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Paul-André Cadieux, le bâtisseur du hockey suisse

Le Canadien a apporté son savoir à 12 clubs de Ligue nationale.
Le Canadien a apporté son savoir à 12 clubs de Ligue nationale.
Paul-André Cadieux a son caractère, sa personnalité, mais il laisse une trace indélébile dans le hockey suisse, et cela à travers quatre décennies. L'Ontarien de 62 ans partage sa passion, ses anecdotes et ses coups de gueule.

Voilà 40 ans que Paul-André Cadieux apporte son savoir au hockey
helvétique. Comme avec les juniors de Neuchâtel actuellement
qu'avec Berne à son arrivée en Suisse, l'Ontarien a la même
recette: pousser ses joueurs à leurs limites.



Ce passionné, très souvent au four et au moulin, a toujours joué
un rôle de bâtisseur dans les 12 clubs de Ligue nationale où il
s'est arrêté. Après trois titres dans la capitale (74, 75 et 77),
l'entraîneur de 62 ans a surtout mijoté plusieurs promotions dans
l'élite. Parfois traité de fou, le Canadien se dépense sans
compter, y compris à l'interview, où il revient sur sa vision du
hockey.

Entraîneur à 23 ans

Une blessure
survenue dès mon premier match avec Berne a été le tournant dans ma
carrière.

Paul-André
Cadieux

tsrsport.ch:


Qu'est-ce qui vous avait fait venir en Europe en
1970?




PAUL-ANDRE CADIEUX:

J'y suis venu chercher de
l'expérience, après avoir fini des études de maître de sport à
l'université d'Ottawa. Et une blessure survenue dès mon premier
match avec Berne a été le tournant dans ma carrière. Je suis alors
devenu entraîneur-joueur à 23 ans, un poste impensable pour mon âge
selon les mentalités de l'époque.



tsrsport.ch:

Comment avez-vous alors réussi à
vous imposer dans cette fonction
?



PAUL-ANDRE CADIEUX:

J'ai été capable de donner
une direction claire au club, qui a fêté son premier titre national
en 1974, 2 années après la promotion. Mais mes idées avaient du mal
à être acceptées, surtout au niveau de l'intensité. Dès que les
gens restaient de plus en plus, j'augmentais alors le volume
d'entraînement. Tout d'abord 2 fois par jour, puis un camp et des
séances spécialisées. J'axais souvent sur le gardien, un poste
déterminant et qui était négligé en préparation. Par la suite, j'ai
aussi dû m'adapter à certains clubs plus amateurs. Par exemple à
Langnau, où je n'avais que 5-6 joueurs le lundi à l'entraînement.
J'en profitais pour mettre en place le power play avec les gars à
disposition. Et c'est grâce aux buts inscrits en supériorité que le
club a pu être promu!

Guidé par les ascensions

tsrsport.ch:

Qu'est-ce
qui a motivé vos choix
?



PAUL-ANDRE CADIEUX:

Ce sont les buts et les
attentes des clubs qui ont fait mon chemin. Ma carrière a été
guidée par les ascensions dans l'élite, notamment à Berne, Davos et
Coire au début. Mais il m'est parfois arrivé de quitter mon poste
alors que j'étais encore sous contrat, quand je voyais que je ne
pouvais plus progresser avec une équipe.



tsrsport.ch:

Vous êtes aussi passé par tous
les postes, comme joueur, entraîneur, manager ou actionnaire. Sauf
gardien..
.



PAUL-ANDRE CADIEUX:

A Fribourg, je me couchais
devant les tirs à l'entraînement. Donc gardien, je connais!
Khomutov me traitait même de fou...

Toujours engagé à 100%

Ma passion m'a joué
de mauvais tours. Je contraste avec les coaches à cravate.

Paul-André Cadieux

tsrsport.ch:

Comment pouvez-vous décrire votre
rôle au sein du hockey helvétique
?



PAUL-ANDRE CADIEUX:

J'ai surtout été un
bâtisseur. Je me suis toujours engagé à 100% pour le bien du club.
Et j'ai essayé de pousser le développement du hockey en Suisse. Ce
n'était parfois pas facile, avec la mentalité conservatrice du
pays, encore aujourd'hui. Ma passion m'a joué de mauvais tours. Je
contraste avec les coaches à cravate.



tsrsport.ch:

Pourriez-vous encore entraîner
un club de LNA aujourd'hui
?



PAUL-ANDRE CADIEUX:

Non, désormais le coach doit
plus gérer l'humain, le comité, la presse,... Et je n'ai plus la
patience. Je reste quelqu'un d'action. J'ai d'ailleurs déjà fait
mes preuves. J'ai été capable de survivre à 4 décennies, dans
lesquels j'ai eu du succès. Je suis fier de mon parcours et
personne ne pourra me l'enlever.



tsrsport.ch:

Avez-vous cependant des
regrets
?



PAUL-ANDRE CADIEUX:

Juste un! Il me manque un
titre avec Fribourg, et cela malgré 3 finales... Je n'ai jamais été
champion au terme des playoff, qui n'existaient pas quand j'ai été
3 fois sacré avec Berne dans les années 1970.

Apprendre tous les jours

tsrsport.ch:


Quelle a été votre recette?



PAUL-ANDRE CADIEUX:

J'ai pu durer car j'ai su
m'adapter. J'ai toujours eu le souci d'apprendre tous les jours. En
règle générale, je n'accepte pas les joueurs qui ne se donnent pas
à 100%. Chacun doit savoir prendre ses responsabilités. J'ai
toujours tout fait pour que mes gars ne cherchent pas d'excuse, ce
qui est assez courant en Suisse. Ainsi, je peux les pousser à leurs
limites, y compris en juniors. Pour moi, quelqu'un qui va sur la
glace doit donner son maximum même s'il n'est pas le meilleur et
même à l'entraînement. A l'étranger, quand un joueur manque une
passe, il revient directement en arrière pour refaire l'exercice.
En Suisse, on se dit: "j'essayerai de faire mieux la prochaine
fois..."



tsrsport.ch:

Quelle est la plus grande
adaptation que vous avez faite durant votre carrière
?



PAUL-ANDRE CADIEUX:

Certes ce sport est devenu de
plus en plus dur, pour preuve les nombreuses commotions. Mais mon
plus grand changement dans le jeu a été la façon de préparer mes
gars pour une rencontre. Grâce aux nombreuses images TV ou
internet, on analyse de plus en plus l'adversaire. Cette évolution
a atteint une énorme importance. Il faut désormais instaurer une
tactique différente pour chaque équipe qu'on affronte. Le rôle des
médias change également beaucoup les données d'un match, en te
mettant une pression supplémentaire.



Propos recueillis par Sébastien Clément

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"On prépare les jeunes pour les faire jouer contre leur force"

tsrsport.ch: En tant qu'entraîneur juniors aujourd'hui, comment jugez-vous le système de formation en Suisse?

PAUL-ANDRE CADIEUX: Il y a un gros problème à la base, où l'on va trop vite: à 17 ans on veut qu'un jeune évolue en 1ère Ligue, à 19 ans en LNA et finalement à 22 ans il ne se retrouve nulle part, perdu dans le système. On prépare des gars pour les faire jouer contre leur force. En NHL, Luca Sbisa a bien été rétrogradé pour son développement! Le mode du championnat est le 2e problème. La LNB et la 1ère Ligue ne sont pas vraiment des ligues de développement. On désire une LNA forte, mais il faudra bien agrémenter les contingents...

tsrsport.ch: Comment faut-il changer le championnat selon vous?

PAUL-ANDRE CADIEUX: Il est vrai que c'est un véritable casse-tête. Pourquoi pas fermer la LNA avec des équipes par régions? Mais quelle équipe choisir au Tessin? Quel club peut représenter le Valais? Ou pourquoi pas ouvrir davantage l'accès à l'élite, en faisant un tour de promotion-relégation entre les 4 derniers de LNA et les 4 premiers de LNB? Au niveau rivalité, cette proposition-ci serait très intéressante.

Genève a une chance d'être champion

tsrsport.ch: Un titre romand est-il possible?

PAUL-ANDRE CADIEUX: Cette saison, il sera dur de battre Berne, pas impressionnant mais terriblement constant. S'il passe Fribourg et s'il n'a pas trop de blessés, Genève a une chance. Aux Vernets, McSorley fait du très bon travail pour faire progresser le club. Le Canadien réussit à atteindre le maximum avec le minimum. Même s'il est freiné au niveau du budget, il choisit très souvent les bons joueurs. A St-Léonard, ce sera difficile, car Gottéron manque de stabilité en défense actuellement. Les Dragons devront être patients. Mais le point le plus important à Fribourg reste l'engouement de cette saison. Il y a toujours eu une fierté cantonale, mais elle est devenue encore plus forte, avec à la clé le plus haut budget de l'histoire du club.

Paul-André Cadieux express

La première chose faite le matin: je vais aux toilettes.

La première impression de la Suisse: je m'y suis senti à l'étroit. Tout était petit, y compris ma première chambre d'hôtel, où je pouvais toucher les 2 parois en tendant les bras... Ensuite, j'ai pu voir la grande beauté du pays.

Votre qualité: je suis un travailleur.

Votre défaut: l'impatience. Je suis trop exigeant, avec des résultats immédiats.

Votre meilleur souvenir: je réponds que c'est toujours la dernière victoire.

Votre pire souvenir: la première fois que j'ai quitté Fribourg, surtout la façon dont les choses ont été faites.

Pourquoi avoir choisi le hockey: j'habitais dans un petit village canadien et il n'y avait que cela à faire...

Si vous n'aviez pas été dans le hockey: je serais dans la recherche biomécanique. Je suis passionné par le mouvement.

Votre devise: la parole enseigne et l'exemple entraîne. Je ne demande pas ce que je ne suis pas capable de faire.

Votre idole: le Québécois Doug Harvey était mon défenseur modèle. Puis comme entraîneur, c'était le Russe Tarasov. C'est pourquoi je porte toujours le bonnet sur la glace à l'entraînement.

Le meilleur joueur suisse: Reto von Arx pour sa volonté et sa détermination.

La retraite: je préfère ne pas en parler. Je suis le plus mal préparé.

Vos prochains rêves: aller visiter l'Australie et voir Federer gagner à Melbourne. Je veux aussi apprendre à mes petits-fils à patiner.

Le dopage: on veut être trop parfait. Le sport et la société sont à la merci de cela. Entre tout ce qu'on nous donne et le dopage, la ligne est très fine.

Votre salaire: 5'000 francs par mois, plus les frais de déplacement. Mais la passion passe avant l'argent.

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Les 12 clubs de Ligue nationale de l'Ontarien

Berne: joueur et entraîneur-joueur
Davos: joueur et entraîneur-joueur
Coire: joueur et entraîneur-joueur
Fribourg: joueur, entraîneur-joueur et coach
Langnau: joueur et coach
Bienne: coach
Genève: joueur, entraîneur-joueur, coach et directeur sportif
Martigny: coach et directeur sportif
Bâle: coach et directeur sportif
Ajoie: coach
La Chaux-de-Fonds: coach
Lausanne: directeur sportif et coach intérim