-Gottéron?
SANDY JEANNIN: Gottéron est une équipe en phase
de progrès, qui travaille dans le bon sens. Il règne même une
petite euphorie du côté de St-Léonard. Je ne viendrai pas en
vacances, mais pour obtenir des résultats. Je souhaite qu'on puisse
lutter pour le titre dans 2 à 3 ans. Pas plus tard, vu mon âge
(rires). La clé serait d'engager 2 ou 3 bons étrangers comme base
solide de travail. A l'inverse, Lugano est en perte de vitesse. Ce
club mérite pourtant de rester une organisation de pointe.
- Le licenciement d'Ivano Zanatta en décembre a-t-il précipité
votre départ?
SANDY JEANNIN: Je n'ai pas aimé le mode de faire
de la direction. Les joueurs n'ont pas été consultés. Je suis
capitaine et je n'ai même pas été mis au courant. J'aurais voulu
plus de communication... Zanatta faisait l'unanimité dans le
vestiaire. Il nous accordait beaucoup de confiance. Ca a joué en sa
défaveur. Son limogeage a été un coup dur. J'avais des liens forts
avec lui, c'est lui qui m'a nommé capitaine. J'étais pratiquement
déjà parti avant son éviction, mais celle-ci a été la goutte qui a
fait déborder le vase. J'ai perdu mes dernières illusions.
"Anson Carter n'est peut-être pas très motivé"
- John Slettvoll est-il la solution
aux problèmes de Lugano cette saison?
SANDY JEANNIN: Son but est vraiment d'aider
l'équipe pendant les 3 mois de son mandat. Il a un état d'esprit
positif. Il n'est peut-être plus vraiment dans le coup (ndlr: le
dernier engagement du coach suédois remonte à septembre 2006 à
Bolzano/ITA, durant une semaine), mais il connaît le hockey. Il a
vite vu quel était notre problème. C'est un bon psychologue, il
nous parle beaucoup pour nous redonner confiance. Et avec lui, il
est possible de prendre des risques dans le jeu. Avec Ruhnke, on
n'avait pas autant de liberté.
- Les étrangers du HCL sont-ils les plus faibles de ces
dernières années?
SANDY JEANNIN: Je n'ai pas envie de les
critiquer. Avant le départ de Jukka Hentunen (ndlr: pour Bars
Kazan/RUS) en octobre, le trio formé par lui, Marty Murray et
moi-même occupait les premières places du classement des compteurs.
Landon Wilson a connu des ennuis de santé. Quant à Anson Carter, il
n'est peut-être pas très motivé. C'est l'impression qu'il donne, je
ne saurais pas en expliquer les raisons.
- Où se situera Lugano au classement au soir de la 50e
journée?
SANDY JEANNIN: Bonne question... Nous serons
classés entre le 5e et le 8e rang. Après, tout sera
possible...
TXT. Propos recueillis par Michaël Taillard
Sandy Jeannin express
La première chose que vous faites le matin: je me passe de l'eau fraîche sur le visage.
Votre meilleur souvenir: la naissance de mes deux filles, Erin et Loane.
Votre pire souvenir: l'élimination en 1/4 des playoff contre Kloten en 2007.
Le hockey, c'est: un sport où le collectif prime. Je suis chanceux d'avoir pu faire un métier de mon hobby.
Si vous n'aviez pas été hockeyeur: j'aurais fait carrière dans un autre sport, peut-être le football.
Votre principale qualité: ma fidélité.
Votre principal défaut: j'ai tendance à penser trop aux autres, pas assez à moi.
Votre idole: Wayne Gretzky.
Pour vous, le dopage c'est: de la tricherie.
Votre salaire: Je suis un privilégié.
"Les Mondiaux au Québec? Une expérience incroyable!"
- Un mot sur les Mondiaux au Canada pour finir. Une première et un joli défi.
SANDY JEANNIN: Si j'y participe, ce sera une expérience incroyable. Le Québec (ndlr: où la "Nati" entamera la compétition) est fou de hockey, personne ne va rater cet événement. Ce sera vraiment une fête, contrairement à Moscou en 2007, où il y avait trop de sécurité. Notre groupe, avec la France, la Suède et le Bélarus, ne sera pas facile. Il faudra battre la France d'entrée, c'est ce qui conditionnera tout le tournoi. Je pense qu'on sera désavantagé de jouer sur des patinoires plus petites. Il faudra analyser ça avec ceux qui ont plus l'habitude de ces conditions.