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Erika Hess est notre invitée du lundi

Erika Hess est désormais en charge d'une vingtaine de jeunes.
Erika Hess est désormais en charge d'une vingtaine de jeunes.
A quelques jours des épreuves Coupe du monde dames à Crans-Montana, Erika Hess revient sur sa carrière et sur la razzia suisse lors des Mondiaux de 1987 en Valais.

Deux globes de cristal, six titres de championne du monde, une
médaille de bronze aux JO et 31 victoires en Coupe du monde, le
palmarès d'Erika Hess est l'un des plus fournis du ski suisse. La
Nidwaldienne, qui fêtera ses 46 ans ce jeudi, est restée très
active dans le milieu.



Avec son mari Jacques Reymond, elle est en charge du Riviera Ski
Team (vingtaine de jeunes de 9-15 ans). Elle met en place aussi des
camps de compétition.



A une semaine des épreuves Coupe du monde dames de Crans-Montana,
station dans laquelle les Suisses avaient glané 8 titres sur 10 aux
Mondiaux de 1987!, l'occasion était belle de dialoguer avec Erika
Hess.



TXT: Suivez-vous toujours attentivement les
courses de ski à la télévision?



ERIKA HESS: Quand mon emploi du temps me le
permet, oui. Je peux surtout regarder les courses programmées le
soir. Le week-end, je suis sur les pistes avec les jeunes. Mais il
va de soi que je consulte toujours les résultats.



- Le week-end prochain, la Coupe du monde fait halte à
Crans-Montana. Ca doit vous rappeler pas mal de bons
souvenirs...




ERIKA HESS: Oui, effectivement. C'était une
époque incroyable pour l'équipe de Suisse. C'est un souvenir très
fort pour moi. Ce sont quand même des championnats du monde qui ont
marqué les esprits dans tout le pays.



- N'avez-vous jamais regretté d'avoir mis un terme à votre
carrière à 25 ans après ces CM à Crans-Montana?




ERIKA HESS: Non, jamais. J'ai eu une belle
carrière. Mais à aucun moment je n'aurais voulu revenir sur ma
décision.

"Organiser une course n'est pas bon marché"

- Depuis quelques
années, les épreuves féminines en Suisse se font assez rares,
hormis à St-Moritz. Y a-t-il une explication à cet état de
fait
?



ERIKA HESS:

C'est difficile à dire. Il est vrai
qu'organiser une course aujourd'hui n'est pas bon marché, notamment
au niveau de la sécurité. Si Crans-Montana revient maintenant,
c'est que les organisateurs ont beaucoup investi. Ils ont eu du
courage.



- Depuis votre arrêt de la compétition, vous êtes toujours
restée dans le ski. C'est une véritable passion..
.



ERIKA HESS:

Quand j'ai arrêté, je n'aurais jamais
imaginé que je resterais aussi longtemps active dans le ski! Au
début, avec mon mari, on a organisé des camps de compétition pour
les jeunes de toute la Suisse. Ces manifestations existent
toujours. Après, mes enfants ont tous fait du ski. On a créé un
groupe de compétition, le Riviera Ski Team. Ce groupe s'est agrandi
petit à petit. Au vu de cette situation, je n'ai jamais vraiment eu
l'occasion de quitter ce milieu du ski alpin.

"Une vie pas toujours confortable"

- Durant toutes ces années, n'y a-t-il pas eu des moments où
un certain ras-le-bol s'est installé?




ERIKA HESS: Il est évident que certains jours
sont plus durs que d'autres, comme dans tous les métiers. Tous les
week-ends, c'est réveil à 5h30! On va sur les pistes, on rentre le
soir. C'est une vie pas toujours confortable. Mais si la passion ne
dominait pas, il y a longtemps que j'aurais arrêté.



- Qu'en est-il de la relève dans notre pays. L'avenir est-il
prometteur?




ERIKA HESS: Il y a de très bons éléments, c'est
une certitude. Quand on regarde les Mondiaux juniors, on voit qu'on
est quand même dans le coup. Maintenant, certains jeunes sont dans
des structures sport-études et ça ne va pas trop mal. Pour ceux en
apprentissage, ça devient difficile de concilier les deux. Du coup,
on perd des talents! Mais je reste optimiste pour l'avenir du ski
helvétique. Les bons résultats actuels en Coupe du monde restent
une bonne motivation pour les jeunes.

"On doit rendre le ski attractif"

- Est-il facile de convaincre les jeunes à intégrer des
écoles de ski?




ERIKA HESS: Ils ont beaucoup de possibilités.
Pour cette raison, on doit rendre le ski attractif. Les jeunes
préfèrent le freeride, c'est plus fun. Celui qui veut réussir dans
le ski doit vraiment avoir une grosse volonté!



- Avec l'arrivée des skis "carving" il y a quelques années,
qu'est-ce qui a changé pour les athlètes?




ERIKA HESS: Ce ski amène une facilité de tailler
les courbes. D'un autre côté, les risques de blessures sont plus
élevés. Un athlète doit être physiquement plus au top
qu'auparavant! Une faute maintenant, ça peut engendrer une chute
grave. Avant, c'était un petit dérapage et ça continuait. Chez les
jeunes, c'est vrai que les blessures sont plus graves. Avant
c'était des fractures, aujourd'hui les ligaments sont vite touchés
et la guérison est par conséquent beaucoup plus longue.



- La Suisse a toujours un temps de retard sur l'Autriche, le
classement de la Coupe du monde des nations en atteste. Ce fossé
pourra-t-il être comblé un jour?




ERIKA HESS: On devrait y arriver. Le problème est
qu'en Suisse, le financement provient essentiellement du secteur
privé alors que dans d'autres pays, comme en Autriche, il y a un
soutien massif de l'Etat. Pour avoir des structures plus solides
dans notre pays, l'Etat devrait s'investir beaucoup plus.



TXT. Propos recueillis par Stéphane Altyzer

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Erika Hess express

La première chose que vous faites le matin: j'éteins mon réveil.

Votre meilleur souvenir: la naissance de mes enfants (ndlr: trois garçons). Et sportivement, il y en a beaucoup, ça dépend de l'endroit où je me trouve.

Votre pire souvenir: les JO de Sarajevo en 1984. On attendait beaucoup de moi et je n'ai fait aucune médaille.

Pour vous le ski c'est: ma vie.

Votre devise: être heureux avec ce qu'on a et ne pas regretter ce que l'on n'a pas.

Si vous n'aviez pas été skieuse: j'aurais assez aimé être physiothérapeute. J'ai d'ailleurs un brevet de masseuse.

Pour vous, le dopage c'est: mauvais.

Votre idole: Lise-Marie Morerod, quand j'étais jeune. Aujourd'hui, j'admire Roger Federer qui est LE sportif.

Votre salaire: c'est la santé!

"Lara Gut a plein d'énergie, mais elle ne doit pas aligner les épreuves Coupe du monde et trop en vouloir."

- Depuis quelques semaines, il y a le phénomène Lara Gut en Suisse. Elle arrive en Coupe du monde à 16 ans, c'est un début de carrière similaire au vôtre!
ERIKA HESS: (rires). Effectivement, je suis arrivée en Coupe du monde plus au moins au même âge. Lara a plein d'énergie, mais elle ne doit pas aligner les épreuves Coupe du monde et trop en vouloir. Une course demande, en effet, énormément d'influx. Le risque est qu'à un moment donné le corps et le mental n'arrivent plus à suivre. Il faut qu'elle ait toujours une grosse faim de faire des courses. Swiss-Ski doit la canaliser et lui octroyer des plages de repos.


Premier entraînement annulé
Le premier entraînement de la descente dames de Crans-Montana (08.02) a été déplacé. Il sera disputé jeudi au lieu de mercredi afin de ménager la "Nationale".